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Au Mans, loin des tractations parisiennes, Le Pen seule en piste et en campagne

Des camions, des casques et des selfies à la pelle: pendant que les autres chefs de parti étaient réunis dans le huis clos brûlant de l'Elysée, Marine Le Pen s'est rendue vendredi au congrès des...

La cheffe de file du Rassemblement nationale, Marine Le Pen, fait un selfie avec un exposant lors du congrès des sapeurs-pompiers au Mans, le 10 octobre 2025 dans la Sarthe © JEAN-FRANCOIS MONIER
La cheffe de file du Rassemblement nationale, Marine Le Pen, fait un selfie avec un exposant lors du congrès des sapeurs-pompiers au Mans, le 10 octobre 2025 dans la Sarthe © JEAN-FRANCOIS MONIER

Des camions, des casques et des selfies à la pelle: pendant que les autres chefs de parti étaient réunis dans le huis clos brûlant de l'Elysée, Marine Le Pen s'est rendue vendredi au congrès des pompiers au Mans, plus que jamais "en campagne".

Deux scènes, deux ambiances. A Paris, dans le secret du Palais, la "réunion de marchands de tapis" pour "éviter des élections". Au Mans, en plein soleil, la cheffe de file de l'extrême droite venue répéter que "la seule solution c'est de prononcer la dissolution".

Aucun doute, à deux pas du mythique circuit automobile, Marine Le Pen est lancée pied au plancher sur la route des prochains scrutins. "On est en campagne permanente", dit-elle. Mais le rythme s'accélère.

Lundi déjà, elle a convoqué ses troupes à l'Assemblée nationale, dans la foulée de la démission de Sébastien Lecornu. Désormais la consigne est simple: "Etre en circo, sur le terrain", rapporte un élu.

Pour donner l'exemple, elle parade mercredi au Sommet de l'élevage près de Clermont-Ferrand, tandis que le Premier ministre démissionnaire achève ses "ultimes négociations". Sans elle. "La plaisanterie a assez duré", tranche-t-elle, promettant de "censurer tous les gouvernements, jusqu'à la dissolution".

La revoici donc, s'offrant un véritable bain de foule au grand raout des soldats du feu. Comme dans son élément, la patronne du parti à la flamme dit oui à tout: selfies, peluches, bonbons...

Entre les vêtements ignifugés et les véhicules sérigraphiés, elle marque quelques arrêts prolongés sur les stands de Mayotte et d'Airbus, se fait prendre en photo avec Pompy, la mascotte du salon... Toujours flanquée du député de l'Aude Julien Rancoule, 32 ans dont la moitié comme pompier volontaire.

Au détour d'une allée, une exposante surgit, lui tend un sachet de nourriture pour animaux: "Pour vos chats, Mme Le Pen!". Un autre en revanche, serre les dents à son passage: "Plus vite elle passe, mieux c'est".

Monter en puissance

Mais Marine Le Pen prend son temps pour déambuler. Pas comme Bruno Retailleau, passé en coup de vent à la mi-journée, pour un discours en tant que ministre démissionnaire de l'Intérieur.

Protocolaire et crépusculaire: "Je terminerai mes fonctions par ce congrès", déclare-t-il avant de s'engouffrer dans la voiture qui le ramène prestement à l'Elysée avec les autres chefs de parti.

"Je l'ai croisé sur la route, il avait un rendez-vous à ce qu'il paraît", ironise la dirigeante du RN, qui en profite pour enfoncer son rival, "terriblement décevant" à Beauvau depuis un an. "Il sort du gouvernement, très bien, il va enfin être dans l'opposition", ajoute-t-elle.

Au passage, elle déplore de ne pas avoir été invitée à l'Elysée et s'en prend aussi à Emmanuel Macron, qui selon elle, "ne respecte pas les institutions" et se place "en rupture" avec sa fonction présidentielle.

Le chef de l'Etat "ne peut pas faire comme si le RN n'existait pas" insiste-t-elle, l'accusant comme les autres participants de vouloir "contourner la démocratie".

Message martelé, pour mieux opposer "deux images", d'un côté celle "qui est proche du peuple", de l'autre "ceux qui sont dans l'entre-soi malsain", souligne son conseiller Philippe Olivier. Ce ne serait même qu'un tour de chauffe: "On va pas s'essouffler, on va monter en puissance"

La triple candidate présidentielle en a vu d'autres. Accompagnée de sa soeur Marie-Caroline, battue de peu l'an dernier dans la 4e circonscription de la Sarthe, elle observe les camions rouges alignés, toutes échelles déployées.

Et se rappelle "la nacelle lors de l'attentat de la villa Poirier" qui avait visé leur père Jean-Marie en 1976. Traumatisme fondateur pour celle qui a repris le flambeau, et l'envie d'en découdre.

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