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Economie

En croissance de 25%, le commerce équitable décolle en France

L’année 2024 a été une année exceptionnelle pour le commerce équitable en France avec une hausse de 25% des ventes, portant le marché français à 2,6 milliards d’euros. Ce dynamisme est porté principalement par l’essor des filières locales, qui concurrencent désormais en valeur les produits importés.


En dix ans, les ventes de produits issus du commerce équitable ont été multipliées par cinq. © Kamonrat
En dix ans, les ventes de produits issus du commerce équitable ont été multipliées par cinq. © Kamonrat

Acheter solidaire, nouvelle habitude de consommation des Français ? Leur attrait pour les produits issus du commerce équitable, qui garantit une juste rémunération des producteurs, s’est nettement renforcé en 2024. C’est ce qui ressort de l’observatoire annuel du collectif Commerce Equitable France, paru ce 17 juin. 

À contre-courant d’une consommation alimentaire atone (+1,3% selon l’Insee), le chiffre d'affaires de la filière a bondi de 25%, à 2,6 milliards d'euros. Cet essor, selon les données dévoilées, est principalement tiré par le dynamisme remarquable des filières françaises, qui enregistrent une croissance de 65%. Les principes de ce modèle économique semblent être de plus en plus en phase avec les valeurs des Français. «Le combat historique des acteurs de commerce équitable pour la juste rémunération des petits producteurs du Sud se déploie avec succès dans les filières agricoles et alimentaires françaises», souligne l’étude.

Et l’offre de produits équitables «origine France» s’étoffe et se diversifie dans toutes les catégories alimentaires, du lait aux fruits et légumes en passant par les céréales. L’observatoire cite en exemple la filière des produits laitiers équitables (bio ou conventionnels), qui progresse de 34%. Fait marquant : en valeur, les produits équitables «made in France» (1,3 milliard d’euros) pèsent désormais quasiment autant que les produits tropicaux équitables traditionnels comme le cacao, le thé ou le café (1,3 milliard d’euros).

Une réglementation française favorable

Cette performance du commerce équitable en 2024 est aussi le fruit d’une décennie de structuration du secteur, favorisée par la réglementation française, unique à l’échelle européenne, explique Commerce Equitable France. La loi relative à l’Economie sociale et solidaire (ESS) de 2014 a ainsi ancré les principes du commerce équitable, et la loi Climat de 2021 a consolidé cette base en exigeant des labels indépendants pour garantir l’authenticité des engagements des entreprises et en soulignant son rôle dans les transitions agro-écologiques.

Les chiffres de 2024 attestent de ce succès. Pour garantir la mise en œuvre des engagements légaux, ce sont huit labels de commerce équitable qui sont actifs (Fairtrade Max Havelaar, Fair for life ou Agri-Ethique…), 37% des produits équitables «made in France» arborent la double labellisation bio et équitable. Près de 600 entreprises, majoritairement des PME, sont désormais engagées dans ces filières, offrant un choix de 15 000 références de produits labellisés, un bond considérable par rapport aux 3 500 existantes dix années auparavant. L’impact sur les producteurs est significatif : 12 000 producteurs français, regroupés au sein de 100 organisations paysannes, profitent de ces partenariats.

Les filières internationales affichent un bilan plus mitigé. Malgré une croissance globale limitée (1%), certains segments affichent des avancées significatives comme le sucre (+42%) et le café (+4%).

Des réseaux de distribution qui suivent

Les produits issus du commerce équitable sont aussi de plus en plus accessibles grâce à la diversité des canaux de distribution. Les grandes et moyennes surfaces (GMS) représentent désormais près de la moitié des ventes (46,6%, contre 43% en 2023). Cette accessibilité dans les supermarchés attribuée aux filières équitables « made in France » contribue à renforcer la notoriété de l’approche, note le collectif, et à l’ancrer davantage dans les habitudes de consommation des Français .

Autre constat, la vente de produits équitables «hors domicile» monte également en puissance (+42%) stimulée par la restauration collective, pour représenter 15,5% du total. Cette dynamique est impulsée par la loi EGalim, obligeant la restauration publique à proposer un minimum de 50% de produits issus de l’agriculture durable dans les cantines. Une réglementation qui a ouvert de nouvelles opportunités commerciales, entraînant le développement d’une offre spécifique pour ce segment incluant à la fois des produits issus de filières équitables internationales et des filières locales «made in France».

Le chiffre clé

En dix ans, les ventes de produits issus du commerce équitable ont été multipliées par cinq.