Le médiateur, tiers de confiance dans l'entreprise

Que faire en cas de conflit avec l'un ou l'une de ses salarié(e)s ? Comment éviter que la situation ne dérape ? La médiation, ce processus neutre et confidentiel, encore trop méconnu en France, est un des outils pour aider au dialogue et désamorcer les situations. En métropole lilloise, Jean Loriferne, fort de son expérience dans les ressources humaines en entreprise, a créé Haritz Médiation pour intervenir dans des situations conflictuelles.

Jean Loriferne a créé Haritz Médiation il y a un an. © Lena Heleta
Jean Loriferne a créé Haritz Médiation il y a un an. © Lena Heleta

«Quand on nous appellera en prévention, c'est que le métier de médiateur sera connu !». Jean Loriferne, doublement diplômé d'une formation en médiation, a mis du temps avant de se lancer. Tombé «par hasard» dans les ressources humaines, il a effectué une majorité de sa carrière professionnelle dans des cabinets de management. Il participera notamment à l'implantation d'une entreprise d'assurance à Lille de 200 collaborateurs et à la structuration des équipes mais aussi à la réorganisation post-Covid. Il l'avoue : «ce qui me plaisait dans mon job, c'étaient les situations compliquées ! Et j'ai fini par me dire que je n'étais pas trop mauvais dans la compréhension des besoins», sourit-il.

Un long processus de réflexion germe et Jean Loriferne décide de se rapprocher de l'Ifomène, l'Institut de Formation à la Médiation et à la Négociation, à Paris, pour y obtenir deux diplômes universitaires. Ce leader forme près de 300 médiateurs chaque année en France, sur un postulat : «Quand le dialogue direct est à la fois nécessaire et difficile, le concours d'un tiers indépendant, neutre et confidentiel... et formé, se révèle précieux». Une révélation pour Jean Loriferne : «Dès le premier module j'ai su que j'allais créer une entreprise !». En mai 2024, il crée donc Haritz Médiation – «haritz» signifiant le chêne en basque. Très répandue dans les pays anglo-saxons, la médiation reste timide en France, souffrant d'une frontière un peu poreuse avec le coaching.

En lien avec les professions du chiffre et du droit

«Je propose mes services de médiateur inter ou intra entreprises. La médiation consiste à travailler sur la relation et non pas sur le conflit en lui-même» explique-t-il, ayant fait du management et des médiations d'équipes ses spécialités. Si la médiation ne peut en aucun cas être imposée, elle repose sur des principes fondateurs : la confidentialité, la neutralité, la liberté et le «par et le pour». «Je suis là pour aider les parties à dialoguer et non pas pour leur dire ce qu'elles doivent faire». A la clé, le désamorçage de situations conflictuelles : cela peut être des collaborateurs qui ne s'entendent plus, qui ne veulent plus revenir après un arrêt maladie... «Quand le collaborateur est écouté, cela lui permet de rebondir plus facilement. Il faut tout de même préciser : la médiation ne remplace pas du tout une procédure judiciaire, elle peut être complémentaire». Pour mieux faire connaître les bienfaits de la médiation, Jean Loriferne développe un réseau d'apporteurs d'affaires à travers les experts-comptables, les avocats, les notaires... forts de leur empreinte dans l'entreprise et de leur rôle de conseil auprès du dirigeant.

Prochaine étape pour Jean Loriferne : l'obtention, près de la Cour d'appel de Douai, de son agrément en tant que médiateur judiciaire, afin de pouvoir intervenir en chambre sociale, mais aussi au civil et dans les tribunaux de commerce. A la différence de la médiation conventionnelle, initiée par les parties elles-mêmes, la médiation judiciaire intervient lorsque les parties ont décidé de porter leur litige devant un juge. «C'est différent d'une conciliation car je ne juge pas en droit et je ne donne pas mon avis. Je travaille sur la relation entre les gens ; en fait c'est un peu la partie immergée de l'iceberg !»

Gérer l'humain

«La médiation n'est pas un énième consultant RH. Quelle que soit la taille de l'entreprise, il y a toujours de l'humain à gérer. Et les relations, post-Covid, ont changé : les gens se voient moins, la visio laisse place à l'interprétation... Le point de départ de mes dossiers, c'est de l'incompréhension, et des présupposés qui deviennent des certitudes. Les médiateurs sont là pour travailler sur les croyances et nommer les émotions». Étroitement lié aux ressources humaines, la médiation se positionne comme un tiers de confiance entre les besoins de chacun, indispensable à la gestion amiable des conflits.