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Forum Femmes et Challenges : «Il faut que les règles changent»

Ce 4 décembre, le Zénith de Rouen accueillait la septième édition du forum Femmes et Challenges. Durant toute la journée, des invités de marque ont partagé leur témoignage.

De gauche à droite : Caroline Quesnay (modératrice de la rencontre), Sophie Gaugain, Gaëlle Le Vu, Karine Bourguignon et Dominique Carlac'h. © Aletheia Press / L.Brémont
De gauche à droite : Caroline Quesnay (modératrice de la rencontre), Sophie Gaugain, Gaëlle Le Vu, Karine Bourguignon et Dominique Carlac'h. © Aletheia Press / L.Brémont

«Ce matin, j'étais à Paris pour passer un entretien d'embauche dans une grande entreprise. Le recruteur m'a dit qu'il m'aurait embauché immédiatement… si je n'avais pas deux enfants». Ce témoignage, c'est une participante au Forum Femmes et Challenges qui l'a partagé, ce 4 décembre au Zénith de Rouen. Une «anecdote» au goût amer qui montre l'importance des rencontres professionnelles dédiées aux femmes pour leur donner les moyens de surmonter les difficultés dans leur carrière.

«L'égalité est plus qu'un droit, c'est une force»

«Il faut que les règles changent et faire de la parité un point d'accès et non une finalité», a réagi avec force, la première invitée de l'après-midi, Nicole Ameline, membre du comité consultatif du conseil des droits de l’Homme de l’ONU et présidente de l’Institut international des droits de l’homme et de la paix. Celle qui fut notamment ministre de la Parité et de l'Égalité Professionnelle entre 2002 et 2005, estime que les femmes sont face à des défis «disruptifs» qui nécessitent de «changer les systèmes de gouvernances et non pas simplement de les partager». Un impératif pour «aboutir à une intelligence collective». Nicole Ameline le rappelle : «l'égalité est plus qu'un droit, c'est une force».

Une analyse que les invitées de la seconde partie de l'après-midi ont illustré en partageant leurs visions du leadership. Karine Bourguignon, directrice générale du Crédit agricole Normandie-Seine, souligne l'importance d'être soi-même. «J'ai appris à accepter mon émotivité, à laisser couler mes larmes. J'en ai eu longtemps honte car c'est associé à une faiblesse». La responsable estime que le management passe «par un discours de transparence» indispensable pour faire adhérer les équipes.

«Être une femme en milieu rural, c'est la double peine»

Pour Gaëlle Le Vu, directrice de cabinet du CEO d’Orange France, diriger nécessite «d'avoir des convictions, des valeurs et une véritable vision stratégique». En co-lançant, en 2013, le réseau Innov'elles, la responsable a voulu accompagner concrètement les femmes dans leur carrière professionnelle. La volonté d'agir sur le terrain anime également Sophie Gaugain, vice-présidente de la Région Normandie et membre du Haut Conseil à l'égalité. L'élue entend lutter contre les freins qui s'empilent : «Être une femme en milieu rural, vous êtes éloignée de toutes les solutions, c'est la double peine». Sa méthode ? «J'aime partir d'une idée, l'appliquer au plus près du territoire et en faire un exemple national», résume Sophie Gaugain.

Dominique Carlac'h, vice-présidente d’ABGi, membre du conseil exécutif du Medef et fondatrice du réseau Femmes du Medef, veut aussi faire bouger les lignes. «Les structures doivent se responsabiliser et se réformer de l'intérieur plutôt que de mettre uniquement en place des partenariats donnant bonne conscience» remarque-t-elle. L'entrepreneuse s'agace, de même, de voir des femmes mises systématiquement en avant, utilisées comme «alibi» ou «modèle», et «qui cachent toutes les autres». «Nous devons passer de la singularité à l'universalité. La mixité doit devenir un standard» affirme-t-elle.

Pour cela, Nicole Ameline appelle «à choisir la liberté, oser réussir pour soi mais aussi pour servir le monde et pour toutes celles qui n'ont pas cette liberté». Un programme ambitieux qui semble à la portée de chacune aux yeux des intervenantes. «Dans cette salle, il n'y a que des championnes», sourit Dominique Carlac'h.

Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont