La FNSEA promet une mobilisation à l'automne
Conséquences du changement climatique, épidémies, blocages sociétaux, Mercosur... Les difficultés du monde agricole se multiplient, alerte la FNSEA. La fédération promet une mobilisation de ses adhérents.

« Nous nous mobiliserons cet automne. (…) On ne peut pas expliquer aux agriculteurs qu'il faut attendre 2027 », a prévenu Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles qui regroupe plus de 212 000 adhérents. C'était le 2 septembre, à Paris, lors de la conférence de presse de rentrée de la Fédération à laquelle son président a donné un ton offensif. Évoquant un haut degré « d'agacement et de désespérance » des agriculteurs, Arnaud Rousseau a promis une mobilisation dont la « forme » reste à définir. Le timing : « probablement à la fin de l'automne ». Au delà des impératifs des travaux des champs, il reste en effet à la FNSEA à trouver un espace vacant dans un calendrier de contestations sociales déjà dense.
Après le mouvement « Bloquons tout », du 10 septembre auquel la FNSEA ne s'associe pas, le 18 septembre, l'intersyndicale (UNSA, CFDT, CGT, FO, CGC, CFTC, Solidaires, FSU) a appelé à une journée nationale de grève et manifestations. Mais en attendant, en dépit de l'épée de Damoclès du 8 septembre, pour le gouvernement , la FNSEA a continué de discuter avec Annie Genevard, ministre de l'Agriculture, des priorités budgétaires pour le projet de loi de Finances 2026. Tout en tenant en compte de la nécessité de réaliser des économies, « nous avons des revendications précises », avance le président de la FNSEA. Pour lui, il faut notamment « continuer à investir dans la recherche et l'innovation ». Parmi les priorités figure aussi le maintien et même l'élargissement du dispositif de déduction pour épargne de précaution (DEP), qui est assorti de conditions fiscales favorables. « Il faut continuer (…) quel que soit le ministre », prévient Arnaud Rousseau.
Au delà des enjeux budgétaires, la FNSEA promet la plus grande vigilance sur l'effectivité de l’entrée en application de la réforme des retraites, programmée au 1er janvier 2026. La loi de Financement pour la sécurité sociale (2025) prévoit que le calcul des pensions agricoles pour les non-salariés (chefs d’exploitation, conjoints de collaborateurs) soit réalisé sur les 25 meilleures années. Une question de « justice sociale », pointe Arnaud Rousseau. Et aussi, le résultat de longues années de combat syndical.
Mercosur, loups et pétition
La situation des agriculteurs n'en reste pas moins difficile : depuis 20 ans, la production agricole en France n'a cessé de diminuer d'après les chiffres de l'établissement public France Agrimer, cité par la FNSEA. Et les événements qui sont survenus cet été présentent un condensé des problèmes que connaît la profession. A commencer par les « affres du climat » qui impactent la production agricole, rappelle Arnaud Rousseau évoquant les
30 000 hectares partis en fumée. Aussi, en Savoie, Haute-Savoie et dans l'Ain, une quarantaine d'élevages ont été frappés par l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse : 1 800 bovins abattus. « C'est dramatique de perdre ses animaux », pointe Arnaud Rousseau.
Autre difficulté, la pression des prédateurs, -loups, ours et vautours- s'accroît selon la FNSEA. « Cela nous inquiète. (…) ce n'est pas du tout un sujet anodin », insiste Arnaud Rousseau, évoquant par exemple la population des loups, une espèce qui n'est « plus sous contrôle », selon la Fédération. Dans un autre domaine, Arnaud Rousseau évoque la pétition populaire qui, au nom de l'écologie, a recueilli au mois de juillet plus de 2 millions de signatures contre la loi Duplomb, visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur, texte fortement voulu par la FNSEA.
L'évolution des règles du commerce international constituent un autre sujet majeur d'inquiétude. Déjà, cet été a été marqué par l'entrée en vigueur des taxes américaines sur l'importation des produits agricoles européens. Et cet automne, se joue le sort du projet d'accord de libre échange avec le Mercosur (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay, Uruguay), « Nous ne pouvons pas accepter que soient importés en Europe des produits qui contiennent des substances interdites en Europe depuis des décennies », prévient Arnaud Rousseau. De manière globale, le président de la FNSEA déplore que lorsque logiques diplomatiques et commerciales interfèrent les unes avec les autres, l'agriculture fasse office de « variable d'ajustement », quand les intérêts de l'industrie ou de la tech sont mieux défendus. Par exemple, en mesure de soutien, l'Ukraine a été autorisée par l'UE à y exporter certains produits agricoles – comme les oeufs- non conformes aux normes européennes. Les exportations de blé vers Algérie, un temps massives ? « On ne fait plus rien. (…) C'est une décision politique algérienne », explique Arnaud Rousseau.