Dans l’Oise, la filière chanvre veut séduire les professionnels du bâtiment
Organisée au CFA d'Agnetz, une journée «Main à la pâte» avait pour ambition de faire découvrir à des artisans, architectes, maîtres d’œuvre et prescripteurs plusieurs techniques de mise en œuvre du chanvre dans le bâtiment.
Le 16 octobre dernier, les locaux du CFA d’Agnetz accueillaient la première édition de la journée «Main à la pâte» dédiée à la découverte de l’utilisation du chanvre dans le bâtiment. Co-organisée par les communautés de communes de la Vallée Dorée et de la Plaine d’Estrées, le Centre de déploiement de l’éco-transition dans les entreprises et les territoires (CD2E), et soutenue par la Région Hauts-de-France, cette rencontre a réuni une trentaine de participants.
Toute la journée, artisans, architectes, maîtres d’œuvre, professionnels de la construction et prescripteurs ont pu découvrir les propriétés du chanvre, ainsi que ses différentes applications techniques lors d’ateliers pratiques. Cette mise en avant s’inscrit dans le cadre du développement de la filière chanvre, portée depuis 2023 par les deux collectivités, le CD2E et un groupe de sept agriculteurs réunis au sein de l’association Les chanvriers de l’Oise.
Une filière en pleine structuration
La filière chanvre de l’Oise est née de la convergence des enjeux portés par les acteurs publics et celles de ces agriculteurs : d’un côté, les communautés de communes souhaitaient protéger la ressource en eau tout en soute-nant le développement économique local. De l’autre, des agriculteurs cherchaient de nouvelles cultures pour allonger leurs rotations tout en s’inscrivant dans une démarche d’agroécologie.
Le chanvre s’est rapidement imposé comme une solution idéale : en plus de stocker du CO₂, il ne nécessite que peu d’intrants, favorise l’infiltration de l’eau dans les sols et offre de nombreux débouchés. Les Chanvriers de l’Oise ont choisi de valoriser la graine pour l’alimentation animale et humaine, la paille et les chènevottes pour l’isolation thermique des bâtiments. «La paille est transformée en laine de chanvre et les chènevottes sont l’un des éléments du béton de chanvre» explique Jérôme Bourgeois, membre des Chanvriers de l’Oise.
Ceux-ci ont cultivé cette année 22 hectares. «L'idée, c’est que ce bassin de production puisse alimenter le département en circuit court et favoriser l’émergence d’une économie locale autour de cette activité» sou-ligne Marie Gillet, chargée de mission agriculture et eau pour les deux collectivités.
Des propriétés multiples
Entre 2019 et 2023, le CD2E a recensé, en Hauts-de-France, 43 projets ayant intégré du chanvre, soit 20 000 m² réalisés. «Il y en a sans doute beaucoup plus, avec toutes les initiatives menées par des particuliers» avance François-Xavier Ollivry, coordinateur Bailleurs sociaux et promoteurs et référent Matériaux biosourcés au sein du CD2E.
On compte actuellement dans la région environ 120 acteurs formés aux règles professionnelles. Excellent isolant thermique, résistant au feu, perspirant et régulateur d’humidité, le chanvre présente également une remarquable durabilité, estimée entre 80 et 100 ans. «L’utilisation du chanvre est très récente. C’est un élément très innovant» observe-t-il, avant d’ajouter: «Il est vrai que son coût est supérieur à celui de matériaux classiques. Mais sur le long terme, il permet de réelles économies d’énergie et offre un confort bien supérieur».