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Horizon Hautes-Côtes, une cartographie pour guider l’avenir du vignoble

Porté par une croissance soutenue et la nécessité d’adapter le vignoble aux mutations climatiques, l’ODG des Hautes-Côtes lance un programme inédit de cartographie destiné, entre autres, à éclairer les choix de plantation et préserver les paysages. 

Les Hautes-Côtes de Beaune et de Nuits, nouvel eldorado de la Bourgogne viticole. © Johann Michalczak
Les Hautes-Côtes de Beaune et de Nuits, nouvel eldorado de la Bourgogne viticole. © Johann Michalczak

À l’heure où la pression foncière s’intensifie dans la Côte viticole (principalement en Côte d'or et sur quelques communes de Saône-et-Loire), les Hautes-Côtes de Beaune et de Nuits s’imposent discrètement comme l’un des grands terrains de jeu des vignerons bourguignons. Sur ce vaste plateau qui surplombe la côte, la dynamique de plantation dépasse depuis cinq ans les 2,3 % par an, soit deux fois la moyenne régionale.

Un rythme soutenu, porté par la quête de fraîcheur dans les vins, la hausse des températures et l’accessibilité des terres. "Nous avions besoin d’un outil pour clarifier les possibles, objectiver les choix et éviter les déconvenues. L’enjeu, c’est de savoir où planter, et où ne pas planter", résume Nicolas Thevenot, président du syndicat des Hautes-Côtes, organisme de défense et de gestion (ODG), à l’origine du projet Horizon.

Ce programme, inédit en Bourgogne, consiste à documenter finement les 47 communes de l’aire d’appellation en croisant les données viticoles, les contraintes environnementales, les enjeux climatiques et le potentiel géologique. L’objectif : mettre à disposition un SIG (système d’information géographique) capable, à terme, d’orienter les porteurs de projets, les domaines ou le négoce vers les secteurs les plus prometteurs — et d’écarter ceux dont les contraintes rendent la plantation inopportune.

2 600 hectares classés vierges

Le vignoble compte aujourd’hui 1 834 hectares revendiqués en Hautes-Côtes (78 % de rouge, 22 % de blanc). © Johann Michalczak

À 100 mètres en moyenne au-dessus de la Côte, les Hautes-Côtes sont parmi les premiers bénéficiaires du réchauffement climatique : amplitudes thermiques modérées, maturation plus régulière, fraîcheur préservée. "Les années chaudes vont dans le bon sens pour nous. Nous n’avons plus de problèmes de sous-maturité et nous gardons des équilibres acides élégants", observe Nicolas Thevenot. Cet atout explique l’arrivée de nouvelles installations, l’intérêt croissant des maisons de négoce — dont les Grands Chais de France — et le rôle majeur joué par la coopérative Nuiton-Beaunoy, qui vinifie 17 % des volumes.

Le vignoble compte aujourd’hui 1 834 hectares revendiqués en Hautes-Côtes (78 % de rouge, 22 % de blanc), auxquels s’ajoutent les zones plantées en crémant, aligoté ou coteaux bourguignons, portant l’ensemble à 2 500 hectares. Mais le potentiel est vertigineux : 2 600 hectares classés restent encore vierges. De quoi imaginer, à long terme, un doublement du vignoble — à condition d’identifier les terroirs les plus cohérents.

Croiser les données

C’est le rôle des études menées dans le cadre d’Horizon Hautes-Côtes : analyse des sols et de la géologie confiée à Adama, modélisation climatique assurée par Vineis Projets, intégration des données Natura 2000 produites par la LPO, superposition des contraintes de pente, d’érosion, d’urbanisme ou d’hydrométrie.

Les communes de Nantoux et Meloisey serviront de territoires pilotes dès 2026. Le projet est soutenu financièrement par le Comité Bourgogne et par la Région Bourgogne–Franche-Comté, chacun assurant 50 % des quelque 100 000 € engagés dans cette première phase. Mais au-delà de l’outil technique, l'ODG revendique une démarche collective. "Ce projet rassemble l’Inao, la DDT, les Climats du vignoble, les vignerons, les coopératives, le négoce. Rien que cela, c’est une avancée", salue Nicolas Thevenot.

Pour Aletheia Press, Arnaud Morel