Enercoop milite pour une énergie locale et citoyenne
Les prix de l’énergie, en particulier l’électricité, connaissent une hausse constante des prix depuis plusieurs années, notamment suite aux conflits géopolitiques dont les conséquences touchent l’Europe de plein fouet. Dans un marché de l’électricité de plus en plus concurrentiel en France, il existe des alternatives aux géants du secteur. A l’image d’Enercoop, coopérative citoyenne et militante.
Le marché de l’électricité en France est mouvant, avec des prix fluctuants et une utilisation si ancrée dans le quotidien que plus personne n’y fait vraiment attention. Outre les mastodontes du secteur comme EDF, Engie ou encore TotalEnergies, il existe des alternatives. Parmi elles, on trouve Enercoop. Une anomalie dans un secteur ultra concurrentiel où la course au profit est féroce. Enercoop, c’est une coopérative créée en 2005, avec un impact national, avant que naissent progressivement des coopératives locales, dont celle des Hauts-de-France à Lille en 2011.
Enercoop Hauts-de-France est donc un fournisseur d’énergies, mais c’est aussi «un pourvoyeur de service énergétique et on a une offre globale d’accompagnement à la transition énergétique, notamment pour les entreprises et les collectivités», comme l’explique Johan Gut, responsable commercial et directeur général d’Enercoop Hauts-de-France. Le point principal du projet d’Enercoop est d’avoir une énergie verte, renouvelable et locale, avec des producteurs locaux sur de l’éolien terrestre et du photovoltaïque, production intrinsèquement liée au modèle coopératif voulu par Enercoop. «Nous avons un slogan : ‘la transition énergétique sera citoyenne ou ne sera pas’, souligne Johan Gut. Si les acteurs du territoire, notamment les habitants, ne se saisissent pas de ces questions, on va tout rater. L’idée est de dire qu’il y a de nouvelles façons de consommer l’énergie appuyant ce genre de démarche.»
Un accompagnement à la sobriété
Ces démarches consistent, le plus souvent, à installer ou financer une petite centrale photovoltaïque et de proposer aux habitants, à la collectivité locale ainsi qu’aux consommateurs du territoire, d’investir dans le projet et devenir sociétaire de la coopérative. Cela leur permettra donc de bénéficier d’une énergie produite localement par la centrale de leur territoire et de mutualiser les risques. En outre, le consommateur est solidaire du producteur. «C’est ce qu’on appelle de l’autoconsommation collective», sourit le directeur général. Avec plus de 500 producteurs disséminés sur tout le territoire, l’accompagnement à la sobriété souhaité par la coopérative est en bonne voie, avec une grande place donnée «à l’expertise et à l’accompagnement et surtout répondre aux besoins et aux attentes des acteurs des territoires».
«Répondre aux besoins et aux attentes des acteurs des territoires»
Ce fonctionnement coopératif et local permet également de créer des emplois locaux et donc de mettre en place une économie circulaire, sociale et solidaire, essentiel au modèle voulu par Enercoop. Pour Johan Gut, il est nécessaire «d’arrêter de faire des mastodontes de production et relocaliser. Soyons plus territoriaux dans la façon de penser les systèmes énergétiques». Une évolution du système qui plaît à plus de 115 000 clients dans toute la France, dont 4 500 dans la région Hauts-de-France, dont la majorité se trouve dans le département du Nord. Alors qu’à l’inverse, les projets de production sont bien plus présents dans le Pas-de-Calais, dans des villes comme Arras ou Vimy. La plus grande partie des clients est constituée de particuliers, mais les collectivités et les entreprises sont présentes également, «du petit boulanger de quartier à la marque de cosmétique Avril, en passant par les magasins bio».
Des chiffres modestes comparés à ceux d’EDF (34,9 millions de clients électricité et 6,6 millions de clients gaz), mais la concurrence n’est pas au cœur des préoccupations d’Enercoop. «On ne vient pas avec les mêmes intentions. Nous n’avons pas un positionnement où l’on va attirer les gens, car nous avons le tarif le plus intéressant», précise Johan Gut, qui ajoute : «Nous n’avons pas du tout les mêmes qualités d’approvisionnement, de sourcing ou de producteurs. La particularité d’Enercoop, c’est qu’il ne faut pas regarder le prix uniquement. Il faut aussi regarder ce qui se cache derrière le prix et se poser la question de ce que l’on finance en tant que consommateur». La course au tarif n’est donc pas l’objectif de la coopérative, qui a plutôt pour but de continuer son développement et d’investir dans des centrales photovoltaïques, tout en recrutant et en réalisant des levées de fonds, avec une vision à l’horizon 2030.
CHIFFRES
- 4 500 clients sur la région
- 8 employés
- 550 000 euros de CA