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IA en entreprise : la France frileuse ?

L’adoption par les entreprises de l’intelligence artificielle progresse, mais demeure inférieure à la moyenne européenne, avec de fortes disparités selon la taille et le secteur d’activité. Les technologies d’analyse de langage et d’apprentissage automatique sont les plus utilisées, principalement pour le marketing, les ventes et la production.

(c) adobestock
(c) adobestock

L’adoption de l’IA progresse mais à pas comptés au sein des entreprises françaises. L’étude de l’Insee, consacrée aux TIC dans les entreprises, parue le 1er juillet, révèle qu’en 2024, 10% des sociétés établies dans l’Hexagone intègrent au moins une technologie d’IA, soit une progression de 4 points sur un an. Mais la France demeure en retrait par rapport à l’Union européenne où, en moyenne, 13% des entreprises ont franchi le pas.

Selon les données dévoilées, l’intégration de ces technologies avancées n’est pas uniforme. L’IA séduit avant tout les grandes structures : un tiers des entreprises de 250 salariés ou plus y ont recours, contre seulement 15 % des PME (de 50 à 249 salariés) et 9% de celles comptant moins de 50 salariés. Et cet écart se creuse par rapport à l’année précédente, passant de 16 à 24 points entre la première et la dernière catégorie d’entreprises. « Adopter de nouvelles technologies nécessite de supporter des coûts fixes, rappelle l’Insee, et s’avère d’autant moins coûteux que l’entreprise dispose déjà d’actifs complémentaires à l’IA (infrastructure et compétences numériques, etc.) ».

Des disparités sectorielles marquées

Côté secteurs, l’information-communication se positionne - assez logiquement- en leader de l’adoption de l’IA, avec 42% de ses entreprises exploitant ces technologies, un chiffre en forte hausse (+12 points) par rapport à 2023. En revanche, certains secteurs comme les transports et l’entreposage, l’hébergement et la restauration ou encore la construction restent à convaincre, avec des taux d’adoption nettement inférieurs (5% ou moins). Les activités spécialisées, scientifiques et techniques (qui incluent notamment les activités juridiques, comptables, de gestion), quant à elles, s’ouvrent progressivement à ces outils (17%), tandis que le commerce double ce taux en un an (de 4% à 10%), comme, les activités immobilières (de 7 % à 14 %).

D’autres éléments renforcent les chances d’adopter l’IA : appartenir à un groupe international ou employer une proportion élevée d’ingénieurs et de cadres techniques favorise nettement l’intégration de ces technologies. À titre d’exemple, les entreprises disposant d’au moins 15% de ces compétences ont plus de deux fois plus de probabilité d’utiliser l’IA, note l’Insee.

Des finalités diverses

Le type de technologies choisies varie également : l’analyse du langage écrit (44%) et l’apprentissage automatique (machine learning) pour l’analyse de données (41%) arrivent en tête. Ces dispositifs sont souvent utilisés à des fins marketing et commerciales (28%) ou pour optimiser la production et les services (27%). Les entreprises les plus avancées en IA ont souvent recours à plusieurs de ces technologies simultanément. Celles permettant le mouvement physique des machines (robots autonomes, par exemple) sont déclarées par 7 % seulement des entreprises, et leur usage a peu évolué en un an, note l’Insee. Autre constat, le recours à l’IA s’accompagne souvent d’une appétence plus large pour d’autres outils numériques : réalité augmentée, virtuelle, cybersécurité ou analyse de données font partie du quotidien de ces entreprises plus technophiles.

Un potentiel encore à explorer face à l’Europe

Si l’IA progresse nettement, en France, les entreprises restent à la traîne de la moyenne des pays l’Union européenne. « Le recours à l’IA reste plus élevé en UE, quels que soient la taille ou le secteur de l’entreprise », souligne l’Insee. En 2024, 13% des entreprises européennes utilisent l’IA, soit trois points de plus que leurs homologues françaises. Et cet écart ne s’est pas réduit par rapport à 2023. Les grandes entreprises ou celles du secteur de l’information-communication, pourtant en pointe en France, affichent un taux d’utilisation inférieur de 8 et 7 points à la moyenne européenne de leur catégorie (respectivement 41 % et 49%).

Dans un paysage européen contrasté en matière d’adoption de l’IA, les pays nordiques se distinguent avec une nette longueur d’avance, affichant des taux d’usage de 24 à 28 %, devant la Belgique (25 %) et l’Allemagne (20 %). A contrario, l’Europe de l’Est (3 à 7%) reste nettement en retrait. La France se positionne aux côtés de l’Italie (8%) et de l’Espagne (11%). Un retard que le gouvernement compte combler : pour booster l’appropriation par les entreprises, il vient de lancer le plan « Osez l’IA ».

AÏcha BAGHDAD et B.L