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Le classement des villes les plus « cyclables »

Dévoilés le 18 septembre, les résultats du Baromètre vélo, une vaste enquête auprès des usagers, montrent une progression des grandes villes et des villes moyennes, tandis qu’il est moins confortable de pédaler à la campagne. Grenoble, Strasbourg et Rennes demeurent les villes les mieux classées.

Cyclistes à Annecy qui figure au top 10 dix des grandes villes où il fait bon pédaler. (c) Olivier RAZEMON.
Cyclistes à Annecy qui figure au top 10 dix des grandes villes où il fait bon pédaler. (c) Olivier RAZEMON.

Est-il facile et agréable de se déplacer à vélo en France ? Le Baromètre vélo (barometre-velo.fr) dévoilé le 18 septembre au cours d’une cérémonie de remise des trophées organisée sur une péniche amarrée à un quai du Rhône, à Lyon, fournit la réponse à cette question pour plus de 2 600 communes. La quatrième édition de l’enquête menée par la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), qui rassemble 590 associations locales, a récolté, entre février et juin, 334 000 contributions émanant pour la plupart d’usagers du vélo, 100 000 de plus que la précédente consultation, en 2021. Les participants devaient répondre à 26 questions sur l’usage, les aménagements, la communication ou les services tels que le stationnement ou la location.

En fonction de ces critères, chaque commune où ont été enregistrées un nombre suffisant de réponses a reçu une note, de 0 à 6, et une étiquette colorée, de A+ à G, calquée sur le nuancier du diagnostic de performance énergétique (DPE) des logements. Les résultats permettent à la fois un classement des villes les plus « cyclables » pour diverses catégories, des grandes villes aux bourgades, et une comparaison avec les éditions précédentes. Par rapport à 2021, le podium des grandes villes, comptant plus de 100 000 habitants, reste inchangé : Grenoble (A), Strasbourg (B) et Rennes (B). Cela fait plusieurs décennies que ces trois villes aménagent la voirie et l’espace public afin l’inciter leurs administrés à pédaler. « Investir dans le vélo, c’est réduire, à terme, les dépenses de santé », affirme le maire écologiste de Grenoble, Éric Piolle, alors qu’il reçoit, pour sa ville, le prix de « capitale du vélo ».

La ville de Lyon (B), où de nombreux travaux d’aménagement ont été entrepris depuis 2020 par la métropole, frôle la troisième place, avec une note qui progresse de 15%. Annecy, Nantes ou Caen, notées C, figurent également parmi les dix premières grandes villes, mais pas Lille (C) ; ni Paris (C), où la municipalité dirigée par Anne Hidalgo (PS) n’a pourtant pas lésiné sur les efforts, au point de s’attirer des critiques récurrentes. Comme si les Parisiens, qui vivent dans un environnement dense où le moindre déplacement implique de trouver sa place sur la voirie, n’étaient jamais contents…

Les comparaisons régionales montrent, comme lors des précédentes éditions, qu’il est plus aisé de pédaler sur la côte Atlantique et en Auvergne-Rhône-Alpes que dans les Hauts-de-France ou, surtout, en Provence-Alpes-Côte-d’Azur.

Des villes moyennes très volontaires

La FUB souligne par ailleurs la progression des notes données par les usagers aux villes moyennes, +8% en moyenne. « Notre ville compte 45 000 habitants la nuit, mais 100 000 le jour », souligne Isabelle Maistre, adjointe au maire socialiste de Bourg-en-Bresse (A), pour expliquer le choix de fluidifier les déplacements grâce au vélo. « Nous avons commencé par le plus facile, les petites rues, les quartiers résidentiels, avant de nous attaquer aux grands axes et de proposer un service de location », poursuit-elle.

Thomas Peignard, directeur des mobilités d’Epinal (B), expliquait, deux jours avant le dévoilement des résultats, comment l’agglomération cherchait à requalifier certains axes routiers en itinéraires cyclables, plutôt que d’aménager des pistes cyclables le long de chaque axe.

Dans les villes de banlieue, à proximité des métropoles comme des villes moyennes, la pratique du vélo devient également plus agréable, si on se fie aux usagers. Dans cette catégorie, les villes les mieux notées ne sont pas situées, à l’exception d’une seule, en région parisienne, mais autour de Chambéry (Le Bourget du lac, A+) ou de Bordeaux (Saint-Aubin de Médoc, A+). « 70% des travaux, hors maintenance, sont affectés aux aménagements cyclables, soit 7 millions d’euros par an », explique Christophe Duprat, maire (divers droite) de cette commune de 7 700 habitants, qui a pris soin de « relier les écoles maternelles et le collège » par des pistes sécurisées. A rebours de la France urbaine, les communes rurales connaissent une régression. « La catégorie des bourgs et villages est la seule à connaître une baisse », souligne la FUB. La sécurité des déplacements y constitue une préoccupation majeure.

L’implication des pouvoirs publics a « un impact concret », et entraîne « des changements visibles », indique la fédération. Les participants au Baromètre vélo étaient invités à indiquer, sur un plan de leur commune, les axes ou carrefours où l’usage de la bicyclette est devenu plus confortable ces dernières années, ainsi que les points dangereux qui subsistent. Or, cette « cartographie participative » révèle que les aménagements financés par l’Etat sont particulièrement appréciés des usagers. « Les avis positifs » des répondants y « sont trois fois plus nombreux ». La réussite de ces aménagements s’explique, selon la FUB, par le fait que l’Etat choisit des axes stratégiques, qu’un cahier des charges doit être respecté et que les normes techniques sont plus strictes.

Ce constat prouve, selon la FUB, la pertinence du Plan vélo, un programme doté de 250 millions d’euros par an entre 2018 et 2023. En 2024, le Plan vélo avait été supprimé par le gouvernement Attal, avant que le budget finalement adopté en janvier ne réintègre une enveloppe de 50 millions d’euros. En mars dernier, le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, alors ministre des Armées, avait estimé qu’il valait mieux financer « des frégates » que le Plan vélo.