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Une performance burlesque ouvre un Festival d'Avignon ancré dans l'actualité

Cultures arabes célébrées, programmation résonnant avec l'actualité dont le procès des viols de Mazan, soutien à Boualem Sansal et au peuple palestinien: Le Festival d'Avignon a ouvert samedi sa 79e édition avec une...

Les artistes du Festival Off d'Avignon accrochent des affiches pour promouvoir leurs pièces, à Avignon, le 5 juillet 2016 © BERTRAND LANGLOIS
Les artistes du Festival Off d'Avignon accrochent des affiches pour promouvoir leurs pièces, à Avignon, le 5 juillet 2016 © BERTRAND LANGLOIS

Cultures arabes célébrées, programmation résonnant avec l'actualité dont le procès des viols de Mazan, soutien à Boualem Sansal et au peuple palestinien: Le Festival d'Avignon a ouvert samedi sa 79e édition avec une pièce burlesque qui a clivé le public.

Dans la majestueuse Cour d'honneur du Palais des papes, la chorégraphe capverdienne Marlene Monteiro Freitas a lancé en soirée le coup d'envoi de ce grand rendez-vous international par le spectacle "Nôt", une performance pour huit danseurs et musiciens. 

Farce rappelant l'univers carnavalesque du Cap-Vert cher à cette chorégraphe ? Délire onirique trouvant son inspiration dans les "Mille et une nuits", comme elle l'avait annoncé ? Cette performance déjantée a fait défiler des artistes affublés de masques aux grands yeux, en robes et chaussettes noires, avec tablier blanc, mimant tour à tour des poupées automates ou des bouffons miniatures.

Le tout dans un univers mêlant "Les noces" de Stravinsky, Nick Cave, percussions, coups de sifflets, bruitages et fumigènes. 

Entre sorties prématurées, huées ou au contraire applaudissements, le spectacle a divisé le public de la Cour d'honneur. 

Cette édition est par ailleurs marquée par un message de "solidarité avec le peuple palestinien", dans une tribune signée par 26 artistes invités et le directeur du festival, Tiago Rodrigues, et publiée par le média culturel français Télérama.

"Nous, femmes et hommes du spectacle réunis à Avignon (...) demandons la cessation du massacre de masse en cours ayant déjà tué un nombre effroyable d'enfants. Nous dénonçons la politique destructrice de l'Etat d'Israël", écrivent-ils notamment.

Un texte soutenu par de nombreux directeurs de scènes, comme Emmanuel Demarcy-Mota (Théâtre de la Ville à Paris), Caroline Guiela Nguyen (Théâtre national de Strasbourg) ou Julien Gosselin (Théâtre de l'Odéon à Paris).

Après l'anglais en 2023 et l'espagnol en 2024, la langue et les cultures arabes sont à l'honneur cette année. Dans ce cadre, une quinzaine d'artistes, essentiellement chorégraphes et musiciens, viennent enrichir une édition de 42 spectacles qui fait la part belle à la danse. 

Le directeur a invité les spectateurs à "profiter du beau, de la joie, de la poésie ensemble" et à "ouvrir nos yeux face aux troubles (...), aux injustices et aux inégalités du monde". 

Parmi les moments forts, est prévue le 18 juillet une nuit de lecture d'extraits du procès des viols de Mazan commis sur Gisèle Pelicot, droguée pendant des années par son époux qui la livrait à des inconnus. 

Cette création de Milo Rau devrait avoir un écho particulier, alors que ce procès au retentissement international s'est tenu à Avignon entre septembre et décembre 2024. 

Une lecture de textes de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis plus de sept mois en Algérie et condamné à cinq ans de prison pour "atteinte à l'unité nationale", aura elle lieu le 9 juillet. 

L'auteur de 80 ans est "emprisonné pour ses idées", ce qui est "inacceptable", a commenté Tiago Rodrigues sur France Culture.

Cultures en lutte

Fondé en 1947 par Jean Vilar, le plus célèbre festival de théâtre au monde, avec celui d'Edimbourg, transforme chaque année en juillet la Cité des papes en ville-théâtre. 

A côté du "In", démarre, en même temps cette année, le "Off", plus grand marché du spectacle vivant en France, avec quelque 1.700 spectacles. 

Mais le théâtre est célébré alors qu'il traverse un moment difficile en France, la culture étant touchée par de multiples coupes budgétaires. 

La CGT spectacle, premier syndicat du secteur qui réclame depuis fin juin la "démission" de la ministre de la Culture Rachida Dati, a appelé "à refuser de jouer si la ministre ou un autre membre du gouvernement Bayrou s'affichait".

"Puisqu'elle nous prive de culture, privons-là de tout!", a lancé Maxime Séchaud, secrétaire général adjoint CGT spectacle, lors d'un rassemblement qui a réuni brièvement plusieurs dizaines de personnes devant la mairie, en fin d'après-midi, derrière une banderole "cultures en lutte".

La ministre n'a pas annoncé sa venue en Avignon.

Tiago Rodrigues a aussi appelé à "défendre le service public de la culture", "trésor" de la France.

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