Laonnois : La Via Francigena, un potentiel d'attractivité à développer
C'est un trésor que les quatre communautés de communes du Grand Laonnois ont en commun : la Via Francigena traverse le territoire de Cessières-Suzy à Berry-au-Bac. Elles souhaitent agir pour révéler le potentiel de cet axe touristique en s'appuyant sur l'expertise dans ce domaine de l'Association Européenne de la Via Francigena à laquelle elles viennent d'adhérer.

C'est un potentiel de
développement touristique et d'attractivité qui ne demande qu'à
être développé. La Via Francigena, longue de 3 200 km et reliant
Canterbury (Royaume-Uni) à Santa Maria di Leuca, au sud de l'Italie,
traverse le territoire du Grand Laonnois, sur une distance d'environ
45 km. Elle offre aux pèlerins et marcheurs des paysages préservés,
un patrimoine historique bâti remarquable et des points de vue
panoramiques sur les villages et vallées comme celle de l'Ailette à
Chamouille. Au niveau global, la Via Francigena, labellisée par l'UE
comme itinéraire culturel européen en 1994, a attiré 50 000
visiteurs en 2024 mais ceux-ci sont concentrés en grande partie sur
les tronçons italiens. Et pour cause, l'Italie a mené un important
travail pour les valoriser sous l'égide de l'Association Européenne
de la Via Francigena (AEVF) et travaille également en ce moment à
faire classer ses tronçons au patrimoine mondial de l'humanité de
l'Unesco.
Un tourisme d'itinérance «en plein boom»
«Depuis 20 ou 25 ans, en Italie, des gens ont énormément travaillé avec beaucoup d'intelligence et de sens de l'humain pour faire de la Via Francigena non plus simplement un souvenir historique mais un produit touristique dans le bon sens du terme, explique Valéry Denis, vice-président de l'AEVF, venu à Laon à l'occasion d'une conférence sur ce sujet, vendredi 26 septembre. Ici en France, un travail a été fait avec des moyens modestes, des bénévoles, la fédération de randonnée mais nous avons un retard entre ce qui se passe en Italie et ce qui se passe ici.»
Pour cet élu, maire adjoint de Troyes et
conseiller départemental de l'Aube, territoires également traversés
par l'itinéraire, le tronçon du Laonnois a tout intérêt à être
valorisé. «Le tourisme itinérant est en plein boom, pour diverses
raisons qu'elles soient religieuses ou sportives, les gens ont envie
de marcher et randonner, rappelle-t-il. Et les principaux itinéraires
sont en voie de saturation comme celui des chemins de Saint-Jacques
de Compostelle, une ville où il était arrivé 216 000 personnes en
2015 contre 500 000 l'an dernier. Face à cette espèce de
surtourisme, les marcheurs sont prêt à faire des pas de côté et
découvrir d'autres itinéraires comme la Via Francigena».
Structurer l'accueil des pèlerins et marcheurs
Le Laonnois a donc une carte à jouer dans ce domaine pour attirer des marcheurs qui vont consommer sur place lors de leur séjour. À condition de développer davantage les offres d'hébergement et de restauration tout au long du tracé, afin que pèlerins et marcheurs puissent avoir des lieux où se reposer et où bivouaquer lors de leur venue. Clément Delahoche, qui a testé cet été le tronçon de 45 km entre Reims et Laon, témoigne de manques dans ce domaine : «Un randonneur marche environ 20 km par jour donc il fallait trouver un hébergement à mi-distance et il n'y avait qu'un seul lieu possible, un hôtel à Corbeny qui affichait complet parce que c'était le week-end du 14 juillet, explique-t-il. Le parcours était relativement bien balisé même si certains panneaux avaient été arrachés et que je me suis référé à ma montre connectée et aux données GPS». Il relate aussi la beauté du paysage traversé : l'abbaye de Vauclair, le lac de l'Ailette et la voie verte de l'Ailette, les églises Art Déco...
Conscientes qu'elles doivent mener un travail de structuration de l'accueil des pèlerins et marcheurs et d'entretien du tronçon, l'agglomération du Pays de Laon, le Pays de la Serre, la Champagne picarde et la communauté de communes du Chemin des Dames, ont décidé d'adhérer à l'AEVF. «Il y a une formidable opportunité pour le territoire en terme de potentiel touristique et l'association AEVF a un savoir-faire en matière de valorisation de ces chemins», appuie Valéry Denis. Il estime qu'en quelques années, le territoire peut rattraper son retard. Il pourra aussi faire appel, pour l'aider, à des subventions européennes du fait du classement de la Via Francigena comme itinéraire culturel européen.