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La gauche non-mélenchoniste prépare son chemin vers la présidentielle

La gauche non-mélenchoniste tente dans la douleur de se mettre en ordre de bataille autour d'une candidature commune pour la présidentielle de 2027 et de rattraper son retard...

La dirigeante écologiste Marine Tondelier (g) et l'économiste Lucie Castets, au congrès des Ecologistes, à Pantin, le 26 avril 2025 © Alain JOCARD
La dirigeante écologiste Marine Tondelier (g) et l'économiste Lucie Castets, au congrès des Ecologistes, à Pantin, le 26 avril 2025 © Alain JOCARD

La gauche non-mélenchoniste tente dans la douleur de se mettre en ordre de bataille autour d'une candidature commune pour la présidentielle de 2027 et de rattraper son retard sur le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon.

Le patron du Parti socialiste Olivier Faure, le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier, les députés François Ruffin et Clémentine Autain, se retrouvent mercredi à Bagneux (Hauts-de-Seine) autour de l'ex-candidate du Nouveau Front populaire à Matignon, Lucie Castets, pour "discuter des conditions d'une candidature commune" à la prochaine présidentielle.

Mme Castets avait lancé l'invitation à toute la gauche en avril pour élaborer collectivement "une procédure démocratique et transparente de désignation d'un candidat commun", suggérant parmi d'autres options l'organisation d'une "primaire des gauches la plus large qu'on ait jamais proposée".

C'est "un grand moment de rassemblement, où l'on passe de la parole aux actes", a expliqué mercredi l'ancienne candidate du NFP dans un entretien au quotidien Libération, en espérant en sortir "avec le calendrier le plus précis possible sur la méthode de désignation commune" et "une méthode de travail pour les aspects programmatiques".

Les discussions, dont une partie se fera avec des représentants de la société civile, doivent se dérouler à huis clos.

Cette réunion intervient juste après le congrès du PS, qui a acté la victoire d'Olivier Faure et de sa ligne unitaire allant "de Raphaël Glucksmann à François Ruffin", face à son opposant Nicolas Mayer-Rossignol qui plaidait pour "une affirmation socialiste" pour 2027.  

Avec cette rencontre, "on va formaliser aux yeux du grand public qu'on veut avancer ensemble", explique l'eurodéputé PS Pierre Jouvet, proche d'Olivier Faure.  

Mais sans surprise, l'invitation a été déclinée par le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, déjà lancé dans sa quatrième campagne pour la présidentielle, après avoir effleuré le second tour en 2022.

L'Insoumis, qui peut compter sur un programme bien rodé et des intentions de vote autour de 12-13%, malgré les polémiques récurrentes, est opposé aux primaires, qui selon lui "donnent la primeur à ceux qui clivent le moins et font exploser ceux qui y participent".

Double jeu

Il pense surtout qu'il peut, comme en 2022, rafler le vote utile de gauche: "On a frôlé la qualification à deux reprises. Les sondages nous mettent dans une position de force", remarque le député LFI Paul Vannier.

Ce refus arrange bien les socialistes et les Ecologistes, qui ont à plusieurs reprises indiqué qu'ils ne s'aligneraient pas derrière Jean-Luc Mélenchon, jugé trop clivant pour gagner au second tour même face à l'extrême droite.

Il n'est pas le seul à sécher la réunion: le patron des communistes, Fabien Roussel, a prévenu qu'il ne participerait à une telle réunion que lorsque "la gauche s'engagera d'abord à s'unir aux élections municipales". Et le même de déplorer le "double jeu" de certains partenaires qui "font le choix de s'allier avec LFI pour se présenter contre des maires sortants de gauche", ciblant les Ecologistes sans les nommer.

"Fabien (Roussel) a très envie de se lancer dans la présidentielle, c'est une histoire de fierté communiste, mais les communistes finiront pas nous rejoindre", veut croire Marine Tondelier.

Autre absent remarqué, le leader de Place publique, Raphaël Glucksmann, qui a déjà lancé son "projet pour la France" et argue que ses principes l'empêchent de se rendre à une invitation également faite à LFI.

"Lui et Jean-Luc Mélenchon ont des discours antifascistes très rhétoriques. Mais l'antifascisme, ce n'est pas que de la rhétorique, c'est aussi des actes", tance Marine Tondelier.

Raphaël Glucksmann, autour de 14-15% dans les intentions de vote, considère que la dynamique sondagière créera le vote utile autour de lui, sans passer par la "synthèse molle" d'une primaire.

Les socialistes, partenaires privilégiés de Place publique, pensent pourtant pouvoir faire revenir l'eurodéputé à de meilleurs sentiments. 

Regrettant ces absences, Lucie Castets assure que la porte est "toujours ouverte", persuadée que "les partis ont vraiment conscience que séparés, c'est l'échec assuré".   

"Je préfère qu'il n'y ait que des acteurs de bonne volonté autour de la table, plutôt que des gens qui viennent pour bousiller la réunion" et "jouer sur deux tableaux", rétorque pour sa part le député François Ruffin, déjà candidat à la primaire, comme Clémentine Autain, et persuadé de la gagner.

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