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Voyages enchanteurs au Tourcoing Jazz Festival

Du 11 au 18 octobre, le Tourcoing Jazz Festival propose un programme éclectique, jubilatoire et généreux pour découvrir toutes les facettes actuelles du jazz et des musiques du monde. Brève sélection d'une édition 2025 qui devrait ensoleiller notre automne musical.

Dee Dee Bridgewater © Niccolo Bruna
Dee Dee Bridgewater © Niccolo Bruna

Icône du jazz vocal, Dee Dee Bridgewater ne cesse de se renouveler, explorant depuis quelques années un nouveau registre, celui du blues. À la recherche de ses origines, africaines d’abord, elle se rend au Sénégal et au Mali, puis à Memphis où elle a vécu ses premières années. À chaque fois, elle s’inspire de son propre parcours pour parler de thèmes universels : la quête d’identité, le déracinement, les luttes sociales. En 1960, le batteur Max Roach et la chanteuse Abbey Lincoln lançaient We Insist!, un cri artistique en soutien au mouvement des Droits Civiques. Aujourd’hui, Dee Dee Bridgewater prolonge ce combat avec son nouveau projet We Exist! Entourée de Carmen Staaf au piano, Rosa Brunello à la contrebasse et Evita Polidoro à la batterie, elle revisite un répertoire brûlant de signification politique, à l'image du bouleversant «Mississippi Goddam» de Nina Simone (14 octobre). 

Figure majeure de la nouvelle scène jazz londonienne, la trompettiste et compositrice britannique, Yazz Ahmed a publié en mars dernier son quatrième album studio, A Paradise in the Hold, qui s’inspire des chants mélancoliques des pêcheurs de perles de Bahreïn et des rythmes festifs des cercles de tambours féminins. Elle brouille ainsi les frontières entre jazz contemporain, musiques électroniques et les sonorités de son héritage arabe. En duo avec le vibraphoniste Ralph Wyld, Yazz Ahmed nous invite à un voyage entre les rivages du Golfe Persique et les clubs londoniens dans un tourbillon sonore hypnotique et intimiste (13 octobre). 

Pianiste, chanteuse et compositrice, Macha Gharibian mêle depuis ses débuts ses racines arméniennes, son héritage parisien et ses influences new-yorkaises. Paru en janvier dernier, Phenomenal Women oscille entre célébration, transe et blues tendre. Entourée sur l’album du batteur belge Dré Pallemaerts et du bassiste Sylvain Ruby, Macha Gharibian opte au Tourcoing Jazz pour une version en trio, totalement épurée et 100% féminine avec deux magnifiques voix à ses côtés : Lea Maria Fries et Linda Oláh. Soit un voyage musical célébrant le métissage des cultures et la puissance féminine (11 octobre). 

Chanteuse, auteure et compositrice authentique et généreuse, Sandra Nkaké a créé un univers qu’elle n'a cessé de réinventer au fil de ses quatre albums solo. Son nouveau projet, [ELLES], imaginé uniquement pour la scène, réunit Paul Colomb (violoncelle) et Jî Drû (flûte traversière) et rend hommage aux femmes artistes qui ont marqué le parcours de Sandra Nkaké. Le répertoire, exclusivement composé de chansons écrites par des femmes – de Joni Mitchell à Nina Simone, en passant par Björk – tisse un fil entre les générations, les émotions et les luttes. Soit un hymne à la douceur et à la sororité, à découvrir sur la scène du Magic Mirrors (17 octobre). 

La nouvelle sensation du jazz vocal

À 25 ans, Tyreek McDole, chanteur haïtiano-américain originaire de Floride, fait sensation sur la scène jazz new-yorkaise. En novembre 2023, il remporte le premier prix du Sarah Vaughan International Jazz Vocal Competition, devenant seulement le deuxième chanteur masculin à inscrire son nom au palmarès de ce concours. Avec son premier opus sorti en juin dernier, Open Up Your Senses, il puise dans le répertoire du jazz spirituel pour mieux y injecter sa sensibilité et explorer des thématiques sociales et intimes. Entouré du pianiste-arrangeur Caelan Cardello et du saxophoniste Dylan Band, il signe un disque à la fois ancré et audacieux, qui dessine les contours d’une nouvelle génération du jazz vocal. Avec une voix à la fois puissante et subtile, Tyreek McDole impose un style à découvrir sur scène (15 octobre). 

Tyreek McDole

Pianiste inclassable originaire de Minorque, Marco Mezquida bouscule les frontières musicales avec une liberté rare, voyageant entre jazz, flamenco, classique, pop ou musiques contemporaines. Dédié à son fils, Letter to Milos est le troisième album de son trio formé avec Martin Meléndez au violoncelle et Aleix Tobias aux percussions. Une formation singulière, où l’énergie du jazz croise les textures méditerranéennes et les couleurs latines, le tout magnifié par un lyrisme coloré et une virtuosité jubilatoire. Un concert qui promet d’être intense, chaleureux et généreux, à l’image de cet artiste à l’univers foisonnant (16 octobre).

Programme et réservations sur www.tourcoing-jazz-festival.com

Coup de cœur

Vingt ans après leur première collaboration, le chanteur italo-britannique Piers Faccini et le maître malien de la kora Ballaké Sissoko unissent à nouveau leurs voix et leurs cordes sur l'album Our Calling, ode sonore et narrative à la migration sous toutes ses formes. Soit un dialogue acoustique d’une grande finesse, entre folk, musique mandingue et influences méditerranéennes où la chanson épouse les modes et les structures mandingues, avec une justesse bouleversante. Sur scène, la voix douce et habitée de Faccini se mêle aux volutes de la kora de Sissoko, portées par la complicité de deux artistes qui laissent l’espace à l’autre. Une ode à la rencontre, à l’amitié et au vivant dans l’écrin intimiste du Magic Mirrors (16 octobre).

Ballake Sissoko & Piers Faccini © Sandra Mehl