Vincent Lefebvre, président de la communication de l'Ordre des experts-comptables Hauts-de-France
"Nous ne rencontrons pas de difficultés à renouveler la profession"
Fort de plus de 20 ans d'expérience dans l'expertise comptable, Vincent Lefebvre, président de la communication de l'Ordre des experts-comptables Hauts-de-France et parallèlement associé des cabinets Alliance Expert (Paris, Lille, Tourcoing, Dunkerque) revient pour La Gazette sur l'attractivité de la profession, la jeune génération ainsi que la féminisation. Rencontre.

Comment
la profession continue t-elle d'attirer les jeunes générations ?
Quand
on observe les chiffres à l'échelle nationale, on constate une
hausse constante, ça ne stagne pas et ça ne diminue pas. La
profession attire encore beaucoup de jeunes au regard du nombre
d'experts comptables diplômés. Nous n'avons pas de problème à
renouveler la profession d'expertise comptable pure. En revanche, la
grande problématique est d'attirer des collaborateurs au sein des
cabinets afin de réaliser les dossiers, la tenue comptable, etc. Des
missions qui vont être amenées progressivement à disparaître avec
la facture électronique et l'IA mais actuellement il y a une pénurie
de main d'oeuvre à ce niveau là partout en France.
Quels
sont justement les leviers d'attractivité de l'Ordre pour ces
profils ?
Pour éviter que ces personnes se dirigent vers les entreprises plutôt que les cabinets, nous participons chaque année à des tournois de gestion-finance pré et post-bac afin de faire connaître l'Ordre. Et le retour est plutôt bon. Nous organisons également la 3ème édition cette année de «La Nuit qui compte» – en décembre à Amiens et en janvier à Lille – une soirée annuelle festive à destination principalement des étudiants dans la comptabilité. Nous venons à leur rencontre lors de cet événement afin de faire connaître la profession et les attirer.
"Nous avons très bien avancé en termes de féminisation dans la profession"
Quel
regard portez-vous sur la nouvelle génération d'experts-comptables
?
Nous
constatons un changement de mentalité de la part de la nouvelle
génération. Les jeunes n'ont plus forcément envie de vivre des
périodes fiscales difficiles de février à juin. Il y a moins
d'investissement, la mentalité est différente, travailler le soir
devient compliqué. On ne ressent plus vraiment ce sentiment
d'appartenance. Avant on tenait aux cabinets et aux clients fidèles,
aujourd'hui, il est vrai que les jeunes n'ont plus le même rapport
au cabinet.
La
féminisation est-elle toujours un enjeu actuel pour la filière ?
Nous
avons très bien avancé en termes de féminisation dans la
profession qui était très masculine à l'époque. On l'a très bien
vu à l'image d'Agnès
Bricard
et de Cécile de
Saint-Michel, les deux anciennes présidentes de l'Ordre national
mais aussi de Corinne Renart, présidente de l'Ordre en Hauts-de-France.
Aujourd'hui, le métier plaît de plus en plus aux femmes, ce qui est
une excellente chose.
Interprofessionnalité :
les experts-comptables travaillent-ils avec les autres professions ?
C'est compliqué en effet pour nous de rester dans notre coin. Nous travaillons de plus en plus avec les avocats fiscalistes, les notaires et les partenaires de gestion de patrimoine. Les start-up aussi puisqu'elles sont de plus en plus présentes dans le paysage de l'expertise-comptable. C'est un peu la course aujourd'hui à celle qui va proposer la meilleure boîte à outils clé en main pour les cabinets !
