La station d'hydrogène vert à Beauvais change de porteur
C'est Eneralys qui reprend le projet d'un électrolyseur et une station de distribution au cœur de Novaparc à Beauvais. Le point avec Nicolas Mizzi co-fondateur et directeur général d'Eneralys.
Malgré la liquidation de Brhize, filiale d'Araize, son projet d'un électrolyseur et une station de distribution au cœur de Novaparc à Beauvais se poursuit. «Nous avons racheté Brhize l'été dernier» explique Nicolas Mizzi co-fondateur et directeur général d'Eneralys. L'entreprise, créée en 2021 avec Franck Berger, a pour objectif de «mailler le territoire national de sites de production et de distribution d'hydrogène vert au service de la mobilité en ciblant les territoires hors des grandes zones industrielles», détaille le directeur général.
Le projet porté originellement par Brhize répond en tout point aux critères d'Eneralys qui vise la mise en service de «sites de production dit semi-centralisés, c'est-à-dire à caractère industriel, mais de taille moyenne, dix mégawatts par exemple», note Nicolas Mizzi. De plus, il présente une caractéristique intéressante. «Il est lauréat de l'appel à projets écosystèmes territoriaux hydrogène, qui est géré en France par l'Ademe», note le co-fondateur. Une subvention difficile à décrocher.
2,5 mégawatts et une tonne d'hydrogène par jour
Dans ses grandes lignes, le projet reste le même. «La convention avec l'Ademe, que nous venons de signer nous engage à construire, sous trois ans, 2,5 mégawatts d'électrolyse et une capacité de distribution d'une tonne jour», précise Nicolas Mizzi. Par ailleurs, l'aéroport s'engage à décarboner une partie de sa flotte d'autocars Aérobus qui fait la navette entre Beauvais et Paris-Porte Maillot via l'hydrogène. À terme, c'est une dizaine d'aérobus qui devrait rouler à l'hydrogène.
«Si le principal client de la station sera l'aéroport, celle-ci sera aussi naturellement ouverte aux particuliers et aux entreprises», tient à préciser le directeur général. Avec de nombreuses entreprises hébergées dans l'environnement immédiat de la station dont le géant Amazon, «nous espérons bien accompagner la décarbonation d'un certain nombre d'usages sur Novaparc», rebondit-il. Ainsi un agrandissement serait envisageable jusqu' à 5 mégawatts. «Cela représente un seuil intéressant qui permettrait de baisser les coûts de production».
15 millions d'euros
Deux pressions seront proposées : 350 bars en high flow et low flow et 700 bars en high flow. «En 700 bars, il n'y a pas encore d'autorisation pour proposer du high flow ou du dual flow, qui est aujourd'hui à l'étude. Ces deux possibilités diviseraient par deux le temps de charge, ce qui ferait gagner beaucoup de temps sur les cars et les camions», constate Nicolas Mizzi. L'entreprise, qui est le développeur du projet, vise une mise en service dans deux ans. Sur le volet investissement qui s'élève à environ 15 millions d'euros pour 2,5 mégawatts, elle entend réunir des financeurs impliqués dans l'écosystème local.
Malgré un contexte national et international parfois délicat pour le développement de la production hydrogène, Nicolas Mizzi entend rester positif. «L'annonce, cet été, de Stellantis d'arrêter les utilitaires à l'hydrogène a fait beaucoup de mal à la filière», reconnaît-il. Autre difficulté, la longueur des démarches administratives et surtout, des décisions différentes d'une région à l'autre sur le même type de projet. Une situation que comprend le directeur. «Les services de l'État ont une responsabilité forte en termes de sécurité et ils sont extrêmement sollicités sur des procédures complexes», tient-il à rappeler. Mais pas de quoi abattre l'enthousiasme d'Eneralys qui travaille sur d'autres stations notamment dans le Loir-et-Cher, le Finistère et le Gard.