Sauvegarder l'article
Identifiez vous, pour sauvegarder ce article et le consulter plus tard !

Dossier : les grands projets 2026

Agriculture : anticiper le changement climatique

L'agriculture et l'agroalimentaire sont des secteurs d'activités de premier plan dans les Hauts-de-France. Laurent Degenne, président de la Chambre d'agriculture régionale depuis 2022, aspire à conserver la compétitivité de la filière. Pour son développement, il fixe l'accompagnement des hommes et la gestion de l'eau comme priorités absolues.

Laurent Degenne, président de la Chambre d'agriculture des Hauts-de-France. © Cyrille Struy
Laurent Degenne, président de la Chambre d'agriculture des Hauts-de-France. © Cyrille Struy

Si la France est un grand pays agricole, les Hauts-de-France sont une région faite pour l'agriculture, «dans un environnement sain, un sol sain, avec une grande technicité, des producteurs qui apportent une vraie valeur ajoutée», confirme Laurent Degenne, le président de la Chambre d'agriculture des Hauts-de-France. Les produits agricoles et agroalimentaires forment le premier poste d'échanges extérieurs de la région (17%). Elle est la première région exportatrice de produits agricoles et agroalimentaires, la deuxième région importatrice par sa position géographique et l'activité d'un grand port commercial comme Dunkerque. Cela représente 26,9 milliards d'euros d'échanges, 13 milliards d'exportations et 13,9 milliards d'importations. Le secteur enregistre donc un déficit commercial de près de un milliard d'euros en 2024, en hausse de 74% après le recul de 2023.

«La balance commerciale a basculé depuis 2018 dans les Hauts-de-France, et avec la situation nationale nous revenons à des chiffres de 1978, s'inquiète Laurent Degenne. La région a tous les atouts et peut faire toutes les productions, rappelle-t-il. Mais la compétitivité est dégradée par les normes et les charges supplémentaires imposées, quand en même temps l'Europe pratique le libre échange et importe des produits de pays qui n'ont pas nos contraintes». La compétitivité et le développement des exploitations agricoles de la région sont bien des missions prioritaires de la Chambre d'agriculture. Le président et ses équipes prennent ces défis à bras le corps, avec en premier lieu la volonté de «préserver l'agriculture dans ses fonctions à la fois nourricière et compétitive. Assurer la production tout en utilisant le moins d'intrants de synthèse possibles, ce qui veut aussi dire anticiper et s'adapter au changement climatique».

Des hommes et de l'eau

Laurent Degenne expose les grands dossiers sur lesquels planche la Chambre régionale d'agriculture. Il place les hommes et les femmes au sommet : «L'agriculteur est le pilier, notre rôle est de l'accompagner tout au long de sa carrière, de l'identification de son projet, son installation, sa formation à sa modernisation dans ses pratiques». Le président y associe en effet l'amélioration des pratiques, autre priorité du secteur, pour combiner productivité et impact minimum sur le milieu. «Cela nécessite un grand investissement dans la recherche et l'innovation, amener la science dans les cours de fermes pour mieux cibler et anticiper encore une fois le changement climatique. Adapter les filières d'exploitations agricoles au changement climatique est un phénomène que nous avions déjà identifié et sur lequel nous travaillons depuis 2016».

Des groupes de travail sont mis en place pour conserver la meilleure qualité des sols. © F. Roumeguère - Imagiterre

Quant à l'accompagnement des agriculteurs, il se formalise depuis le 1er janvier 2026 par France Service Agriculture, une initiative du gouvernement qui met en place un guichet unique pour valoriser le métier d'agriculteur, inscrire la souveraineté agricole et alimentaire au cœur de la loi. «Les Hauts-de-France assuraient déjà ces services depuis des années, en particulier le soutien à l'installation des jeunes». Laurent Degenne ajoute l'attention toute particulière apportée à l'attractivité du métier : «Avoir les bons collaborateurs est primordial, il faut aussi penser au confort de vie, c'est notamment une demande des jeunes éleveurs».

Avec l'humain, le président de la Chambre d'agriculture des Hauts-de-France inscrit la gestion de l'eau comme l'autre dossier prioritaire, là aussi en corrélation avec le changement climatique. «L'eau est un bien commun, mais si nous avons de l'eau potable c'est aussi grâce à l'agriculture. C'est en effet dans les surfaces agricoles et forestières que l'eau peut s'infiltrer dans le sol, à la différence de toutes zones construites. Le sol est notre meilleur réservoir d'eau, c'est notre frigo et c'est bien le sol de notre région et son potentiel nourricier unique qu'il faut préserver».

L'agro-écologie mariée à l'économie se placent alors au cœur du métier d'agriculteur. La Chambre d'agriculture organisent déjà des groupes de travail sur la gestion de l'eau et l'amélioration des sols, ceux-ci coordonnés avec les plans nationaux du fait des problématiques différentes selon les régions. L'organigramme des 7 R a ainsi été composé, le Réutilisation des eaux en est un exemple, «elle est aussi inscrite dans les projets prioritaires de l'Europe, ajoute Laurent Degenne. Donner une seconde vie à l'eau fait également partie des cercles vertueux de l'agriculture d'aujourd'hui et demain».