A Dijon, La Mecque des motos anciennes et ses 30.000 pèlerins
"On est là pour la sauvegarde d'un patrimoine": comme chaque année depuis des décennies, quelque 30.000 passionnés se sont retrouvés pour un week-end près de Dijon, "comme en famille", pour le plus...

"On est là pour la sauvegarde d'un patrimoine": comme chaque année depuis des décennies, quelque 30.000 passionnés se sont retrouvés pour un week-end près de Dijon, "comme en famille", pour le plus grand rassemblement de motos anciennes en Europe.
Sur les champs aménagés en parkings autour du circuit de Dijon-Prenois, des milliers de motos s'alignent jusqu'à l'horizon, briquées par leurs fiers propriétaires comme pour aller à la grand-messe. Sous les arbres alentours, certains ont planté leur tente. D'autres ont stationné leur camping-car là où ils pouvaient, dans un joyeux chaos à la Woodstock.
"On a environ 30.000 visiteurs en un week-end", explique à l'AFP Lilian Martorell, 54 ans, directeur du développement des éditions LVA, organisatrice de la 31e édition des Coupes Moto Légende. Anglais, Allemands, Belges... "Toute l'Europe est présente", se réjouit-il.
Mark Haughey, lui, est venu de Watford, dans la banlieue nord de Londres, avec un petit bijou de mécanique, dont il tapote tendrement le très basique siège de cuir à gros ressorts: une mythique Norton 500, "de 1928!".
Mark, 65 ans, compte parmi le gros millier de participants qui amènent leur moto "vintage" pour leur faire faire quelques tours de roue. "Il faut les utiliser. Pas seulement les admirer, il faut les faire rouler", assure l'Anglais, venu avec une dizaine d'amis "pour la sixième fois ici". "Je conduis des motos depuis que je suis haut comme ça. C'est que du plaisir".
De vénérables ancêtres défilent ainsi sur le goudron dijonnais, parfois cahin-caha, comme la plus vieille d'entre-elles, une Harley datant de 1905. Mais ici, "il n'y a pas de compétition, prévient Lilian Martorell, que des démonstrations, du plaisir avant tout".
Le souvenir des pionniers
"On vient pour l'ambiance. C'est vraiment festif", confirme Alexis, jeune père de famille motard, assis sur l'herbe face au circuit avec son épouse Morgane et ses deux enfants, Céleste et Anatole.
"Des motos comme ça, on n'en voit pas tous les jours", apprécie-t-il en contemplant avec des yeux d'enfants des bécanes légendaires descendre les lacets goudronnés.
Parmi les plus regardées figurent les fameuses motos de course de "Gérald", comme tout le paddock appelle Gérald Armand, un collectionneur de 69 ans qui a fait de sa passion un métier.
"J'achète des motos authentiques pour garder le souvenir de cette période des pionniers. Pas pour le côté financier. Ca, je m'en contrefiche. Pour moi, une moto a une âme. Mon but est de préserver le patrimoine", explique Gérald.
Le passionné est venu avec une dizaine de ses motos qui comptent parmi les plus titrées au monde, comme la Yamaha 750 sur laquelle Patrick Pons est devenu, en 1979, le premier Français champion du monde dans un sport mécanique. "J'ai eu à peu près 1.000 motos qui me sont passées entre les mains. Il m'en reste 50 actuellement".
"C'est un patrimoine vivant qu'il faut entretenir", confirme Lilian Martorell. Durant deux jours, les tours de piste vont ainsi se succéder, des "Messieurs Tout-le-Monde" roulant aux côtés de stars comme "le roi Ago", Giacomo Agostini, 82 ans, légende des circuits avec 15 titres de champion du monde.
Parmi les pétarades de gros mono-cylindres, et les effluves d'huile de ricin - le meilleur des lubrifiants comme le sait tout vrai connaisseur -, des milliers de fans se retrouvent ainsi dans un esprit bon enfant.
On déplie la table de camping sur un coin d'herbe ou un bout de goudron, on met les merguez sur le barbecue et on retrouve les copains de l'an dernier.
"C'est comme une famille. Une grande", explique Walter Schwerz, venu d'Eschweiler, près d'Aix-la-Chapelle. "Je viens depuis dix ans", se remémore-t-il en caressant sa Bimota Meccanica, très célèbre moto de course.
"On retrouve les amis", dit-il. "J'aime ce sentiment d'être tous ensemble"
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