En 2025, « La beauté sauvera le monde », en ville

L'objectif est ambitieux : , 100 communes participant à l'opération « La beauté sauvera le monde » en 2025, contre 32 l'an dernier. Concrètement, il s'agit de mettre à la portée des citoyens des œuvres d'art en les insérant dans leur espace du quotidien. Dans les villes, abribus et panneaux publicitaires se transforment en supports culturels : les danseuses de Degas ou la nuit étoilée de Van Gogh s'affichent en lieu et place des publicités. « On a détourné ce qui est moche, de la publicité pour exposer ce qui est beau, de l’art (…) On veut créer des brèches de lumière dans la vie des gens, que les gens n’aient pas le choix que de se prendre une claque positive avec de la beauté dans le regard », explique Quentin Brière, maire de Saint-Dizier (Haute-Marne), initiateur de la démarche, en annonçant l'objectif de 100 communes pour 2025, relaye le journal Ouest France ( 13 juin). C'était à Versailles, dans le cadre de l'Université de la ville de demain. L'événement, portée par la Fondation Palladio, regroupe des acteurs divers ( élus, entrepreneurs, chercheurs... ) qui s'efforcent d'inventer la ville de demain, plus humaine, durable.

Quentin Brière y tient parfaitement sa place. C'est en 2021, en pleine pandémie, qu'il a imaginé le dispositif « La beauté sauvera le monde . Tout jeune élu ( 33 ans), il fait face à une crise majeure, sanitaire, économique, sociale, qui comporte aussi une dimension morale et provoque le désarroi des citoyens. Quentin Brière puise son inspiration dans la littérature pour y répondre ; il se souvient de la réplique « La beauté sauvera le monde » du prince Mychkine dans « L'Idiot » de Dostoïevski. Avec son équipe municipale, le maire décide d'afficher des œuvres de Renoir, Botticelli et Van Gogh sur les murs de la ville où bibliothèques et autres lieux de culture ont fermé leurs portes. Depuis, chaque année, la ville réalise trois semaines d’affichages.

La beauté et les beautés

Mais en 2024, « La beauté sauvera le monde » prend une autre dimension. Portée par l'association Villes de France, qui réunit les villes moyennes ( entre 10 000 et 100 000 habitants ) le dispositif essaime dans 32 communes, un peu partout en France. A Bagneux (Hauts-de-Seine), à Béthune (Pas-de-Calais), Bourges (Cher), Plouzané (Finistère), à Saint-Raphaël (Var)... Du 16 novembre au 8 décembre, toutes ces villes ont affiché des œuvres d'art.

Le Grand Palais Rmn, établissement culturel public qui regroupe de nombreuses missions, dont la gestion d'un fonds photographique de plus d' 1,5 million d’images, procède à la sélection d 'œuvres d'art emblématiques de la culture française, et accorde des droits de reproduction préférentiels aux communes. D'autres acteurs participent à l'opération en proposant des espaces d'exposition, dont SNCF Gares & Connexions, filiale de SNCF qui exploite les 3 000 gares françaises et Bouygues Bâtiment France. En 2024, l'entreprise a affiché des œuvres sur 14 chantiers. D'après le site internet de « La beauté sauvera le monde », ces partenaires se sont engagés à poursuivre et amplifier leur action en 2025. Et l'opération, soutenue par le ministère de la Culture, pourrait prendre plus d'ampleur en intégrant des acteurs supplémentaires et de nouvelles formes d'art. Elle devrait aussi évoluer sur le fond par un approfondissement de son propos. Le choix des œuvres pourrait se référer à des personnalités et à la culture locale de la ville, et des projets de médiation culturelle y être associés. Dans un souci de lutte contre le gaspillage, une fois l’opération culturelle terminée, les collectivités peuvent accrocher les affiches dans leurs mairie ou leurs écoles, ou bien les offrir aux commerçants ou aux citoyens...