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Entreprises

Trouver sa balise sur une mer économique houleuse

La rentrée qui approche à grand pas n’annonce rien de bon pour l’économie hexagonale. Dans ce climat d’incertitudes persistant, les chefs d’entreprise pilotent un peu à vue. En Moselle, des outils tentent de les guider dans ce brouillard. Celui articulé par la Chambre de Métiers et de l’Artisanat en est un.

Quel cap économique hexagonal dans un contexte d'économie souffreteuse ?
Quel cap économique hexagonal dans un contexte d'économie souffreteuse ?

Que l’on scrute les indicateurs de l’Insee pour les créations d’entreprises, ceux de la Banque de France s’agissant des défaillances ou ceux de cabinets spécialisés ou encore de l’Observatoire statistique du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce, il n’y a pas de quoi se réjouir. Même être de nature optimiste ne dissimule pas la réalité. À moins de faire preuve de déni. Si la préoccupation estivale est centrée sur les chaleurs plombantes, la rentrée se profile déjà. Elle nous rappellera bien vite que les nuages s’accumulent sur les entreprises hexagonales. Nous risquons ainsi d’atteindre des chiffres proches des 70 000 défaillances à la fin 2025. Si un ralentissement des hausses de procédures collectives est constaté, le rythme des radiations présente un profil inquiétant, nourri en particulier par des radiations en provenance des entreprises défaillantes. On pourrait d’ici quelques mois aboutir à une baisse du stock d’entreprises. En Moselle, le nombre de défaillances sur douze mois affiche en juin un nombre de 758. Soit une hausse sur un an de 15%. Il faut remonter à une dizaine d’années en arrière pour trouver des statistiques aussi mauvaises.

Les abyssaux déficits publics

Avec une croissance tendancielle moyenne du PIB d’au mieux 1% par an d’ici 2030, deux menaces se profilent pour notre pays : l’impossibilité de répondre aux attentes et besoins collectifs (transition écologique, défense nationale, sécurité, services publics, pouvoir d’achat…) faute de ressources suffisantes, la dérive accélérée et incontrôlée du déficit et de la dette publique - qui pourrait atteindre 130% du PIB en 2030 -. Sur cette mer économique démontée, pléthore d’entreprises tanguent. Le supplément de PIB dégagé chaque année par la France est de 30 milliards d’euros alors que les seuls besoins annuels d’investissements supplémentaires sont estimés à plus de 100 milliards d’euros. La politique de l’offre entamée il y a un peu plus de dix ans - baisse des charges, droit du travail, fiscalité du capital - a juste freiné la perte de compétitivité et enrayé la désindustrialisation. En même temps, les déficits publics ont dérivé. Le conflit entre objectifs souhaitables et moyens insuffisants conduits à des débats sans fin et sans issue, à une économie à bout de souffle.

Outils de contrôle

Le scénario d’une forte baisse des dépenses publiques conduirait à une période déflationniste et récessive, avec un écart entre les attentes collectives et les ressources disponibles augmentant. Un éventuel «choc fiscal» aurait des conséquences économiques plus défavorables. L’idée serait de porter le taux de croissance potentiel de 1% à 2% par an ce qui permettrait de doubler le revenu national supplémentaire créé chaque année de 30 à 60 milliards d’euros. Plusieurs leviers à ce titre : renforcer la productivité, mobiliser l’épargne privée, augmenter la quantité de travail - en ajustant la durée moyenne du temps de travail et par un nouveau relèvement de l’âge de départ effectif en retraite -, accélérer les investissements dans la décarbonation, la digitalisation, l’intelligence artificielle. Répondre aux défis budgétaires et aux exigences climatiques et sociales, au bénéfice de tous : un challenge pharaonique qui passe par une réelle volonté de croissance, et le courage qui va avec. Au milieu de ces perspectives, de ces théories économiques, le chef d’entreprise doit veiller sur sa trésorerie comme le lait sur le feu, en pilotant son business par un climat persistant de manque de visibilité. Sur les territoires, les chambres consulaires et les entités gravitant autour de la sphère d’entreprise ont mis des outils en place, à la fois anticipatifs et proactifs. Ainsi, la CMA de Moselle articule un diagnostic où le chef d’entreprise obtient une première analyse de sa situation. Il peut être accompagné pour approfondir son bilan et s’orienter vers les solutions les plus adaptées. Une balise utile en cette période complexe et dont on ne voit pas le bout du tunnel... même s'il existe très certainement.