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L’intelligence artificielle bouleverse l’emploi

L’irruption de l’intelligence artificielle (IA) bouleverse le monde professionnel, tant dans son organisation que dans la nature des emplois créés, faisant craindre des licenciements dans certains secteurs très exposés à ces technologies. Eclairage.

© Adobe stock.
© Adobe stock.

ChatGPT, Gemini, Dall.E, TextCortex, DeepSeek… Voilà quelques noms d’outils d’intelligence artificielle (IA) très populaires qui peuvent, avec plus ou moins de succès, rédiger une synthèse sur un sujet donné, générer des images à partir d’une description ou remanier un texte. Autant d’outils qui, au-delà du grand public, intéressent les entreprises dans la mesure où l’IA leur permet de transformer très vite des données brutes en informations, puis d’en extraire les ressources les plus pertinentes pour un projet donné, et enfin, de synthétiser les résultats obtenus. Mais, une telle révolution ne va pas sans bouleversement des organisations et de l’emploi.

États-Unis et Chine en tête

Disons-le d’emblée, dans la course à l’IA, les États-Unis et la Chine font la course en tête. Ces deux puissances récupèrent aujourd’hui le fruit de lourds investissements financiers et humains dans ces technologies, qui leur permettent d’imposer leurs modèles d’IA à l’échelle planétaire. L’Union européenne (UE) se retrouve hélas en position de suiveur, même si certaines sociétés, à l’instar du français Mistral AI, développent des outils très performants et prometteurs.

Prenant conscience du retard accumulé, l’UE a décidé en février 2025 de lancer son programme « InvestAI », afin de contribuer entre autres à mobiliser 200 milliards d’euros d’investissements dans l’IA. Et, il y a quelques jours, la Commission européenne a annoncé son « plan d’action pour un continent de l’IA », qui vise à faire de l’Europe un leader mondial de ces technologies. Il s’agit désormais de promouvoir une IA fiable dans des secteurs stratégiques (industrie, santé…), en s’appuyant sur un accès à des données de qualité, une simplification des démarches et des compétences salariales renforcées. Le tout dans l’espoir de redresser la compétitivité de l’UE.

Une innovation porteuse

Il est vrai que l’IA peut grandement contribuer à améliorer l’efficacité des processus productifs en réduisant notamment les délais et les intermédiaires, mais au prix de changements parfois profonds dans l’organisation. Cela débouche aussi sur la création de nouveaux métiers : ingénieur de développement de modèles, programmeur de machine learning, Data labeller et tant d’autres fonctions transversales liées aux questions éthiques, réglementaires et souveraines soulevées par l’IA.

Selon le Jobs AI Barometer 2025 de PwC, qui analyse les offres d’emplois dans le monde, la France avait ainsi publié plus de 166 000 offres liées à l’IA en 2024. Sans surprise, les secteurs très exposés à l’IA, comme les services financiers ou l’édition de logiciels, ont connu d’importants gains de productivité en six ans, qui ont soutenu le chiffre d’affaires de ces entreprises et les rémunérations. Dès lors, l’on imagine sans peine le potentiel de croissance pour l’UE… Pourtant, comparativement aux États-Unis, la productivité de l’emploi est toujours en berne au sein de l’UE, malgré l’essor de l’IA. D’aucuns y voient, à juste titre, une conséquence de la domination des sociétés américaines sur le secteur, nécessitant de ce fait une réponse encore plus ferme de la politique de concurrence européenne pour éviter un pouvoir de marché absolu des États-Unis sur l’IA, comme semble le désirer D.Trump.

Risques et tensions sur certains emplois

La révolution de l’IA pourrait, de prime abord, s’analyser comme un simple processus schumpétérien de « destruction créatrice », i.e. une disparition des secteurs d’activité traditionnels peu productifs au profit de nouveaux secteurs bien plus productifs. Or, avec l’IA, ce sont aussi des emplois productifs et qualifiés qui sont en danger, en particulier dans les secteurs de la finance, de la communication et des technologies.

Selon une étude menée par le cabinet de recrutement LHH auprès de 2 000 cadres dirigeants dans 13 pays, 46 % d’entre eux affirment avoir déjà taillé dans leurs effectifs en raison de l’IA. Le pire est que les salariés concernés n’en ont pas toujours conscience. D’autres études confirment ce phénomène et concluent que les emplois débutants paieront le plus lourd tribut, aggravant ainsi la situation des jeunes sur un marché du travail qui se tend des deux côtés de l’Atlantique, et même en Chine. Quant à Goldman Sachs, elle avait chiffré en 2023 à 300 millions le nombre d’emplois dans le monde susceptibles d’être plus ou moins profondément modifiés, voire supprimés, par l’IA. Le solde des créations et destructions d’emplois n’est donc pas assuré d’être positif, d’autant que les petites entreprises n’ont absolument pas la même assise technologique et financière que les multinationales pour s’adapter à ces nouveaux enjeux.

Une chose est certaine, dans le monde du travail qui émerge, la formation tiendra un rôle très important pour faire évoluer les compétences salariales au rythme des transformations liées à l’IA. Et, en fin de compte, ce seront les célèbres soft skills (imagination, créativité, émotions…) développées par les travailleurs qui feront toute la différence !