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Inquiétude sur les cession-transmissions

Le nombre de cession-transmissions d'entreprises est resté stable en 2024, d'après Bercy. Le niveau, faible au regard de la perspective des 500 000 dirigeants qui approchent de la retraite, constitue un enjeu majeur de politique publique. Pourtant, reprendre une entreprise s’avère moins risqué que d'en créer une.

©Adobe Stock.
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Stable. En 2024, le nombre de cession-transmissions en France a atteint 37 000, comme l'année précédente constate l'étude « Les transmissions d’entreprises : tendances, défis et enjeux pour l’économie française », publiée par la Direction générale des entreprises (Bercy) en juin dernier. Entre 2015 et 2019, le niveau de ces transactions s'était maintenu entre 35 000 et 36 000. Puis, il avait chuté durant la crise sanitaire pour atteindre un point bas (32 000) en 2020. Les cédants avaient préféré reporter leurs projets de cession dans l’attente d’un contexte économique plus favorable. En contrecoup, l'année 2022 avait connu un pic de cessions ( 38 500), avant que le niveau ne se stabilise à nouveau.

Selon l'étude, les entreprises de petite taille sont les premières concernées par les cession-transmissions. En 2023, 86 % des sociétés cédées comptaient moins de 10 salariés. Toutefois, en une décennie, la part de celles qui ne comptent aucun salarié a baissé : de 35 % à 31 % (entre 2012 et 2023). Dans la même période, la part des entreprises de 10 salariés et plus a connu une évolution inverse, passant de 10 à 14% des sociétés cédées.

Autre constat de l'étude, « la part des entreprises de services est élevée dans les cessions-transmissions, témoignant d’un renouvellement important de ces secteurs et de leur poids dans l’économie ». En tête, celui de l’hôtellerie-café-restauration (HCR) représente 29% des transactions en 2024 ( dont 12% de restauration traditionnelle). Juste derrière, le commerce regroupe 28% des transactions (dont 19% de commerce de détail). Dans ces secteurs, le taux de pérennité à trois ans est moins élevé que celui de la moyenne de l'ensemble des entreprises ( 82%). Il plafonne à 80% pour l’hébergement et la restauration et à 77% pour le commerce. Autre constat : les entreprises en cours de procédure collective ne représentent que 6,7 % des cessions en 2023, une proportion en baisse continue depuis le pic de 2014 (10,3 % ).

Un risque de disparition de milliers d'entreprises

Avec 500 000 dirigeants qui avaient au moins 60 ans en 2022, et donc susceptibles de prendre leur retraite dans la décennie en cours, le niveau de cessions-transmissions des entreprises en France constitue un véritable sujet de préoccupation. Cela concerne prioritairement les secteurs de l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale qui comportent 24% de dirigeants de 60 ans et plus, le commerce (22 %), ou encore les services aux entreprises (18 %). « Le manque de repreneurs et les difficultés inhérentes au marché des transmissions peuvent se traduire par la disparition de milliers d’entreprises chaque année. Or, ce phénomène risque de s’intensifier dans les années à venir, au vu du nombre croissant d’entreprises à céder », selon Bercy. Les secteurs de l’enseignement, de la santé, des services aux entreprises et du commerce, les plus concernés, représentent près de 3 millions d’emplois salariés. Cette situation constitue un gâchis économique d'autant plus important qu'une entreprise reprise constitue une meilleure affaire qu'une entreprise créée, selon Bercy. Une société rachetée présente un taux de pérennité à trois ans plus élevé (85,5 %) qu'une nouvellement créée (81,4 %). A la même échéance, les premières génèrent aussi un chiffre d’affaires et un nombre de salariés plus important que les secondes.

Pour autant, toutes les reprises ne se valent pas : lorsqu'elles sont réalisées par d'anciens salariés, les chances de survie de l'entreprise à trois ans sont plus importantes qu'avec d'autres profils de repreneurs. Et les sociétés reprises par des femmes sont plus durables que celles rachetées par des hommes. Toutefois, d'autres paramètres sont déterminants en matière de durée de vie d'une société, qu'il s'agisse d'une reprise ou d'une création : « la disponibilité de liquidités financières au démarrage ressort comme un facteur particulièrement important pour la pérennité de l’entreprise », note Bercy. Autre facteur favorable : un dirigeant entre 30 et 50 ans avec une expérience professionnelle supérieure à 10 ans.

Des aides à la reprise d'entreprise

Plusieurs dispositifs facilitent l'accès à des liquidités pour les repreneurs. Par exemple, la garantie transmission de Bpifrance, la banque publique d'investissement, qui concerne l’achat de titres (parts sociales, actions, etc.) et la reprise de fonds de commerce, limitant le risque d’un projet de transmission ou de reprise d’une PME de plus de trois ans. Les réseaux Initiative France et Entreprendre proposent des prêts d'honneur à taux zéro, sans garantie ni caution personnelle.