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À Wimille, un parc solaire citoyen au sol voit le jour

Un parc solaire citoyen démontre qu’une autre manière de produire l’énergie est possible. Porté par des bénévoles-actionnaires et soutenu par le fournisseur coopératif d’énergie Enercoop, ce projet combine production locale, épargne citoyenne et préservation de la biodiversité.

Les panneaux solaires citoyens bientôt opérationnels sur ce demi-hectare de terrain à Wimille. ©SAS ECO
Les panneaux solaires citoyens bientôt opérationnels sur ce demi-hectare de terrain à Wimille. ©SAS ECO

C’est une première dans les Hauts-de-France : un parc solaire au sol pensé et financé par des habitants. Sur 5 000 m² en bordure de voie ferrée, 512 panneaux photovoltaïques vont produire entre 330 et 348 MWh par an à partir d'octobre. C'est la consommation annuelle d’une centaine de foyers. L’électricité sera vendue à Enercoop via un contrat de 30 ans tandis que la mise en service est prévue début octobre. «Ici, les citoyens ne sont pas de simples prêteurs : ils créent une société et en assurent la gouvernance complète», explique François Mulet, administrateur de la SAS Énergie Citoyenne d’Opale.

Derrière ce projet, une ambition citoyenne cherche à se réapproprier la production d’énergie et créer une dynamique d’épargne collective. La gouvernance de la société coopérative repose sur trois collèges : les citoyens (50% des voix), les entreprises (25%) et les collectivités (25%). Chaque actionnaire dispose d’une voix, et d’un minimum de 100€ en capital. Il choisit de percevoir des dividendes ou de les réinvestir dans le projet. «L’idée est d’éviter qu’un collège prenne trop de poids par rapport aux autres, et de garantir que la majorité reste toujours entre les mains des citoyens», explique l’administrateur.

Un partenariat avec Enercoop

Le succès du projet repose sur Enercoop Hauts-de-France qui apporte son expertise technique et un accompagnement financier, tandis que la SEM Énergie Hauts-de-France renforce les fonds propres. Le bureau d’études Cohérence Énergie s’occupe de la partie technique et de la mise en service. Installé sur un terrain à faible valeur agricole, l’espace a aussi un rôle écologique.

Des plantations seront ainsi réalisées, en collaboration avec le parc naturel régional, pour favoriser la biodiversité. L'entretien, quant à lui, sera assuré par des moutons. «Ce projet nous a séduits parce qu’il revalorise un terrain délaissé tout en recréant un corridor écologique entre deux zones naturelles», explique Maxime Durand, chargé de projet énergies renouvelables chez Enercoop.

«Le projet tient la route économiquement»

L'investissement total représente 288 000 euros. Les acteurs espèrent un amortissement sur une période plus courte que la durée de vie moyenne des panneaux solaires qui est de 30 ans. «Nous visons un taux de rendement de 6% sur 30 ans, ce qui prouve que le projet tient la route économiquement sans chercher des profits énormes», chiffre le chargé de projet. Pour autant, ce modèle reste fragile.

«Trois ans ont été nécessaires pour monter le projet sur le plan administratif et financier, et nous avons dû naviguer entre des réglementations changeantes et des tarifs d’achat instables», explique François Mulet. L’avenir des projets citoyens passera probablement par l’autoconsommation collective et le stockage de l’énergie plutôt que par la revente. «Ce parc reste un laboratoire, un signal fort pour la transition énergétique locale, mais il ne sera pas simple de le reproduire tel quel ailleurs», conclut François Mulet.

Pour Aletheia Press, Maéva Asperti