Sauvegarder l'article
Identifiez vous, pour sauvegarder ce article et le consulter plus tard !

À Dijon, des journalistes en herbe au collège

Pour aider les collégiens à mieux appréhender les informations dont les réseaux sociaux les abreuvent, la préfecture de Bourgogne-Franche-Comté a initié la création d’un serious game. Avec Carte de presse, les jeunes se mettent dans la peau d’un journaliste. Reportage à Dijon.

Célio, comme d’autres collégiens, a testé le jeu pédagogique Carte de presse afin de confronter son esprit critique. © Aletheia Press / Nadège Hubert
Célio, comme d’autres collégiens, a testé le jeu pédagogique Carte de presse afin de confronter son esprit critique. © Aletheia Press / Nadège Hubert

Se mettre dans la peau d'un journaliste, c'est ce qui a été proposé, à des collégiens dijonnais en ce début d'année scolaire. Pour cela, ils ont joué au serious game pédagogique "Carte de presse" initié par la préfecture de Bourgogne-Franche-Comté. Quatre scénarios sont proposés : l’éthique des influenceurs, l’immigration, le harcèlement à l’école et l’écologie. Imaginé par la commission départementale Valeurs de la République et laïcité, ce jeu vise à sensibiliser les collégiens aux enjeux de l’information et des médias.

"Nous avons voulu concevoir un outil pragmatique et opérationnel pour les jeunes de 13 à 16 ans afin de lutter contre la désinformation. Les jeunes consomment massivement des réseaux sociaux au quotidien, ces mêmes réseaux dont certains se servent pour déverser des contenus faux, haineux ou idéologiques", précise Aurélie Contrecivile, directrice de cabinet du préfet. De son côté, David Muller, directeur académique des services de l’Education nationale, complète : "C’est un enjeu essentiel de la construction de la citoyenneté. Une des missions de l’école de la République est de former des esprits critiques à ne pas accepter un fait sans en avoir reconnu la véracité."

Faire les bons choix

Les services de l’Etat ont souhaité créer un jeu pédagogique pour sensibiliser les collégiens à la désinformation. © Aletheia Press / Nadège Hubert

Concrètement, seul mais de préférence accompagné d’un enseignant ou d’un adulte, le collégien se connecte gratuitement sur le site internet ouvert à tous, www.carte-de-presse.fr, choisit son pseudo et son avatar avant de sélectionner le scénario qui aura sa préférence. Construit en collaboration avec l’association dijonnaise Magna Vox, spécialiste de la création de contenus éditoriaux et artistiques, et Da Viking Code, spécialiste dijonnais du développement de serious game et de la création graphique, le jeu Carte de presse se veut le plus réaliste possible.

Le principe est de traverser un scénario en faisant des choix qui auront un impact sur quatre jauges : la popularité, la crédibilité, les finances et l’agitation ambiante. Les jeunes sont amenés à s’interroger sur la pertinence de partager une rumeur ou d’encourager une théorie du complot. "À la fin du scénario, le joueur doit répondre à quatre ou cinq quizz pour que le professeur évalue les notions assimilées et qu’il juge s’il faut revoir certains points", explique Martin Caye, coscénariste et membre de Magna Vox. Un chronomètre accentue la dimension jeu tout en obligeant l’utilisateur à réagir vite, encore plus vite quand l’agitation monte.

Les premiers concernés

Déjà, le site enregistre 2 500 utilisations individuelles. Mais "Un professeur qui joue avec sa classe ne compte que pour un utilisateur", précise Martin Caye. Du côté des jeunes, Carte de presse semble remplir sa mission. "On voit que selon les sujets, ça peut agiter la ville. Il y a aussi un risque pour le journaliste de se mettre les gens à dos. Avec le jeu, on a l’impression d’être un journaliste, on ressent la pression du temps et des jauges", commente Célio qui vient de s’essayer à plusieurs scénarios.

Pour Aletetheia Press, Nadège Hubert