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L’eau au cœur des préoccupations agricoles de Côte d'Or

La chambre d’Agriculture de Côte-d’Or organisait un forum "eau et territoire" à Izier. Au cœur des préoccupations, le manque d’eau invite à chercher des solutions de stockage pour parer aux pertes de rendement attendues.

L'agriculture régionale sera coonfrontée à une baisse des rendements. @ Pexels
L'agriculture régionale sera coonfrontée à une baisse des rendements. @ Pexels

Le forum "eau et territoire", organisé en septembre à Izier par la chambre d’Agriculture de Côte-d’Or, mettait en lumière les impacts des changements climatiques sur le territoire. Concrètement, il s'agit de comprendre les conséquences d'une hausse moyenne de quatre degrés des températures par rapport aux normes actuelles. Mais Marjorie Ubertosi, enseignante – chercheure à l’institut Agro Dijon, a souligné la possibilité d'observer des températures ponctuelles supérieures aux canicules qui ponctuent les étés en France. "Ce changement est irrégulier et provoquera, par exemple, une augmentation potentielle de 5 à 30% de l’évapotranspiration selon les scénarios plus ou moins optimistes", a-t-elle développé.

L’experte a également rappelé que bien que les données annoncent une quantité annuelle de pluie semblable, sa distribution mensuelle changera. Il faut s'attendre à des précipitations moins abondantes pendant les mois ensoleillés et des automnes et des hivers plus humides. Et ce, avec en parallèle, une redistribution des débits des cours d’eau.

Le bilan hydrique se traduira par des crues en hiver, un remplissage plus intense des nappes mais aussi plus de périodes de sécheresse. "Pour maintenir un même niveau de production, le besoin de l'agriculture régionale en eau augmentera et, avec lui, le stress hydrique. Entre 2030 et 2049, ce sont 92 millions de mètres cubes supplémentaires qui seront nécessaires, 581 millions entre 2050 et 2069 et jusqu’à un besoin de plus 1 521 millions de mètres cubes à partir de 2080", détaille la l'enseignante-chercheuse Pour Marjorie Ubertosi, retenir l’eau en hiver ne répondra pas à l’ensemble des besoins.

Des installations pour irriguer

La chambre d’Agriculture a invité l’association syndicale autorisée (ASA) du Champaison, intervenant pour l'irrigation collective. Elle a partagé son expérience de dix ans sur le bassin de stockage d’eau situé à Fauverney. "Nous avons une retenue de 129 000 mètres cubes pour l’irrigation, neuf kilomètres de réseau pour la distribution sur les 300 hectares équipées" précise Pascal Chadoeuf, président de l’ASA du Champaison.

Alimenté par les eaux de pluie et les eaux de ruissellement, 10 millimètres de précipitations permettent au bassin de stocker 3 500 à 4 000 mètres cubes d’eau. Grâce à cet équipement, les huit agriculteurs concernés ont préservé 11 points de prélèvement souterrain, ont gagné en confort de travail et maintenu en activité de petites exploitations.

Des rendements qui seront impactés

Marjorie Ubertosi, enseignante – chercheure à l’institut Agro Dijon a présenté des projections climatiques et leurs impacts sur les exploitations agricoles. © Aletheia Press / Nadège Hubert

Si des aménagements sont possibles, il sera cependant nécessaire d'envisager une pénurie d'eau et ses conséquences sur les rendements. Aujourd’hui, la région produit annuellement environ 4,98 millions de tonnes de blé. L’enseignante-chercheure a ainsi estimé "une perte de production régionale de 44 000 tonnes, soit -0,9% de la production, à l'horizon 2030". Vers 2050, cette baisse serait d'environ 136 000 tonnes, soit -2,7%. Et à partir, de 2080, cette perte serait d’environ 383 000 tonnes, soit -7,7%.

Les fourrages seraient également concernés avec une perte comprise entre 143 000 tonnes à plus de 1,3 million de tonnes entre 2030 et 2100, selon l’évolution du climat et des pratiques. Dans la salle, une agricultrice, déjà éprouvée par les aléas climatiques, a exprimé son regret. Selon elle, les pertes de rendement en France s’expliqueraient aussi par l’interdiction de certains produits et par un manque d’efforts en matière de recherche et d’innovation au service de la filière agricole.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert