Des initiatives et des outils pour faciliter la transition vers un tourisme plus durable

Face aux enjeux climatiques, relever le défi de la transition est un enjeu particulièrement sensible pour les entreprises du tourisme. C’est en effet « une filière très particulière car très diversifiée, avec des chaînes de valeur bien spécifiques », a expliqué Jean-Baptiste Baroni, directeur adjoint Politique climatique et Pôle Transition écologique du Medef, au cours d’un webinaire dédié à ce sujet, organisé par l’Académie du Medef, en collaboration avec WeCount, société spécialisée dans l’accompagnement des entreprises dans la mise en œuvre de stratégies climat et ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance). Objectif : faire connaître les initiatives et les outils d’accompagnement spécifiques mis au point des acteurs du secteur, pour promouvoir et faciliter la transition vers un développement durable.

Espaces de loisirs et culturels : vers un divertissement durable

Dans le secteur du divertissement, par exemple, « les deux thématiques clés actuelles sont la stratégie de décarbonation et la gestion durable de l’eau et la sobriété hydrique », a déclaré Laura Gournay, directrice RSE du Syndicat national des espaces de loisirs et culturels (SNELAC), qui représente un réseau de près de 600 entreprises (parcs d’attractions, parcs aquatiques ou animaliers, parcs à thème, musées et châteaux privés, sites culturels et sites naturels).

En 2020, le syndicat a créé un label RSE « Divertissement durable », dont le référentiel d’évaluation est basé sur 18 indicateurs, et qui vise à intégrer cette démarche sur toute la chaîne de valeurs et l’ensemble des parties prenantes (ce qui inclut les clients). Avec cet outil mis à disposition de toutes les entreprises membres, « l’idée c’est de fournir un cadre très opérationnel, et évolutif », a-t-elle ajouté. Aujourd’hui, « 19 sites ont déjà obtenu le label et 50 sites sont engagés dans cette démarche ».

Les trajets des clients, premier poste d'émission de carbone

L’Autre Usine, un complexe de sports et de loisirs indoor basé à Cholet (Maine-et-Loire), a la particularité d’être issu de la reconversion d’une ancienne friche industrielle, après dépollution complète du bâtiment. Toiture couverte de panneaux solaires et centrale photovoltaïque qui permet au site de produire deux fois plus d’électricité qu’il n’en consomme, éclairage 100% LED, robinets bas débit, restaurant qui ne propose que des produits locaux de saison… L’entreprise, qui a ouvert ses portes en 2016, était sensibilisée aux enjeux environnementaux dès sa création.

Elle a depuis engagé la démarche pour obtenir le label « Divertissement durable ». Cela fait partie « des outils qui nous aident à structurer la réflexion stratégique vers la transition bas carbone », a témoigné Aurélie Sevet, responsable Energie et développement durable de L’Autre Usine. L’entreprise a désormais établi son premier bilan carbone. « Il n’est pas parfait », du fait de la difficulté à collecter certaines informations, mais « il permet d’identifier le poids des différents postes d’émission » de CO2. Et notamment le fait que « le déplacement des visiteurs et clients » constitue l’essentiel de l’empreinte carbone de l’entreprise.

CLEO, un outil dédié aux métiers de l’évènementiel

Autre exemple d’initiative, portée cette fois par l’Union française des métiers de l’événement (Unimev), qui représente l’ensemble des organisateurs de foires, salons, congrès et événements sportifs, des gestionnaires de sites d’accueil et des prestataires de services du secteur (350 entreprises adhérentes). La fédération a fait évoluer son outil de reporting qui permet d’évaluer la performance d’un évènement en y intégrant « un outil de calcul carbone adapté à la filière » et à « la diversité des métiers et des évènements », a expliqué Quentin Balblanc, responsable développement durable chez Unimev.

CLEO Carbone est « un outil standard auquel nous avons ajouté une surcouche ‘événementiel ‘», pour mesurer précisément l’empreinte carbone d’une prestation ou d’une entreprise. « Nous continuons de l’améliorer et d’en faire la promotion auprès de nos adhérents pour leur permettre de monter en compétences sur le calcul carbone et le bilan carbone », dans ce secteur où « le transport des personnes constituent environ 50% de l’empreinte carbone ». Prochaine étape : présenter et faire auditer l’outil par la Fédération internationale des métiers de l’évènementiel, l’UFI.

Une nouvelle expertise et une prestation que l’on peut vendre à ses clients

Gérant de l’agence Triangle Expositions, spécialisée en conception, réalisation et installation de stands, et co-président du LEADS, association qui réunit une soixantaine d’entreprises de ce secteur de l’évènementiel, Didier Hocquaux juge que CLEO Carbone est « un outil qui intègre notre langage métier ». Et grâce à ce travail de sourcing des émissions de carbone, « on trouve des solutions assez facilement dans nos métiers », y compris « des solutions qui sont économiquement très intéressantes ». C’est le cas, par exemple, en matière de réutilisation du matériel, avec le remontage des stands : « la part des stands au remontage était de 30 à 40% avant 2020, aujourd’hui on est à plus de 60% ».

Pour les entreprises, le principal frein à cette démarche est « l’investissement que cela représente, sur le plan financier, certes, mais surtout, en termes de temps, parce que c’est un sujet compliqué ». Chez Triangle Expositions, « nous avons fait de cette montée en compétences un atout dans nos relations commerciales avec nos clients. C’est une nouvelle expertise, en plus de l’expertise technique, design, logistique, etc. Les clients nous attendent et nous écoutent sur ce sujet. Si on me demande de mesurer l’empreinte d’un stand, c’est une vraie expertise et cela prend du temps. Et aujourd’hui nous vendons cette prestation d’accompagnement carbone, au même titre que tout le reste de notre accompagnement. »