La Côte-d’Or met l’Arménie à l’heure de la raclette
L’association des maires ruraux de France et son antenne en Côte d'Or participent à la création d’une laiterie en Arménie. Parmi les partenaires de ce projet, la fromagerie Delin et le groupe Seb. Explications.
Et si la raclette devenait une spécialité arménienne ? Si l’idée semble un peu folle à première vue, elle pourrait bien être réalité dans les prochaines années grâce à la persévérance d’une poignée de personnes. Cette histoire improbable est née de l’imagination de Vanik Berberian, maire de Gargilesse-Dampierre dans l’Indre, alors président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF). Fort de ses origines, l’édile initie la coopération franco-arméniennes qui conduira à l’idée d’une laiterie dans la région du Tavouch. Mais, il est emporté par un cancer avant que le projet ne se concrétise.
Son ami Bruno Bethenod, maire d’Arceau en Côte-d’Or et président de l’AMR 21, prend le relais. "J’avais la volonté de continuer ce que Vanik avait engagé car c’était une noble mission", explique le maire d'Arceau. Pour cela, l'élu peut compter sur Emma Hakobyan, qui vit aux frontières de l’Azerbaïdjan. Véritable relais sur place, elle a la conviction qu’elle peut faire de ce projet une réalité. Le casting de cette aventure ne serait pas complet sans l’implication du fromager Philippe Delin, dont l'entreprise est installée à Gilly-lès-Cîteaux. "Bruno Bethenod m’a sollicité et m’a encouragé à me rendre en Arménie", témoigne-t-il.
Un fromage à raclette made in Arménie

L'aide de l'industriel est précieuse. En effet, Philippe Delin dirige une fromagerie capable de traiter plus de dix millions de litres de lait par an. Et il compte dans ses rangs plusieurs salariés aux origines arméniennes qui l'ont l’encouragé à s’intéresser au projet. "J’ai découvert un pays magnifique mais en retard avec des agriculteurs qui ne savaient pas quoi faire de leur lait", raconte-t-il. Peu à peu, le projet de construction d’une laiterie s’impose aux différents acteurs.
Il faut dire que la région possède les atouts nécessaires. "En Arménie, le fromage sert d’assaisonnement au plat. Le Tavouch, c’est la Franche-Comté de là-bas avec des collines, des montagnes où les troupeaux partent plusieurs semaines dans les alpages et fournissent une bonne qualité de lait", ajoute Bruno Bethenod. La production d’un fromage en pâte pressée non-cuite prend forme. "C’est un fromage de type raclette qui permettrait d’appréhender le marché. Il servirait à stocker le lait pour répondre aux variations de production selon les saisons", résume Bruno Bethenod. Ensuite, la gamme pourra être élargie."
Investir en Arménie
En octobre, Philippe Delin et Bruno Bethenod se sont rendus en Arménie pour créer la société et apporter le capital initial. Plusieurs partenaires ont répondu positivement pour financer les premières étapes du projet. Si la fromagerie Delin reste le principal investisseur, Dijon Métropole a également contribué à cette collecte qui atteint 150 000 euros. "Avec cette somme, nous pourrons lever 500 000 euros en Arménie", calcule Bruno Bethenod. Les fonds serviront non seulement à faire démarrer les travaux de construction de la laiterie mais aussi à créer une étable laitière et un centre de formation.
Philippe Delin prévoit d’apporter également un soutien technique tandis que Dominique Champion, enseignante-chercheuse en physicochimie des aliments et management de la qualité alimentaire à l’institut agro Dijon, apportera aussi ses compétences. En attendant que les premiers fromages sortent des lignes, le groupe industriel Seb, dont les origines se trouvent en Côte-d’Or, a offert 200 appareils à raclette. "Nous en avons offerts à des interlocuteurs stratégiques pour le projet mais nous en donnerons aussi à des restaurants. L’Arménie a les pommes de terre et la charcuterie, il ne manque que le fromage pour faire de la raclette un plat familial arménien", sourit Bruno Bethenod.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert