De designer à vannière, la reconversion créative de Lucie Pau

Dans l'Est de la Somme, c’est au détour d’une promenade dans les «hardines» de Ham, ces petits jardins situés près de l’eau, que l’inspiration lui est venue. Elle y découvre que, jadis, les jardiniers y cultivaient l’osier pour confectionner paniers et objets du quotidien. Une révélation pour cette professeure d’arts appliqués en quête d’un métier plus libre et pleinement créatif.

La vannerie, une évidence

«Cette visite m’a fait prendre conscience que la vannerie était une évidence pour moi. J’allais pouvoir cultiver et travailler la matière. J’ai tout de suite visualisé des formes, des objets. Je pouvais réinvestir tout ce que j’avais appris dans le design. Depuis quelques années, j’avais l’impression que ma créativité s’appauvrissait», confie-t-elle. Encouragée par son compagnon, Lucie passe le concours d’entrée à l’École nationale de vannerie et d’osiériculture, près de Langres, et y décroche avec succès une place. Elle suit une formation de 10 mois intense et exigeante, en laissant temporairement derrière elle sa famille et ses deux petites filles. Parallèlement, elle acquiert une parcelle de 800 m² dans les hardines pour y cultiver son propre osier, une ressource qui ne sera pleinement exploitable que d’ici 3 à 4 ans. En attendant, Lucie s’approvisionne chez une osiéricultrice de Thiérache.

Des projets plein la tête

Installée aujourd’hui dans une boutique en centre-ville de Ham, elle y travaille l’osier pour créer des pièces originales. Si elle maîtrise les formes traditionnelles de la vannerie en réalisant paniers et corbeilles traditionnels, Lucie préfère explorer des voies plus contemporaines et créatives en réalisant des œuvres singulières, modernes et faire dialoguer artisanat et design. Par ailleurs, Lucie restaure également du mobilier ancien en rotin, un matériau très apprécié il y a quelques décennies et aujourd’hui revenu en force dans les tendances déco. Elle redonne vie à ces pièces vintage, Lucie a plein de projets. Passionnée également de gravure, elle aimerait lier la gravure et la vannerie. Elle envisage même de collaborer avec des architectes d’intérieur afin de pousser la vannerie vers des projets artistiques et décoratifs innovants.

Portée au début de son activité par une couveuse d’entreprises spécialisée dans l’agriculture, faute de structure dédiée aux métiers d’art, Lucie s’apprête à quitter ce dispositif pour adopter un statut professionnel mieux adapté à sa démarche artistique. Une belle reconversion pour cette créatrice inspirée qui fait revivre un savoir-faire ancestral avec une touche contemporaine. Et l’aventure ne fait que commencer. Lucie aimerait désormais accueillir d’autres artisans et artistes dans sa boutique afin de faire vivre un lieu de création, d’échange et d’inspiration au cœur de Ham.