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Crise aux urgences du CHU de Caen: le gouvernement promet des renforts

Le gouvernement a promis lundi des renforts au CHU de Caen où les services d'urgences sont contraints de fonctionner sans internes, faute de médecins expérimentés pour les encadrer, une...

Le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Caen, dans le nord-ouest de la France, le 16 avril 2021 © Sameer Al-DOUMY
Le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Caen, dans le nord-ouest de la France, le 16 avril 2021 © Sameer Al-DOUMY

Le gouvernement a promis lundi des renforts au CHU de Caen où les services d'urgences sont contraints de fonctionner sans internes, faute de médecins expérimentés pour les encadrer, une situation jugée "dramatique" par la CGT.

Les stages des internes aux urgences ont été suspendus, mais "le service continue d'assurer l'accueil des patients 24H/24 et 7 jours sur 7", a affirmé la direction de l'établissement, en soulignant qu'elle organisait "des renforts médicaux depuis d'autres services du CHU et de l'extérieur".

La situation alarme pourtant les syndicats, alors que les discussions à l'Assemblée nationale sur le budget de la Sécurité sociale font redouter de nouvelles coupes dans les dépenses de santé.

Aux urgences du CHU de Caen, "il n'y aura plus d'internes pendant 6 mois", a déploré auprès de l'AFP Déborah Le Lièvre, secrétaire générale CGT de l'établissement. "Il s'agit d'une situation dramatique du fait du manque de moyens donnés par les pouvoirs publics", a-t-elle dénoncé.

Selon Mme Le Lièvre, il y a habituellement aux urgences du CHU "une quarantaine" de soignants, contre "une petite quinzaine aujourd'hui". Alors que la dégradation "dure depuis plusieurs années", le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 "va encore réduire ce budget", a-t-elle relevé.

La direction de l'établissement n'a pas autorisé lundi les médias à accéder au service. 

Interrogée sur BFMTV, la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, a promis des renforts à Caen.

Peur de parler

"J'ai fait mobiliser la réserve sanitaire pour que des médecins en renfort puissent arriver", a-t-elle annoncé, promettant que les urgences du CHU vont fonctionner même "sans interne" et continuer d'accueillir les patients.

"Il y a 612 services d'urgence dans notre pays et on est très vigilants à ce qu'ils fonctionnent correctement", a-t-elle affirmé.

Cependant, les problèmes ne sont pas propres à l'établissement caennais, a fustigé la présidente de l'Intersyndicale nationale des internes (Isni), Mélanie Debarreix. "C'est partout pareil en France: les internes ont peur de parler, par crainte des répercussions", a-t-elle expliqué à l'AFP.

Les services d'urgence du CHU de Toulouse ont d'ailleurs restreint ce lundi et au moins jusqu'à fin décembre leur capacité d'accueil, faute d'effectifs suffisants. La direction du centre hospitalier a annoncé une "organisation temporaire des urgences adultes" pour novembre et décembre, avec une activité "recentrée" sur la "prise en charge des patients nécessitant des soins hospitaliers ou une hospitalisation".

A Caen, la santé des internes était en jeu. Les conditions d'encadrement "n'étaient pas satisfaisantes, il y a eu des saisines et certains étaient en surcharge émotionnelle", selon l'Isni. 

Le doyen de l'UFR Santé de Caen, Paul-Ursmar Milliez, a dit à l'AFP avoir "demandé la suspension de l'agrément après un signalement légitime début septembre". 

Selon lui, il faudra pour lever cette suspension un nouveau projet pédagogique "convaincant" en mai 2026. Parmi les mesures demandées, un senior encadrant pour un interne alors qu'ils sont aujourd'hui un pour deux internes. Il estime ainsi qu'il faudra "embaucher 15 seniors".

"L'enjeu n'est pas financier mais celui de la ressource médicale", a cependant souligné François Mengin-Lecreulx, directeur général de l'Agence régionale de santé (ARS) Normandie, car "il n'y a pas assez de médecins urgentistes" en France.

Pour le moment, l'ARS et la direction de l'hôpital ont puisé dans "la ressource" de l'établissement avec des médecins d'autres services, "la solidarité territoriale" avec des renforts d'autres hôpitaux et une régulation des urgences renforcée, a-t-il précisé.

La sortie de cette crise "très forte" passe, selon M. Mengin-Lecreulx, par une "mutualisation interétablissements" en attendant 2026 et l'arrivée de nouveaux médecins plus nombreux grâce à l'assouplissement du numerus clausus.

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