"Cibler" la gauche : des députés dénoncent un propos de la ministre Genevard, une polémique "malhonnête", répond-elle

Des députés de gauche ont accusé mardi la ministre de l'Agriculture d'avoir incité des agriculteurs à "cibler des élus de gauche", mais Annie Genevard et son entourage réfutent tout appel à la violence, et...

"Cibler" la gauche : des députés dénoncent un propos de la ministre Genevard, une polémique "malhonnête", répond-elle

Des députés de gauche ont accusé mardi la ministre de l'Agriculture d'avoir incité des agriculteurs à "cibler des élus de gauche", mais Annie Genevard et son entourage réfutent tout appel à la violence, et évoquent une phrase "sortie de son contexte".

"+Ciblez les élus de gauche!+, cet appel honteux au ciblage d'élus de la République est celui de la ministre de l'Agriculture. Inadmissible dérive", a publié sur le réseau social X le Premier secrétaire du PS Olivier Faure.

Lors des Questions au gouvernement mardi, le patron des députés PS Boris Vallaud a interpellé le Premier ministre François Bayrou, accusant sa ministre de l'Agriculture d'avoir appelé "les agriculteurs à cibler les élus de gauche : c'est-à-dire à la violence politique".

Dans leur viseur, des propos rapportés par La Dépêche du midi, selon laquelle Mme Genevard, lors d'un entretien informel avec des responsables professionnels agricoles du Tarn-et-Garonne, aurait déclaré : "Il faut cibler les élus de gauche".

"Ce qu'a dit la ministre de l'Agriculture, ce n'est pas de cibler. Elle a demandé aux agriculteurs d'expliquer à leurs élus quel était le texte", a répondu François Bayrou dans l'hémicycle, démentant "qu'il y ait de la part du gouvernement la moindre pression sur les élus", sous les protestations des députés de gauche.

Plus tôt sur X, la ministre avait elle-même dénoncé une "polémique montée de toutes pièces". "Faire croire à un appel à la violence est malhonnête. J'ai toujours appelé au respect et à la liberté de vote des parlementaires. Mon objectif était d'inciter les agriculteurs au dialogue avec leurs députés", a-t-elle assuré.

Clémence Guetté, vice-présidente LFI de l'Assemblée, a elle commenté l'article de La Dépêche en dénonçant un propos "irresponsable" de la ministre, "alors que des élus sont harcelés et leurs permanences dégradées par des militants violents". Le député du groupe écologiste Benjamin Lucas a lui annoncé qu'il avait saisi la "procureure de la République".

Ces échanges ont eu lieu au lendemain du rejet tactique de la proposition de loi agricole dite Duplomb-Menonville, qui divise l'Assemblée notamment sur la question de la réintroduction dérogatoire de certains pesticides néonicotinoïdes. 

Les députés macronistes, LR et RN ont décidé de rejeter le texte, pour qu'il puisse poursuivre son chemin parlementaire, usant ainsi des procédures de l'Assemblée pour contourner la masse d'amendements écologistes et insoumis. 

Une stratégie défendue mardi par François Bayrou contre "une tentative de blocage" de la gauche et des écologistes "pour faire que ce texte ne puisse pas être examiné".

"Je pense qu'il faut que nous trouvions une manière d'organiser les dialogues et les débats de manière que le Parlement puisse pleinement jouer son rôle, qu'il ne soit pas entièrement bloqué par tel ou tel groupe", a-t-il ajouté.

L'examen de cette loi en commission à l'Assemblée s'est fait sous pression, plusieurs permanences de parlementaires ayant subi des dégradations.

Dans un communiqué paru lundi, le préfet de Gironde a condamné des dégradations de permanences "entre samedi soir et ce lundi", dénonçant "des actes inacceptables".

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