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Valorisation et gouvernance: la méga-fusion Airbus, Thales et Leonardo entre dans la phase décisive

Les discussions sur la méga-fusion entre les champions européens de satellites Airbus, Thales et Leonardo sont dans la phase de "discussions détaillées" portant sur la valorisation des acteurs et les modèles de gouvernance, a déclaré lundi à l'AFP Alain Fauré, patron de Space Systems...

Airbis Defense and SPace présente son satellite Biomass à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 11 février 2025 © Lionel BONAVENTURE
Airbis Defense and SPace présente son satellite Biomass à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 11 février 2025 © Lionel BONAVENTURE

Les discussions sur la méga-fusion entre les champions européens de satellites Airbus, Thales et Leonardo sont dans la phase de "discussions détaillées" portant sur la valorisation des acteurs et les modèles de gouvernance, a déclaré lundi à l'AFP Alain Fauré, patron de Space Systems, activités spatiales de la branche Defence and Space d'Airbus.

"On fait des analyses détaillées pour voir la création de valeur par cette entité (...) On regarde également les modèles de gouvernance, parce qu'on veut faire une entreprise compétitive. Et on regarde la valorisation des différents acteurs", a dit Alain Fauré dans un entretien à l'AFP dans le cadre de la WSBW, semaine internationale annuelle de l'industrie spatiale à Paris.

"On est dans une phase de +due diligence+", a-t-il précisé évoquant ce terme juridique et financier qui désigne le processus de vérification et d’analyse approfondie réalisé avant de finaliser une fusion (valorisation des entreprises, synergies potentielles, risques financiers...).

Un accord d'ici la fin de l'année dont a parlé Michael Schoellhorn, directeur général d'Airbus Defence and Space, dans une interview dimanche au quotidien italien Corriere della Sera, "serait un Memorandum of Understanding (MoU, protocole d'accord) qui définirait les principales bases", a-t-il indiqué.

"On ne maîtrise pas tout dans le calendrier, parce que cela va dépendre des questions que l'on va recevoir" notamment de la Commission européenne, a-t-il poursuivi. 

Si un MoU est signé, le processus de finalisation d'un accord contraignant pourrait prendre entre "18 mois et deux ans", a dit à l'AFP un industriel européen connaisseur du dossier. 

Ce processus inclura "des discussions avec les partenaires sociaux ou sur les règles de concurrence avec la Commission européenne et d'autres acteurs", selon cette source.

Certain optimisme

Si les discussions sur la gouvernance ont bien avancé, "il y a des doutes concernant la valorisation puisqu'il s'agit de trois compagnies avec des actifs différents. En fonction de la répartition qui se fera dans cette +joint venture+ (co-entreprise), il y aura peut-être des compensations financières pour certains vers d'autres", estime l'industriel.

Même si les valorisations sont en cours, Airbus pèse plus que Leonardo, qui pourrait payer une compensation pour avoir une part plus importante de capital dans la future co-entreprise, selon des sources. 

Quant à la position de la Commission européenne, "on a un certain optimisme" concernant ce projet de fusion censé créer "des synergies et de créer de la valeur", souligne Alain Fauré. 

"L'Europe a compris dans quelle situation se trouvait le spatial avec les besoins de souveraineté", déclare-t-il.

"Je ne peux pas parler pour la Commission européenne", qui va devoir se pencher sur le dossier sous l'angle antitrust, "on a commencé à discuter. Mais on n'est pas dans les discussions finales, détaillées avec la Commission européenne. Donc on verra", nuance-t-il.

Pour l'industrie spatiale européenne, cette fusion apporterait "plus de volume, plus de solidité, une diversité sur les différents pays et donc un effet d'échelle" face à la concurrence agressive de SpaceX d'Elon Musk et des Chinois, souligne Alain Fauré.

Mutualiser les frais de recherche et développement pourrait également être bénéfique dans une Europe où "les projets sont fragmentés et on peut être amené à développer les mêmes choses", conclut-il.

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