Une trottinette électrique à l'origine de l'incendie mortel à Reims
L'incendie ayant fait quatre morts dans la nuit de jeudi à vendredi dans un immeuble HLM à Reims a été causé par une trottinette électrique, qui a pris feu dans un appartement, a annoncé...

L'incendie ayant fait quatre morts dans la nuit de jeudi à vendredi dans un immeuble HLM à Reims a été causé par une trottinette électrique, qui a pris feu dans un appartement, a annoncé samedi le procureur de Reims François Schneider.
"Les incendies qui sont provoqués par ce type de batteries (...) sont extrêmement difficiles à éteindre, puisque les cellules ont tendance à s'auto-entretenir lorsqu'elles brûlent, ce qui explique la violence et la rapidité de propagation de l'incendie", a expliqué M. Schneider lors d'un point de presse.
"C'est manifestement strictement accidentel", a-t-il insisté.
Le feu s'est déclenché dans un appartement au quatrième étage de cet immeuble de dix étages, situé dans le quartier Croix-Rouge de Reims. Cet appartement était occupé cette nuit-là par un homme de 34 ans et deux adolescents de 13 et 15 ans, dont il était le beau-père.
"Le jeune homme de 13 ans aurait appelé sa mère", qui était partie pour quelques jours en Guyane, "pour lui dire qu'il y avait un incendie dans l'appartement et qu'il avait demandé à sa voisine d'appeler les pompiers", ce que cette voisine a confirmé par la suite aux enquêteurs, selon le procureur.
Le même adolescent avait aussi dit à cette voisine que la trottinette électrique avait pris feu, "ce que l'expertise a confirmé".
Ce garçon de 13 ans est mort après s'être défenestré du 4e étage pour échapper aux flammes. Un corps calciné retrouvé dans l'appartement est "vraisemblablement" celui de son frère aîné, tandis que leur beau-père, grièvement brûlé, a survécu.
"On a fini par comprendre que le beau-père avait également sauté" du 4e étage, sans se blesser gravement dans sa chute. Il serait alors "remonté dans l'appartement et c'est à ce moment-là qu'il aurait été brûlé essentiellement au visage", a poursuivi M. Schneider.
Une scène de guerre
Les deux autres victimes du sinistre sont une femme de 87 ans et son fils de 59 ans, qui résidaient dans des étages supérieurs et qui sont décédés par asphyxie.
Une autre personne a été gravement blessée, "retrouvée brûlée et intoxiquée", et il y a au total 26 blessés légers à cause essentiellement des émanations de fumée, a dénombré le procureur.
Le feu qui s'est déclenché après minuit a été d'une "extrême violence", n'ayant pu être éteint qu'aux alentours de 3H45, a souligné M. Schneider.
"Les premiers intervenants ont décrit littéralement une scène de guerre, puisque les habitants de l'immeuble fuyaient en désordre les lieux", ce qui était compréhensible mais "ce qui a rendu aussi extrêmement complexe la détermination précise du nombre de victimes et la compréhension même du déroulement des faits", a ajouté le procureur.
Les secours ont ainsi cru pendant plusieurs heures à la présence d'un "nombre encore plus grand" de victimes et notamment "à la disparition d'un enfant", a-t-il rappelé.
En réalité, cet enfant, une fille de la famille d'origine guyanaise qui vivait dans l'appartement d'où le feu est parti, se trouvait à ce moment-là avec sa mère en Guyane.
"Ce qui explique qu'on ait pensé, au vu de la composition de la fratrie, qu'il pouvait y avoir une jeune fille qui avait également disparu", a expliqué M. Schneider.
Ça m'inquiète beaucoup
Interrogé par les journalistes sur la salubrité et les normes de sécurité dans cette tour HLM, le procureur a répondu qu'il s'agissait "a priori" d'un immeuble "bien tenu" et "qui ne posait pas de difficultés".
Alors que certains témoins ont dit avoir entendu des explosions durant l'incendie, le magistrat a estimé qu'il pouvait s'agir d'explosions de vitres. "Ça peut être beaucoup de choses, je n'ai pas d'éléments là-dessus".
A Croix-Rouge, quelques bouquets de fleurs en hommage aux victimes reposaient discrètement entre des barrières et grilles bloquant l'accès à l'immeuble sinistré, a constaté samedi l'AFP sur place.
Des habitants du quartier craignent désormais que d'autres accidents similaires ne se produisent.
"Les jeunes trafiquent les trottinettes, ils essayent de les réparer entre eux" avec des pièces usagées, "ça peut être aussi une cause pour le feu", pense ainsi Alisea Fontenil, une témoin de l'incendie.
"Ça m'inquiète beaucoup parce que les enfants ils ne savent rien, ils savent brancher et c'est tout", estime aussi Naceur Benadela, 69 ans, une figure associative du quartier.
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