Hautes-Alpes: l'ex-station de ski de Céüze rend son site à la nature
L'ex-station de ski de Céüze (Hautes-Alpes), à l'arrêt depuis plusieurs années faute d'or blanc et de rentabilité, va commencer à partir de la semaine prochaine à démanteler ses vieux téléskis...
L'ex-station de ski de Céüze (Hautes-Alpes), à l'arrêt depuis plusieurs années faute d'or blanc et de rentabilité, va commencer à partir de la semaine prochaine à démanteler ses vieux téléskis pour rendre le site à la nature.
Située à une altitude comprise entre 1.550 et 2.000 mètres et confrontée à un "enneigement devenu de plus en plus incertain", cette petite station familiale proche de Gap verra à partir de mardi s'abattre les quelque 25 pylônes qui permettaient jadis à ses huit téléskis de fonctionner.
Le démontage, qui sera mené par une entreprise de travaux publics et devrait durer près de deux mois, est le fruit d'un "choix mûri et partagé", faisant suite à "plus de dix années de réflexion et de concertation", a indiqué dans un communiqué la communauté de communes Buëch-Dévoluy, qui gérait le domaine.
"Il a fallu prendre le temps nécessaire à cette décision irréversible du démontage: à la fois sur le plan administratif, mais aussi d’un point de vue de l’acceptation sociale", a indiqué Michel Ricou-Charles, président de la communauté de communes, cité dans le communiqué.
Si, "aujourd’hui chacun a fait son deuil" de la station de ski, "c’est un massif qui continue de vivre. On n’est pas sur une station fantôme !", a-t-il ajouté.
La station, où une dizaine de personnes réside à l'année, mise désormais sur les activités de pleine nature comme la randonnée, les raquettes, le ski de randonnée, le VTT ou encore l'escalade, avec ses spectaculaires falaises prisées des grimpeurs de très haut niveau.
Créé à partir des années 1930, le domaine skiable de Gap Céüze 2000 avait ouvert ses remontées mécaniques une dernière fois durant l’hiver 2017-2018 avant de jeter l'éponge, victime du manque d'enneigement mais aussi d'un matériel vieillissant et d'une baisse de fréquentation.
"C'est bien que ce soit démantelé, on attend ça depuis longtemps", a déclaré par téléphone à l'AFP Nathalie Ghesquiere, gérante du gîte La Montagne, situé à quelques kilomètres de l'ancienne station.
En l'état, "c'est moche et écologiquement pas top (...) L'hiver, il y a plein de gens qui font du ski de rando, de la raquette" et une fois les installations retirées, "ça ne peut être que plus joli, donc c'est très bien", estime-t-elle. Elle-même se déclare "pas du tout inquiète" pour l'attractivité touristique du site, même si "beaucoup de personnes sont tristes que ça ne tourne plus".
Appel à "faire des petits
L'opération de démontage des remontées mécaniques, dotée d'un budget de 137.000 euros voté en septembre 2024, a été précédée d'une étude faune-flore sur le site. Elle a pour ambition de "retirer de la manière la plus vertueuse du site toute source de danger ou de pollution induite par les anciennes installations", indique la communauté de communes.
L'association de défense de l'environnement Mountain Wilderness, active depuis 2001 dans le démontage bénévole d'"installations obsolètes" et notamment de déchets liés à l'industrie du ski, a apporté son expertise au chantier, a indiqué à l'AFP l'un de ses porte-parole, Jean Gaboriau.
Une fois abattus, les pylônes et autres matériaux de Céüze devraient être héliportés afin d'éviter de "labourer le terrain" avec de gros engins et finiront en partie réemployés par une autre station, ou à la ferraille (90 tonnes estimées).
"On se réjouit que la communauté de communes prenne en charge (le chantier). On aimerait bien que ça fasse des petits, que ça essaime" dans d'autres sites, souligne-t-il.
Mountain Wilderness, qui a déjà démonté une vingtaine de vieilles remontées mécaniques, en recense plus d'une centaine d'autres abandonnées à la rouille dans les massifs français, ainsi que des milliers de déchets militaires, industriels, forestiers ou agricoles.
En France, au moins 186 stations de ski, principalement des "micro-domaines", ont définitivement fermé depuis leur création pour des raisons avant tout économiques selon le chercheur Pierre-Alexandre Metral, doctorant en géographie à l'université de Grenoble, dont la thèse est consacrée au sujet.
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