Sauvegarder l'article
Identifiez vous, pour sauvegarder ce article et le consulter plus tard !

Collectivités : «Si les données sont sensibles, il faut éviter ChatGPT»

Alexandre Tribolet, chef de projet à la mission «Intelligence artificielle et numérique» de la Région Hauts-de-France, était l'invité, ce 2 octobre à Calais, de l'AMF 62 pour partager des recommandations. Interview.

«Les collectivités brassent parfois des données très sensibles, qu'il ne faut mettre entre les mains de n'importe quelle IA», soutient Alexandre Tribolet. © Aletheia Press / Arnaud Stoerkler
«Les collectivités brassent parfois des données très sensibles, qu'il ne faut mettre entre les mains de n'importe quelle IA», soutient Alexandre Tribolet. © Aletheia Press / Arnaud Stoerkler

Ce 2 octobre à Calais, Alexandre Tribolet, chef de projet à la mission «Intelligence artificielle et numérique» de la région Hauts-de-France, a été invité par l'AMF 62 à évoquer l'utilisation de l'IA par les collectivités territoriales. Interview.

Faut-il, comme on l'entend souvent, avoir peur de l'IA ?

Alexandre Tribolet. Il faut surtout appréhender ce sujet de manière raisonnable. Nous avons déjà été confrontés à d'autres innovations technologiques, qui ont changé nos pratiques professionnelles. L'ordinateur, par exemple, ou Internet. L'IA, elle, va sans doute remplacer une partie des logiciels utilisés par les collectivités dans leur travail. Mais elle n'est pas intelligente, rappelons-le : ses algorithmes se nourrissent de données pour fonctionner. Et contrairement au cerveau humain qui a de la plasticité, il faut par exemple montrer un visage des milliers de fois à une IA avant qu'elle ne le reconnaisse.

Comment mieux se familiariser avec l'IA, avoir confiance en elle ? 

Les collectivités n'ont parfois pas conscience que les données qu'elles manipulent valent de l'or pour certaines entreprises, qui font tout pour les accaparer. L'IA tire justement sa performance du nombre de données qu'elle peut traiter. Or, jamais un officier de l'État civil n'irait donner à voir son registre au premier passant venu. Et livrer des données sensibles à ChatGPT, qui est un outil américain, pose donc bien entendu problème. Voilà pourquoi nous prônons, en premier lieu, l'utilisation d'outils d'IA français comme Mistral AI, qui agissent dans le cadre de la protection des données européennes et participent à notre souveraineté numérique.  

Quels outils associant l'IA peuvent servir les collectivités ? 

L'outil, il faut le réfléchir en fonction de l'usage. Les collectivités doivent faire le tri dans leurs données avant d'utiliser un outil comme ChatGPT, pour savoir lesquelles sont sensibles ou non. Une délibération déjà publiée ne pose ainsi pas de problème, puisqu'elle est déjà rendue publique. Outre Mistral AI, dont nous poussons l'utilisation, il en existe d'autres aux actions plus ciblées : Dict.ai est par exemple un logiciel qui permet de retranscrire le son d'une réunion en écrits, comme un dactylo. L'entreprise Welleat, basée à Dunkerque, utilise l'IA pour scanner les plateaux alimentaires et réduire le gaspillage alimentaire. À terme, nous ne serons pas remplacés par l'intelligence artificielle, mais par ceux qui sauront l'utiliser. 

Pour Aletheia Press, propos recueillis par Arnaud Stoerkler