Inflexible sur la suspension de la réforme des retraites, le Sénat lance son marathon budgétaire
La Chambre haute a entamé son marathon par l'examen du budget de la Sécurité sociale. Une occasion pour la droite de marteler son opposition inflexible à la suspension de la réforme des retraites, au risque d'anéantir toute chance de compromis final au Parlement.
Après plusieurs semaines de débats parfois chaotiques à l'Assemblée nationale, les projecteurs se braquent désormais sur le Palais du Luxembourg. Les sénateurs se sont saisis du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Ils s'empareront plus tard du budget de l'Etat, actuellement débattu à l'Assemblée. Sur le premier texte, ils siègeront sans interruption pendant sept jours, avant un vote prévu le 26 novembre.
A la différence de l'Assemblée nationale, la chambre haute dispose d'une très nette majorité acquise à une alliance entre la droite et les centristes. Cette configuration permet donc d'envisager sereinement un vote favorable, à condition d'arriver au bout des quelque 1 100 amendements soumis à l'hémicycle. Mais quelle sera la copie retenue ? Très irritée par le choix du gouvernement de se tourner vers le PS en vue de négocier sa survie, la majorité sénatoriale n'entend pas rentrer si facilement dans le compromis souhaité par Sébastien Lecornu.
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Faire le ménage
Droite et centristes n'auront donc aucun scrupule à refuser en bloc la concession majeure offerte par le gouvernement aux socialistes : la suspension jusqu'à janvier 2028 de la réforme des retraites. Mais cela n'est pas le seul objet de désaccord entre députés et sénateurs, ces derniers ayant promis de supprimer des dizaines de mesures votées à l'Assemblée.
La rapporteure générale du texte, Elisabeth Doineau, espère ramener le déficit de la Sécu à environ 17,5 milliards d'euros en 2026 - soit l'objectif initial du gouvernement - contre plus de 24 milliards selon la copie des députés. Ils s'opposent aussi à la hausse de la CSG sur le capital, autre victoire des députés socialistes.
"Retour des horreurs"
"C'est le retour des horreurs", se désespère le président des sénateurs socialistes Patrick Kanner, promettant des "débats aussi durs qu'en 2023 sur la réforme des retraites". Dans cette chambre où La France insoumise n'a aucun parlementaire, la gauche - socialiste, écologiste et communiste - a promis d'entrer en résistance et de "faire bloc", malgré ses divergences stratégiques sur le budget.
Au Sénat comme à l'Assemblée, l'immense majorité des parlementaires envisagent déjà l'échec de la commission mixte paritaire (CMP), réunion censée accorder les versions des deux chambres fin novembre. Cela obligerait les députés à entamer au pas de course une "nouvelle lecture" de ce PLFSS. Avec un risque chaque jour plus grand de voir le texte mis en place par voie d'ordonnances, si les délais constitutionnels - fixés au 12 décembre à minuit - sont dépassés.
Avec AFP