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Le Havre électrifie les quais de son terminal croisières

Ce jeudi 30 octobre, le premier branchement électrique d’un navire de croisière a été réalisé sur le quai Pierre Callet, marquant une étape décisive vers des escales "zéro émission" sur la Pointe de Floride au Havre.

Lors du geste inaugural : Edouard Philippe (Le Havre Seine Métropole), Emmanuèle Perron (Haropa Port), Erminio Eschena (MSC France) et Benoît Rochet (Haropa Port). © Aletheia Press / B.Delabre
Lors du geste inaugural : Edouard Philippe (Le Havre Seine Métropole), Emmanuèle Perron (Haropa Port), Erminio Eschena (MSC France) et Benoît Rochet (Haropa Port). © Aletheia Press / B.Delabre

Et la lumière fut… Ce jeudi 30 octobre, MSC Poesia s'est connecté au réseau électrique terrestre depuis le quai Pierre Callet au Havre. Un geste qui semble anodin, mais qui est le fruit d'un chantier de longue haleine : celui de l'électrification des quais. L'idée nait en 2018 avec l'objectif de faire du terminal havrais une escale sans fumée. C’est-à-dire permettre aux bateaux de ne pas déclencher leurs groupes électrogènes pour assurer leurs importants besoins en électricité lors des escales (environ 5 MW en continu) et ainsi économiser l'émission de plusieurs tonnes de dioxyde de carbone par jour.

© Aletheia Press / B.Delabre

Un objectif qui répond à des enjeux écologiques, et à une directive européenne qui oblige les grands ports de l'Union à s'équiper avant le 1er janvier 2030… Mais cela répond aussi aux attentes des armateurs. «60 % de notre flotte est déjà équipée pour ces branchements à quai, témoigne Erminio Eschena, directeur des affaires publiques chez MSC France. Nous attendions avec impatience que les ports puissent nous permettre de le faire». Le Havre est donc parmi les premiers à le permettre avec son projet Renaq (Raccordement électrique des navires à quai).

32 millions d'euros d'investissement

L'investissement est de taille : 32 millions d'euros pour électrifier d'ici fin 2026, le quai Pierre Callet d'abord, puis les quais Roger Meunier et Joannes Couvert. Un budget bouclé grâce à près de 20 millions d'euros d'aides de l'État. Si la note est si salée, c'est que ce raccordement n'est techniquement pas si simple qu'on pourrait le croire. Il a fallu acheminer l'électricité haute-tension jusqu'à la pointe de Floride, puis transformer le courant entrant (20 000 volts / 50 hertz) aux besoins des navires (6 600 ou 11 000 volts / 50 ou 60 hertz). «Cela nécessite une installation électrique très complexe», précise Hervé Géraud, chargé de mission chez Haropa Port. Celle-ci a été développée par Actemium, et installée dans l'ex-hangar 13 de la pointe de Floride.

Porté par un véhicule, le bras articulé "envoie" le câble de branchement dans la trappe dédiée du navire. © Aletheia Press / B.Delabre

Depuis cette installation, des câbles sont envoyés vers les quais. Un véhicule spécialement conçu, faisant l'intermédiaire entre la borne de quai et le bateau, envoie ensuite la prise vers le navire, via un bras articulé. À terme, l’alimentation électrique des trois quais évitera l’émission de 15 000 à 20 000 tonnes de dioxyde de carbone par an. «C'est le levier que l'on peut actionner le plus facilement sur cette question», a assuré Benoît Rochet, directeur général de Haropa Port.

Un nouveau terminal pour doper l'activité

Cet investissement marque aussi la volonté du Havre, port et communauté urbaine confondus, de miser sur les croisières et le tourisme. «Nous allons accueillir plus 400 000 croisiéristes en 2025, mais notre objectif est d'atteindre le chiffre de 600 000 à l'horizon 2030, a rappelé Edouard Philippe, président de la communauté urbaine Le Havre Seine Métropole. Cela exige qu'on puisse accueillir les voyageurs dans de bonnes conditions». Outre l'électrification des quais, la pointe de Floride est d'ailleurs en pleine mutation. Un terminal tout neuf sort de terre, et il sera bientôt jouxté par une grande zone d'espaces verts. Pour l'exploitation, Haropa Port a aussi investi près de 30 (autres) millions d'euros dans la modernisation des quais et des terre-pleins notamment à travers l'achat et l'installation de grues pour la mise en place des passerelles.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre