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Grand froid: bénévoles et associations en première ligne pour secourir les sans-abri

Face au froid sévère qui s'est abattu sur la France, les associations redoublent d'efforts pour aider les sans-abri, soutenues par des bénévoles occasionnels pendant...

 © Quentin TYBERGHIEN
© Quentin TYBERGHIEN

Face au froid sévère qui s'est abattu sur la France, les associations redoublent d'efforts pour aider les sans-abri, soutenues par des bénévoles occasionnels pendant les vacances de fin d'année.

Nakunzi Fumiasuca, 36 ans, vivait sous une tente dans le nord-est de Paris. "J'ai appelé le 115 à 6H car j'avais froid. On m'a rappelé à 16 heures pour me dire de venir à la Mie de Pain. Ici je dors tranquillement, sans peur de l'insécurité, et j'ai pu voir un médecin", raconte-t-il.

L'association gère le plus gros centre d'hébergement d'urgence de Paris, avec 379 lits sur sept étages. Elle a poussé les murs pour ajouter 16 lits dans le cadre du plan grand froid activé dimanche à Paris, auxquels s'ajoutent dix autres dans un centre pour femmes.

Dans une chambre divisée en boxes, des lits superposés ont remplacé des lits simples pour faire dormir 8 personnes. 

Les nouveaux venus se glissent dans la longue file des 600 personnes qui viennent prendre un repas à 18 heures. Ce soir-là, 12 bénévoles servent le repas, contre huit habituellement. 

"Certains bénévoles réguliers sont absents, comme des grands-parents retraités qui se consacrent à leur famille, mais d'autres, qui veulent faire une action solidaire pendant les fêtes, compensent: un homme séparé vient une année sur deux quand il n'a pas ses enfants, des parents avec leurs ados...", explique Heuria Mir, de la Mie de Pain.

Contrôleuse de gestion de 45 ans et mère de deux enfants, Julia vient de changer de travail et n'avait pas de congés: "Je me suis aperçue que j'allais être seule pendant les vacances et je me suis proposée pour Noël".

William Warin, cuisinier de 28 ans, est venu avec un ami. "Plutôt que boire un verre, on fait quelque chose ensemble", explique-t-il.

Renforcer les maraudes

Le Secours catholique constate aussi une évolution du bénévolat pendant les vacances. Cent bénévoles ont passé le réveillon de Noël sur une péniche avec 600 personnes précaires.

"Nous adaptons nos missions pour leur permettre de s'engager. Nous avons de plus en plus de jeunes pris par leur travail, qui donnent un coup de main ponctuel", explique Didier Duriez, président du Secours catholique, soulignant qu'à "chaque grande crise, des volontaires répondent présents".

Face au froid, l'association a pu grâce à eux renforcer les maraudes, tandis que la capacité d'accueil de jour était doublée et les horaires d'ouverture étendus en soirée.

"Dès que les températures ont chuté, nous nous sommes mis en ordre de bataille", explique Claude Girardi, vice-président de la Croix Rouge française.

Les personnes logées dans ses centres d'hébergement d'urgence peuvent exceptionnellement y rester en journée alors que d'habitude elles les quittent le matin. "Certains accueils de jour restent ouverts en soirée et se transforment en centres de nuit", explique-t-il.

Ces accueils d'urgence peuvent être une porte de sortie de la rue. Ainsi Taha Nouri, 32 ans, arrivé de Libye en 2021, vit dehors depuis. Repéré lundi par une maraude, il a trouvé un lit à la Mie de Pain, jusqu'au 5 janvier. "J'ai pu prendre une douche, bien manger, voir un médecin, obtenir des médicaments", explique ce réfugié.

"Il peut sortir définitivement de la rue si on l'accompagne vers un hébergement pérenne et un emploi", assure Tahar Akarkar, directeur adjoint du Refuge de la Mie de Pain. L'association propose des consultations avec des médecins retraités bénévoles, des travailleurs sociaux et des dispositifs d'insertion professionnelle.

"Si nous arrivons à sortir de la rue, ne serait-ce que deux personnes adressées par le plan grand Froid, ce sera une réussite", estime-t-il.

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