Cybersécurité : «Toutes les collectivités ne sont pas conscientes des dangers»
Mycélium Aisne Computer, entreprise basée à Laon, vend du matériel et assure des services de gestion informatique auprès des collectivités. Entretien avec son gérant, Sébastien Lallemand.
Depuis treize ans, Sébastien Lallemand est le dirigeant de Mycélium Aisne Computer, basée à Laon. L'entreprise, qui vend du matériel et assure des services de gestion informatique, compte une clientèle professionnelle, des entreprises comme des collectivités et des établissements publics. «Nous travaillons avec des professions libérales, des artisans, des administrations, des mairies comme des écoles et des médiathèques», illustre Sébastien Lallemand qui a cœur de rencontrer ses clients et de visiter leurs locaux. «C'est de cette façon que l'on mesure les véritables besoins et que l'on propose un devis adapté», estime-t-il. C'est aussi un moyen efficace, à ses yeux, pour ne pas vendre un matériel surdimensionné au détriment d'investissements indispensables pour assurer la sécurité du réseau informatique.
Une méconnaissance des risques encourus
Dans le secteur public, le chef d'entreprise note des situations très contrastées. «Certaines petites collectivités n'ont pas conscience des enjeux à garder des postes de travail à jour, à faire des sauvegardes extérieures des données…» Il n'y a bien souvent pas de responsable informatique ou il n’y a pas de connaissances spécifiques dans le domaine. Quant aux élus, ils sont souvent convaincus que les risques de cyberattaques sont nul pour des petites communes rurales, qu'une sauvegarde sur un serveur est dangereuse… Autant d'idées reçues contre lesquelles Sébastien Lallemand lutte avec patience et pédagogie. «Quand l'informatique ne fait pas partie de votre éducation, vous pouvez avoir l'impression que c'est un peu comme une voiture. Si on tourne la clé et que cela démarre, c'est que tout fonctionne», résume l'informaticien.
Mais la réalité est plus complexe. «Cela évolue très vite, souligne le gérant. C'est d'ailleurs pourquoi nous réalisons une veille technologique, testons en profondeur les nouveautés». C'est la raison pour laquelle il est indispensable de se rendre sur place pour le dirigeant de Mycélium Aisne Computer. «Même si je viens pour renouveler le parc informatique, je m'intéresse au fonctionnement de la structure. Je pose des questions sur le traitement des informations privées. Est-ce qu'il y a des mots de passe sur les sessions, des droits d'accès différenciés selon les usagers. Si un plan de redémarrage de l'activité existe en cas d'attaque…» L'occasion de mettre en lumière des problèmes dont l'interlocuteur n'a pas toujours conscience.
Des arbitrages budgétaires difficiles
Un autre cas de figure se présente. «Certains élus sont réceptifs à mes avertissements, mais ils n'ont pas les moyens à mettre en face. Alors que leurs dotations baissent, ils sacrifient le volet informatique en se disant «advienne que pourra»». Une situation qui n'est pas vraiment récente. Un exemple : «Tous les parents veulent que leurs enfants soient familiarisés avec l’informatique. Mais la réalité, c'est qu'aujourd'hui, un enfant a rarement accès à un poste informatique digne de ce nom dans son école primaire ou en maternelle, qui est gérée par la municipalité». Bien souvent, les établissements primaires sont équipés grâce à la mobilisation des parents. Pourtant, nombre de collectivités vont être confrontées prochainement à un risque concret en termes de sécurité informatique.
«À la fin de l'année, Windows 10 n'est plus maintenu par Microsoft. Malheureusement, des postes ne pourront pas migrer vers Windows 11. Et personne ne compte changer les ordinateurs», alerte Sébastien Lallemand. Or, avec un système obsolète, «on risque gros». Les conséquences sont effectivement multiples : mise à l'arrêt de tous les services, fuites de données, prise de contrôle des panneaux municipaux d'informations numériques… Pourtant, des solutions existent. «Au-delà des services autour du matériel, nous apportons aussi un accompagnement dans la gestion du budget informatique», relève Sébastien Lallemand. Un renouvellement indispensable du matériel, pour des raisons de sécurité, peut ainsi être planifié sur plusieurs années.
Et pour ce faire, l'entrepreneur s'appuie sur ses compétences en gestion et comptabilité. «J'ai un parcours atypique, explique-t-il. J'ai suivi un parcours de formation d’expert-comptable, puis ma passion pour l'informatique a pris le dessus. J'ai alors emprunté la voie de la VAE puis j'ai travaillé cinq ans en tant que salarié chez Mycélium avant d'en prendre les rênes». Un double regard qui offre des solutions concrètes pour prévenir des situations potentiellement très impactantes pour les collectivités et leurs usagers.
Mycélium Aisne Computer en chiffes
- Trois personnes dont Sébastien Lallemand, le dirigeant
- Un recrutement envisagé dans les prochains mois
- Clientèle : 95% professionnelle