Sauvegarder l'article
Identifiez vous, pour sauvegarder ce article et le consulter plus tard !

À Abbeville, Michael Cat monte Au paradis des lames

Lors de stages en vue de sa reconversion professionnelle, ce quadragénaire a eu l’idée de devenir artisan affûteur/rémouleur itinérant : Au paradis des lames. Il travaille pour les professionnels et les particuliers avec déjà une belle clientèle.

L'affûteur-rémouleur s'est déjà constitué une belle clientèle.
L'affûteur-rémouleur s'est déjà constitué une belle clientèle.

Après une longue carrière professionnelle dans l’industrie, Michael Cat, 49 ans, victime d’un accident de trajet en se rendant sur son lieu de travail, a été dans l’obligation de changer de voie. Cap emploi lui a proposé des stages de découvertes notamment en boucherie.

Au pire 48 heures au lieu de six semaines

C’est là qu’il s’est rendu compte que les professionnels des métiers de bouches avaient des difficultés pour faire aiguiser leurs couteaux. Même problèmes chez les coiffeurs pour les ciseaux ou les têtes de tondeuses : «Les coiffeurs envoient leur matériel sur des plateformes d’affutage, précise-t-il. Il faut ensuite qu’il attendent cinq à six semaines pour qu’il soir retourné. Désormais, s’ils font appelle à moi, ce délai est réduit à la journée ou au pire à 48 heures».

Après ses stages, il est allé rendre visite à de nombreux professionnels pour savoir s’ils le feraient travailler s’il se lançait. Ensuite, il s’est inscrit à l’école nationale d'affûtage et de rémoulage d’Escaudain dans le nord. Elle propose des formations continues dans ce métier devenu rare. Il en est sorti au bout de trois mois en juillet 2024 avec un équivalent CAP-BEP. Grâce à Cap emploi, BGE et d’autres partenaires, le coût de sa formation a été entièrement pris en charge. Son projet a également séduit le jury d’Initiative Somme qui lui a octroyé un prêt d’honneur de 6 000 euros et s’est porté garant pour son crédit de 25 000 euros.

Ces sommes ont été en majorité consacrées à l’achat en Haute-Savoie d’un ancien véhicule de secours et d’assistance aux victimes chauffé et électrifié, qui attire tout de suite l’attention. Il a été réaménagé par ses soins. Sur deux hauteurs, son établi est fixé sur l’ancien socle à brancard. Il a investi dans une dizaine de machines lui permettant d’affûter (lames de couteau, sécateurs…), de rémouler (ciseaux de coiffeurs, ciseaux à bois…), de réaliser des opérations de polissage et même de fabriquer des manches de couteaux.

Jusque 70 km autour d’Abbeville

Il est de nouveau allé démarcher des toiletteurs, des coiffeurs, des professionnels des métiers de bouche, des entreprises d’espaces verts, des menuisiers, des collectivités… que sa formation a rassuré. Aujourd’hui, selon un minimum de prestations, il se déplace jusqu’à 70 km autour d’Abbeville.

Une ancienne ambulance abrite tous ses outils.

Pour aller à la rencontre des particuliers, il a privilégié les marchés. Ainsi, le mardi matin, il est présent en alternance sur ceux de Cayeux-sur-Mer et du Tréport. Le jeudi, une semaine sur deux, il est sur celui de Doullens ou celui d’Abbeville, le matin, et, l’après-midi, à Sailly-Flibeaucourt. Le vendredi matin, il est présent sur le marché de Eu et le vendredi après-midi à la Potagère à Abbeville ou sur le marché d’Ailly-le-Haut-Clocher. Le samedi matin, il se place à Abbeville ou à Rue. Le dimanche matin, il alterne entre celui de Saint-Valery-sur-Somme et de Blangy-sur-Bresle. Les clients lui déposent leurs objets en début de matinée et les récupèrent quelques minutes plus tard.

En dehors de ces jours, et lorsqu’il n’a pas de rendez-vous, il se gare devant chez lui au 157 boulevard Voltaire où il accueille ses clients les lundis, mardis après-midi, mercredis et samedis après-midi. Les rendez-vous sont consacrés aux clients professionnels : coiffeurs, métiers de bouche, restaurateurs, couturiers, professionnels des espaces verts, collectivités (lycées, gendarmeries, hôpitaux…). Il faut compter 4 euros pour une intervention sur des ciseaux, 6 euros en moyenne pour des couteaux et jusqu’à une quarantaine d’euros pour une scie circulaire.

Un an après s’être lancé, il tire un bilan très positif. Il a opté pour le statut de micro entreprise assujettie à la TVA, ce qui permet aux professionnels de pouvoir la récupérer : «J’aime ce que je fais et j’ai une belle clientèle fidèle, se félicite-t-il. Je travaille avec beaucoup de coiffeurs à domicile. Le bouche à oreille est très bon. Je suis très présent sur les réseaux sociaux, c’est important. Je mets des photos avant/après. Chaque dimanche, je communique mon planning de la semaine. Je fais de la restauration. Un monsieur m’a confié des ciseaux de coiffeur qui venaient de son arrière-grand-père. C’est touchant. Je fais un peu de vente de couteaux d’occasion et neufs, de celui d’office à celui haut de gamme de collection».