Ce que l'on sait des négociations commerciales entre l'UE et les Etats-Unis
Une menace de droits de douane de 50%, des invectives, une trêve soudaine, et beaucoup, beaucoup d'incertitudes: les négociations commerciales entre Washington et Bruxelles...

Une menace de droits de douane de 50%, des invectives, une trêve soudaine, et beaucoup, beaucoup d'incertitudes: les négociations commerciales entre Washington et Bruxelles ressemblent à des montagnes russes.
Voici ce que l'on sait lundi de ces tractations tendues.
Où en est-on?
Au cours des derniers mois, l'Union européenne a été frappée à trois reprises par des droits de douane de l'administration de Donald Trump:
- 25% sur l'acier et l'aluminium, mi-mars,
- 25% sur les automobiles, début avril,
- 20% sur tous les autres produits européens, le 9 avril. Cette dernière taxe a toutefois été suspendue pour laisser une chance aux négociations et remplacée temporairement par un droit de douane de 10%.
L'Union européenne a la charge de mener ces tractations avec Washington au nom des 27 Etats membres de l'UE. L'idée est de trouver un accord bénéfique pour les deux parties.
Mais il n'y a pour l'heure aucun signe de percée.
Qui négocie?
Dépêché par Bruxelles pour négocier avec les Américains, le commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic s'est rendu plusieurs fois à Washington et échange régulièrement avec Howard Lutnick et Jamieson Greer, deux responsables de l'administration Trump.
Le responsable européen a encore loué lundi de "bons appels" avec MM. Lutnick et Greer, assurant que l'UE était "mobilisée" pour parvenir "rapidement" à un accord commercial. "Nous restons en contact permanent", a-t-il affirmé.
Le président américain Donald Trump et la cheffe de l'exécutif européen Ursula von der Leyen ont quant à eux eu des contacts plus sporadiques, dont une rencontre en marge des funérailles du pape François et un appel téléphonique dimanche.
L'un des principaux obstacles aux pourparlers tient à la différence fondamentale de style entre les deux parties.
"Les exigences de Trump traduisent une profonde frustration des Américains face à la méthode posée, professionnelle et bureaucratique de l'UE", note Agathe Demarais, chercheuse du European Council on Foreign Relations.
A l'inverse, l'équipe de M. Trump "cherche à signer rapidement des accords séduisants, même s'ils n'ont pas forcément beaucoup de substance", analyse-t-elle.
Quelles sont les demandes du président Trump?
Peu de détails ont fuité des discussions.
Mais M. Trump martèle qu'il veut éliminer le déficit commercial des Etats-Unis avec l'UE dans l'échange de biens. Il pousse notamment le Vieux Continent à acheter davantage de gaz naturel liquéfié (GNL) américain.
Son équipe s'en prend aussi régulièrement aux barrières dites "non tarifaires" en vigueur dans l'UE: les réglementations sanitaires, les normes environnementales, des politiques de taux de change ou des mesures fiscales telles que la TVA.
Bruxelles refuse catégoriquement d'abandonner certaines de ces mesures. Tout comme ses puissantes lois sur le numérique, régulièrement critiqués par les géants de la tech.
Et celles de l'UE?
L'UE veut à tout prix faire baisser la température et éviter des droits de douane XXL qui nuiraient à son économie, déjà enlisée dans une quasi-stagnation depuis fin 2022.
Bruxelles affirme avoir présenté une proposition détaillée à Washington. Avec comme mesure principale une exemption de droits de douane totale et réciproque pour les produits industriels, dont les voitures.
Mais M. Trump a déjà qualifié cette offre d'insuffisante.
L'UE prépare parallèlement des mesures de riposte au cas où les négociations n’aboutiraient pas. Elle affirme être prête à taxer quelque 136 milliards de dollars de biens américains: des motos, avions, machines à coudre, etc.
Quelles sont les prochaines étapes?
D'après la présidente de la Commission européenne, l'objectif est que les négociations avancent de manière "rapide et décisive".
"Elle a dit qu'elle voulait entamer des négociations sérieuses", a déclaré M. Trump dimanche, repoussant jusqu'au 9 juillet certaines des mesures américaines.
Bruxelles espère que les deux dirigeants pourront échanger sur ce dossier en marge du sommet du G7, prévu au Canada à la mi-juin.
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