À Nouvion-le-Comte, Masy leader du marché des pièges à souris
L'entreprise Masy à
Nouvion-le-Comte, près de Laon, perpétue depuis 100 ans un
savoir-faire unique. Cette PME familiale dirigée par la 5e
génération de la famille, fabrique des tapettes à rats et à
souris et autres pièges, sous la marque Lucifer. Elle produit et
vend entre 2,5 et 3 millions de tapettes à l'année.
La production de cette entreprise, cachée dans la campagne laonnoise, peut paraître désuète à première vue. Et pourtant, le business des tapettes à souris et à rats, un segment sur lequel elle n'a que très peu de concurrents en Europe, se porte à merveille, merci pour elle. Cette PME familiale fête cette année ses 100 ans, elle est en effet née en 1925 avec le fondateur Paul Masy qui installe cette fabrication de pièges. «Il souhaitait s'installer entre la Belgique et Villers-Cotterêts, afin d'être à proximité de son fournisseur de bois et ici, la présence de bâtiments existants a permis l'installation de l'usine», raconte Alexis Masy, co-dirigeant de l'entreprise aujourd'hui et représentant de la 5e génération. Dans l'usine en question, certaines machines des années 1940 dont la fiabilité n'est pas remise en cause, tournent et aspirent de grandes bobines de fils d'acier recouverts de cuivre qui servent à fabriquer les ressorts des tapettes qui sont 100% françaises.
Une PME familiale au savoir-faire unique
Ces pièges à rats et à souris sont commercialisés sous la marque Lucifer, dont «nul ne saurait en expliquer l'origine avec certitude, ce mystère fait partie intégrante de l'histoire de l'entreprise et contribue à sa singularité», raconte le co-dirigeant. Avec son oncle Gilles, Alexis qui a auparavant travaillé dans une usine de traitement de l'eau, a succédé à son père, parti à la retraite l'an dernier. Il perpétue ainsi le savoir-faire unique de l'entreprise qui emploie au total 25 personnes mais fait aussi travailler une soixantaine de personnes des Esat (Établissement et service d'accompagnement par le travail) de La Fère, Origny, Chauny et Condren.
Les femmes historiquement et c'est encore le cas aujourd'hui, sont employées pour fabriquer les tapettes où leur dextérité et précision pour manier les ressorts, font merveille. Ainsi, 2,5 à 3 millions de tapettes sont produites à l'année et chacune des employées peut produire jusqu'à 1 500 tapettes à l'heure. Les hommes fabriquent eux plutôt les nasses à rats, renard ou lapin... Ici, la production se fait sur quatre jours à la semaine et uniquement de jour, quand l'expédition travaille elle cinq jours par semaine pour fournir les 5 500 clients français de l'entreprise.
Diversification vers les garde-manger
L'entreprise qui compte aujourd'hui 500 références différentes, vend ses produits en France donc mais aussi au Benelux et en Grande-Bretagne, pour les particuliers, les jardineries ou encore les professionnels. «Dans un magasin, on peut trouver nos tapettes dans trois rayons : bricolage, jardin, et produits ménagers, souligne Gilles Masy, co-dirigeant. Sortie d'ici, une tapette coûte moins de 20 centimes mais va être revendue dans les magasins à un prix compris entre un à trois euros. C'est un produit dont les gens ont besoin régulièrement et souvent urgemment». L'entreprise n'a qu'un seul autre concurrent en Europe dans ce domaine précis.
Masy a également une activité de négoce sur d'autres produits qu'elle importe comme les répulsifs chimiques ou les produits à ultrasons pour les taupes. Mais elle sait évoluer avec son temps puisqu'elle conçoit et fabrique des garde-mangers et autres légumiers. Un modèle élégant en bois est aussi conçu pour conserver des fromages. «C'est un plaisir de voir une entreprise comme celle-ci qui traite bien ses salariés, qui a son savoir-faire et qui sait évoluer vers d'autres produits», souligne Fanny Anor, venue visiter l'entreprise le 18 décembre. Masy et Lucifer n'ont pas fini d'envoyer au diable les rats et les souris...