La Cour des comptes dresse un constat sévère d'"échec" de l'école primaire
Niveau des élèves trop faible, inégalités accrues, semaine de quatre jours: la Cour des comptes a dressé mardi un constat sévère d'"échec" de la politique publique d'enseignement primaire en France et appelé...

Niveau des élèves trop faible, inégalités accrues, semaine de quatre jours: la Cour des comptes a dressé mardi un constat sévère d'"échec" de la politique publique d'enseignement primaire en France et appelé à "repenser le modèle actuel de l'école".
Dans un rapport intitulé "L'enseignement primaire, une organisation en décalage avec les besoins de l'élève", la Cour des comptes part d'un constat: celui d'un "déclin des performances scolaires des élèves, notamment vis-à-vis de nos voisins européens", et ce "en dépit d'une augmentation constante ces dix dernières années de la dépense consacrée à l'école primaire", qui va de la maternelle à la fin du CM2.
Elle se réfère pour cela à des études internationales, telles que l'étude TIMSS de 2024, dans laquelle les élèves de CM1 français sont en queue de peloton de l'Union européenne en maths, où l'étude Pirls de 2023 sur les compétences en lecture et compréhension, qui indique que les compétences des CM1 se sont stabilisées, mais restent là aussi dans le bas du tableau de l'UE.
Au-delà de ce "niveau des élèves inacceptable", la Cour constate "des inégalités qui s'aggravent", qu'ils s'agissent d'inégalités de genre, sociales, ou territoriales.
Pour elle, "ce qui explique en partie ces mauvais résultats (...) c'est une organisation en décalage très net avec les besoins de l’enfant".
"Selon l’Académie nationale de médecine (dans un rapport de 2010, ndlr), l’aménagement du temps scolaire en France n’est pas en cohérence avec les connaissances de la chronobiologie de l’enfant; et cela, à tous les niveaux de l’organisation: journée, semaine ou année scolaire", a indiqué le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici, lors d'une conférence de presse.
Dans le viseur des magistrats financiers: la semaine de quatre jours, qui joue un "rôle néfaste" selon M. Moscovici. "L'extrapolation des données de l’OCDE permet de dégager un modèle dominant, celui d’une semaine scolaire de cinq jours pleins", a-t-il fait valoir.
Après une réforme conflictuelle des rythmes scolaires de 2014, qui avait relevé la semaine à quatre jours et demi, l'ex-ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer avait donné en 2017 aux communes la possibilité de repasser à quatre jours. Une liberté dont s'était déjà emparée 85% des communes à la rentrée 2018.
bien-être des élèves
Ces recommandations interviennent alors qu'Emmanuel Macron, a annoncé début mai une convention citoyenne sur "les temps de l'enfant", qui débutera le 20 juin. Elle abordera les sujets "du périscolaire, du postscolaire, du temps familial, et bien sûr de l’école", selon le président du Conseil économique social et environnemental (Cese), Thierry Beaudet, qui l'organisera.
Au-delà de l'organisation du temps scolaire, la Cour des comptes préconise "une meilleure qualité du service au bénéfice des élèves", en développant notamment l'attractivité du métier enseignant.
Elle propose aussi "la poursuite du rééquilibrage" des dépenses entre les enseignements primaire et secondaire, la France ayant davantage priorisé le second, ou encore de "réformer" la gouvernance et le pilotage des écoles.
"Créer un statut de directeur, ou à défaut généraliser une décharge totale, permettrait de clarifier le positionnement de ce dernier", estime-t-elle. La politique de l'enseignement primaire doit être aussi "mieux concertée avec les collectivités" et "mieux associer la communauté éducative", selon elle.
Au final, il existe une "impérieuse nécessité de repenser le modèle actuel de l'école", juge la Cour des comptes. Selon elle, il faut notamment "centrer les innovations sur le bien-être des élèves", avec une "meilleure mise en cohérence entre activités scolaires, périscolaires et extrascolaires".
"C'est sûr que l'école traverse une crise, que les inégalités sont renforcées actuellement", a réagi auprès de l'AFP Guislaine David, secrétaire générale de la FSU-Snuipp, principal syndicat du primaire.
Mais pour elle, "le rapport ne donne pas forcément les bonnes solutions pour l'école". "Pour améliorer le niveau des élèves, il faut penser formation des enseignants, effectifs par classe", a-t-elle ajouté.
Quant au rythme des enfants, "on ne peut pas en parler en le déconnectant totalement des rythmes des parents" et donc "de la vie des salariés en France", qui conduit certains enfants à "passer énormément de temps à l'école", estime-t-elle.
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