"Grand réveil alimentaire": la FNSEA rejette une "opération de communication" ministérielle
La FNSEA a fait savoir jeudi qu'elle ne participerait pas à une matinée baptisée "Le grand réveil alimentaire" annoncée par le ministère de l'Agriculture qui, pour le puissant syndicat, "s'apparente...
La FNSEA a fait savoir jeudi qu'elle ne participerait pas à une matinée baptisée "Le grand réveil alimentaire" annoncée par le ministère de l'Agriculture qui, pour le puissant syndicat, "s'apparente davantage à une opération de communication".
Le ministère a annoncé la tenue le 8 décembre au marché de Rungis d'un événement baptisé "Le grand réveil alimentaire", avec "un discours majeur" prononcé par Annie Genevard pour lancer les conférences promises sur la future stratégie française en matière de souveraineté alimentaire.
Ces conférences, qui doivent déboucher sur des plans de filières, sont prévues par la loi d'orientation agricole adoptée début 2025.
La ministre en a souligné "la nécessité", devant une commission sénatoriale mercredi, alors que la dégradation de la balance commerciale agricole et alimentaire française constitue une "alerte à un niveau maximal".
Mme Genevard évoque souvent les fruits et légumes, que la France importe massivement, ou la perte de souveraineté sur la volaille quand la moitié des poulets consommés viennent d'Ukraine ou du Brésil, ou encore la viticulture, confrontée à des crises structurelles.
"La souveraineté alimentaire est un enjeu majeur" et la FNSEA, qui y travaille "depuis des années", "réaffirme son engagement à participer pleinement aux groupes de travail" des futures conférences sur le sujet, a réagi le syndicat dans un communiqué jeudi.
"En revanche, la FNSEA s'étonne profondément de la forme donnée à la séquence de lancement annoncée". Pour le syndicat, "une telle séquence ne prendrait sens qu'à l'issue des travaux" et son intitulé, "Grand Réveil", "laisse entendre que le secteur se serait assoupi".
Du côté des Jeunes Agriculteurs (JA), on temporise au sujet de cette journée du 8: "nous croyons à ces conférences de la souveraineté alimentaires (...). Notre présence ou non lors de l'opération de lancement le 8 décembre n'enlève rien à notre niveau d'exigence et notre envie d'être pleinement acteurs, et ce afin d'éviter que ces conférences n'aboutissent à un énième document qui finira dans un placard", a réagi le syndicat jeudi.
Pour eux, "ces conférences devront aboutir à des déclinaisons concrètes. C'est en planifiant nos politiques agricoles et en structurant nos filières que nous relèverons les défis économiques, démographiques ou climatiques de l'agriculture".
Christiane Lambert, qui chapeautera le groupe de travail dédié à la viande blanche et préside la Fédération des industriels charcutiers et traiteurs (FICT) après avoir présidé la FNSEA, avait mis en garde contre des conférences trop théoriques et sans mise en pratique, disant à l'AFP "attendre de voir".
Du côté des viticulteurs, où on attend des annonces d'urgence promises par la ministre d'ici fin novembre, l'impatience point aussi.
"J'espère pouvoir annoncer des nouvelles rassurantes. Mais il faut à la fois convaincre l'Europe de débloquer une réserve de crise, et il faut convaincre Bercy d'apporter des moyens supplémentaires", a dit Mme Genevard mercredi lors d'une audition au Sénat.
Une rencontre est prévue lundi entre le secteur et la ministre, qui doit aussi se rendre mardi au salon professionnel de la viticulture de Montpellier (Sitevi).
"Le monde viticole est à cran. Je le dis clairement, ou la ministre vient lundi pour annoncer un plan, ou si elle n'a pas d'annonce à faire, il vaut mieux qu'elle ne vienne pas," a dit jeudi à l'AFP Jérôme Despey, premier vice-président de la FNSEA, en charge de la viticulture.
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