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RH 2026

Dialogue social : une dynamique à réinventer pour accompagner les transformations

Dans un contexte de transformations rapides du travail, la question du dialogue social revient sur le devant de la scène. L’étude du cabinet Alternego « Redonner du souffle au dialogue social », publiée début décembre 2025, met en lumière une réalité ambivalente : si chacun reconnaît le rôle essentiel du dialogue social dans la régulation des organisations, beaucoup s’interrogent sur sa capacité à répondre aux attentes des salariés et à soutenir les mutations en cours.


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Pour 81 % des personnes interrogées* le dialogue social sert avant tout à protéger les droits des salariés et 71 % estiment qu’il accompagne utilement les transformations des entreprises. Loin d’être remis en question dans sa raison d’être, le dialogue social demeure perçu comme utile. Néanmoins, il reste considéré avant tout comme une obligation légale pour 74% des participants. Cette légitimité de fond ne s’accompagne pourtant pas toujours d’une réelle dynamique d’innovation sociale. Beaucoup associent encore les échanges sociaux à une suite de négociations obligatoires, parfois vécues comme routinières et déconnectées des enjeux de terrain. Les salariés les plus expérimentés dans ces processus expriment même une certaine forme de « déception » voire de « résignation ». « Les chiffres montrent un attachement profond au dialogue social, mais aussi une frustration croissante face à son manque d’impact réel. Les salariés y croient, mais n’en voient pas toujours les effets : ce paradoxe doit désormais agir comme un signal d’alerte pour les organisations », analyse Jean-François Poupard, directeur de l’expertise dialogue Social et QVCT au sein du cabinet de conseil et de formation AlterNego.

L’étude met également en évidence un décalage entre ceux qui organisent le dialogue social et ceux qui devraient en bénéficier directement. Les représentants du personnel se perçoivent comme les principaux relais d’information, et 47 % des salariés souhaitent être représentés par un syndicat. En revanche, même si managers et équipes RH sont au contact quotidien du terrain et sont donc essentiels pour rétablir la proximité qui fait défaut depuis la réforme des instances représentatives, ils ne sont pas toujours identifiés par les salariés comme des animateurs du dialogue social. Ainsi, seuls 49 % considèrent les managers comme des acteurs clés, et 33 % pour les RH.

Besoin d’information et de formation

Au-delà des mécanismes, c’est l’accès à l’information qui semble faire défaut. Les salariés expriment très clairement leur désir de mieux comprendre ce qui façonne leur quotidien professionnel. S’ils sont nombreux (72%) à souhaiter être sensibilisés au fonctionnement du dialogue social, ils ne sont qu’une minorité (14%) à considérer avoir réellement été formés sur le sujet. « Cette méconnaissance alimente un sentiment de distance vis-à-vis du dialogue social, perçu comme technique et réservé aux spécialistes », pointe l’étude. Ce déficit de connaissance se traduit par une difficulté à se saisir des débats collectifs et, plus largement, à anticiper les transformations à venir. Dans un contexte où l’inflation bouscule le pouvoir d’achat et où les mutations des métiers s’accélèrent, les attentes sont fortes : 95% veulent être informés sur les évolutions que va connaître leur organisation, 85 % de leurs droits et la même proportion des évolutions de leur secteur d’activité. L’information sociale devient un levier stratégique pour soutenir l’engagement et sécuriser les parcours.

Forte attente sur l’équilibre des vies

Les sujets jugés prioritaires par les salariés confirment cette aspiration à une relation de travail plus équilibrée et durable. Les conditions de travail arrivent en tête de leurs préoccupations, rapidement suivies par la conciliation des temps de vie. La question du pouvoir d’achat reste un marqueur incontournable de la relation salariale, tandis que le partage de la valeur, la santé au travail et l’équité de traitement s’installent comme des thèmes structurants. Enfin, même si l’impact environnemental et l’intégration de l’intelligence artificielle restent encore des sujets émergents, ils traduisent l’extension du dialogue social à des enjeux de société plus larges, liés à l’avenir des organisations.

Pour AlterNego, le dialogue social doit s’appuyer sur la co-responsabilité, celui-ci ne pouvant plus reposer uniquement sur les représentants du personnel ou sur la direction. Les DRH ont en ce sens un rôle déterminant à jouer : ils doivent outiller les managers pour qu’ils deviennent des relais crédibles de ce dialogue, renforcer la pédagogie sociale auprès des équipes et rétablir un lien direct entre négociation et action opérationnelle. Objectif, permettre aux entreprises de gagner en transparence, en réactivité et en capacité d’adhésion aux transformations.

* Etude réalisée par AlterNego en avril 2025, auprès de 4 290 salariés et acteurs du dialogue social