Sauvegarder l'article
Identifiez vous, pour sauvegarder ce article et le consulter plus tard !

Canicule: records de température lundi, le "paroxysme" attendu mardi

La France a connu lundi sa nuit puis sa journée les plus chaudes jamais enregistrées pour un mois de juin, mais doit s'attendre à un "paroxysme" de la canicule mardi, avec 16 départements basculant en vigilance...

Des personnes se rafraîchissent à une fontaine publique près de la Grande Halle de La Villette alors qu'une vague de chaleur frappe le sud de l'Europe, à Paris, le 29 juin 2025 © Julie SEBADELHA
Des personnes se rafraîchissent à une fontaine publique près de la Grande Halle de La Villette alors qu'une vague de chaleur frappe le sud de l'Europe, à Paris, le 29 juin 2025 © Julie SEBADELHA

La France a connu lundi sa nuit puis sa journée les plus chaudes jamais enregistrées pour un mois de juin, mais doit s'attendre à un "paroxysme" de la canicule mardi, avec 16 départements basculant en vigilance rouge, essentiellement d'Ile-de-France et du Centre-Val de Loire.

Déjà lundi, 84 départements sur les 96 métropolitains, soit 88% de la population, ont vécu la journée en vigilance canicule orange. Et 68 le resteront mardi en plus des rouges.

C'est une fin de mois de tous les records: pour la nuit de dimanche à lundi, la moyenne des températures relevées en 30 points représentatifs de métropole a atteint 20,2°C, dépassant le précédent record pour un mois de juin de 20,1°C -- le 27 juin 2019 --, selon des données provisoires de Météo-France; puis, en journée, avec 28°C, cette moyenne a aussi surpassé la valeur la plus haute jamais enregistrée un mois de juin, de 27,9°C.

Mardi devrait surclasser ces records, pour "le paroxysme de cet épisode" caniculaire, selon Adrien Warnan, prévisionniste chez Météo-France, avec des pointes à 41 degrés attendues dans les régions en rouge et une nuit où les températures pourraient ne pas redescendre sous les 20 à 24°C en certains endroits, y compris dans les régions du nord.

Tous les départements de l'Ile-de-France, le Cher, le Loiret, l'Indre, le Loir-et-Cher, l'Indre-et-Loire, l'Aube, l'Yonne et la Vienne seront donc en rouge mardi à partir de midi.

"C'est l'horreur" pour les personnes âgées, s'émeut Christiane, une Lyonnaise de 84 ans, qui a pris l'air tôt lundi avant de se calfeutrer chez elle.

Exercer certains métiers relève du calvaire. "C'est comme si tu étais dans un sauna toute la journée, à la différence qu'on fait des efforts physiques en plus", souffle Mohamed Vicente, dans son kebab à Lyon.

200 écoles fermées

Les hauteurs de la tour Eiffel à Paris sont fermées depuis lundi 13H00 et le resteront mardi et mercredi "en raison de la canicule en cours", selon le site internet du gestionnaire du monument.

La dernière vigilance de cette ampleur et de cette étendue pour la France remonte à août 2023. En Ile-de-France, c'est la première fois depuis cinq ans (7 au 12 août 2020).

Une baisse sensible des températures s'amorcera mercredi matin sur les régions proches de la Manche et la façade atlantique, prémices d'un probable rafraîchissement mercredi soir sur le bassin parisien, anticipe Météo-France.

"Une vague de chaleur, c'est plusieurs milliers de morts", avait averti dans la matinée la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, sur Sud Radio, exhortant les employeurs à protéger leurs salariés, avec notamment des horaires adaptés. Un décret renforçant les obligations des entreprises en cas de canicule sera publié mardi.

Quelque 1.350 écoles publiques, sur 45.000, seront partiellement ou totalement fermées mardi, deux fois plus que la veille, prévoit le ministère de l'Education.

Cette 50e vague de chaleur nationale recensée depuis 1947, la 33e du XXIe siècle, s'inscrit dans un contexte de changement climatique qui en augmente l'intensité et la fréquence.

Dimanche, deux mesures ont témoigné de son caractère inédit: la Méditerranée a connu sa température de surface la plus chaude pour un mois de juin, à 26,01°C en moyenne, selon le programme européen Copernicus. Et le Mont-Blanc, à 4.806 m d'altitude, "a dû enregistrer une température positive, à 1 ou 2°C", ce qui n'arrive, parfois, "qu'au coeur de l'été", explique à l'AFP Antoine Courteaud, prévisionniste et nivologue de Météo-France à Chamonix.

Ozone

Outre la santé, la canicule impacte l'environnement: 26 départements étaient lundi en vigilance sécheresse, et 10 au niveau de crise, déclenchant des restrictions importantes de l'utilisation de l'eau.

Une pollution de l'air par l'ozone s'installe par voie de conséquence, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes ou dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse. Des restrictions de circulation ont été décidées en Ile-de-France.

Face au réchauffement de la Garonne, qui assure son refroidissement, le seul réacteur actif de la centrale nucléaire de Golfech (Tarn-et-Garonne) avait été mis à l'arrêt dimanche soir.

Par ailleurs, à mesure que la planète se réchauffe, l'atmosphère contient de plus en plus de vapeur d'eau (environ 7% pour chaque degré supplémentaire), ce qui augmente les risques de fortes précipitations.

Dans les Alpes, de violents orages ont provoqué la crue, inédite en 70 ans, d'un torrent proche de la frontière italienne, causant d'importants dégâts. Juste de l'autre côté des montagnes, dans le Piémont, un homme de 70 ans est mort emporté par un déferlement d'eau et de boue consécutif à de fortes pluies, les autorités locales évoquant des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents.

Le sud de l'Europe étouffe également sous cette canicule qui a notamment occasionné des températures record en Espagne -- 46°C samedi, un record pour un mois de juin -- et entraîné la formation d'un impressionnant "nuage rouleau" au Portugal.

La cause de ce nouveau pic est un dôme de chaleur: un large et puissant anticyclone forme une sorte de couvercle qui bloque l'air en basses couches, empêchant l'entrée de perturbations tout en le réchauffant progressivement.

bur-gir/dsa/tmt/roc 

648R962