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Une pyramide de chaussures contre le retour en force des mines antipersonnel

Des enfants lancent leurs baskets usagées sur une place de Lyon: pour le 30e anniversaire de sa pyramide de chaussures, Handicap international (HI) s'alarme du retour en force des mines antipersonnel dans...

Un enfant jette une paire de chaussures à l'occasion du 30e anniversaire de la pyramide de chaussures de Handicap international (HI), le 27 septembre 2025 à Lyon © JEFF PACHOUD
Un enfant jette une paire de chaussures à l'occasion du 30e anniversaire de la pyramide de chaussures de Handicap international (HI), le 27 septembre 2025 à Lyon © JEFF PACHOUD

Des enfants lancent leurs baskets usagées sur une place de Lyon: pour le 30e anniversaire de sa pyramide de chaussures, Handicap international (HI) s'alarme du retour en force des mines antipersonnel dans le monde, notamment aux portes de l'Europe.

En 1995, l'ONG lyonnaise devenue l'un des promoteurs majeurs du déminage et des prothèses sur les théâtres de conflits, lançait à Lyon, Paris, Marseille et Strasbourg sa pyramide de chaussures. 

Pour sensibiliser les opinions à ces petits engins explosifs incapables d'arrêter une armée et ses chars mais tuant ou mutilant atrocement: "plus de 85% des victimes sont des civils avec une énorme proportion d'enfants", résume Sabrina Montanvert, responsable de la communication de HI, devant des parcours éducatifs où grands et petits suivent attentivement un spécialiste simulant le déminage de plusieurs types d'engins.

Deux ans après les premières pyramides, en 1997, le traité d'Ottawa interdisant les mines antipersonnel était signé puis progressivement ratifié par 165 pays sur les 193 que compte l'ONU. Sauf les Etats-Unis, la Chine, la Russie, entre autres. La même année, la coalition International Campaign to Ban Landmines (ICBL), dont faisait partie HI, a reçu le Prix Nobel de la Paix.

Vendredi et samedi, la pyramide de chaussures lyonnaise était entourée d'une dizaine d'ateliers. Comme la reconstitution d'un centre de réadaptation de HI en Afghanistan avec son kiné, son orthoprothésiste, son ergothérapeute, son psychologue et son parcours de réapprentissage à marcher.

"C'est pas bien les mines, il faut les enlever quand ils ont fini la guerre", lâche Mady, 9 ans, en franchissant difficilement des obstacles un genou replié sur une prothèse.

"Ces mines continuent de tuer des décennies après les conflits", déplore Elliot de Faramond, responsable Plaidoyer, Désarmement et Crises à Handicap international. 

L'ONG a fourni 400.000 prothèses ces cinq dernières années et aidé 371.315 personnes à se réadapter à la vie courante, proclame un panneau. 

Mais pour ce 30e anniversaire des pyramides, employés et bénévoles font grise mine: six pays d'Europe frontaliers ou proches de la Russie viennent de se retirer ou ont annoncé leur retrait du traité d'Ottawa, trois ans et demi après le début de l'invasion russe de l'Ukraine: Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Ukraine.

Moscou et Kiev en déploient massivement sur leur front. "Ottawa est en danger, on pensait ce combat contre les mines antipersonnel derrière nous mais même la Pologne a annoncé son intention d'en produire un million", se désespère Sabrina Montanvert.

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