Energie
Le projet Ep’HyNE en phase de concertation
La concertation préalable du vaste projet Ep’HyNE (Épinal Hydrogène et Nouvelles Énergies), porté par l’énergéticien Verso Energy sur l’écoparc de Chavelot, vient d’être lancée. Elle s’achèvera à la fin juin. Ce site de production de carburant durable à base de CO2 biogénique, en provenance du papetier Norske Skog et de la cogénération biomasse de Green Valley Energy, pour le secteur de l’aviation pourrait être opérationnel en 2030. Si tout se passe normalement, le chantier devrait débuter en 2027. Investissement annoncé : 1,4 milliard d’euros.

C'est «The» projet industriel du moment, voire l’un des plus importants depuis longtemps dans le département des Vosges et l’agglomération d’Épinal. Nom de code : Ep’HyNE pour Épinal Hydrogène et Nouvelles énergies visant à la production de carburant durable à base de CO2 biogénique pour le secteur de l’aviation à l’horizon 2030.
Aux commandes, l’énergéticien Verso Energy spécialisé dans le développement, le financement et l’exploitation d’actifs de production d’énergie décarbonée. 1,4 milliard d’euros d’investissement sont annoncés pour la construction d’une unité de capture de CO2 et d’un site de production de carburant durable sur une emprise foncière de 21,5 hectares sur l’écoparc de Chavelot au cœur de la Green Valley vosgienne. 800 personnes devraient travailler sur ce vaste chantier avec des pics à 1 400.
À terme, 250 emplois directs ou indirects sont annoncés. Pour le moment, tout cela est sur le papier, «nous n’en sommes qu’aux prémices et un important chemin demeure à faire», assure Antoine Huard, le directeur général et cofondateur de Verso Energy à l’occasion de l’ouverture, début avril au siège de la Communauté d’agglomération d’Épinal de la concertation préalable du projet sous la Commission nationale du débat public (CNDP).
Cette concertation dure jusqu’au 22 juin. Quatre réunions publiques et trois rencontres de proximité sont programmées (tous les détails sur le www.concertation-ephyne.eu). Les documents de concertation (dépliants de synthèse du projet) sont également mis à disposition du public dans les mairies des communes concernées (Chavelot, Dogneville, Domèvre-sur-Avière, Épinal, Golbey, Thaon-les-Vosges et Uxegney). À l’issue de la concertation préalable, les garants de la CNDP, Rémy Couchon et Désiré Heinimann, rédigeront un bilan dans lequel ils consigneront les avis et arguments exprimés.

© Emmanuel Varrier. La concertation préalable au projet a été ouverte début avril à la Communauté d’agglomération d’Épinal. Elle durera jusqu’au 22 juin.
Écosystème énergétique
Le bilan sera alors rendu public et joint au dossier d’enquête publique. Elle devrait intervenir l’année prochaine ainsi que l’obtention des permis de construire. Les premiers coups de pioche pourraient être donnés en 2027 et le chantier s’étalera sur trois ans.
La mise en service est prévue, si tout se passe selon le calendrier présenté, en 2030. Fer de lance de ce futur site industriel : le CO2 biogénique. Du CO2 non issu d’énergie fossile. Ce CO2 biogénique sera capté sur le site de Golbey du papetier Norske Skog et de la cogénération biomasse de Green Valley Energy (GNV). 300 000 tonnes de CO2 biogénique, rejetées dans l’atmosphère dans le cadre du processus industriel de ces deux structures, seront captées et valorisées.
«Ce projet présente le double intérêt de capter les émissions résiduelles de la combustion de GNV en les valorisant, ce qui contribuera à terme à générer des revenus additionnels pour GNV», assure Philippe Pascal, le président de GVE. «En capturant et en réutilisant environ 300 000 tonnes de CO2 par an, ce projet est complètement aligné avec nos projets R&D où les ressources locales deviennent des leviers d’innovation et transition écologique», explique Yves Bailly, président de Norske Skog Golbey.
Additionné à de l’hydrogène renouvelable et bas carbone, il permettra de produire jusqu’à 81 000 tonnes de carburant synthétique, dénommé e-SAF (électro-carburant d’aviation durable) par an. L’alimentation en eau (100 m3/h) proviendra de l’utilisation de l’eau rejetée par Norske Skog et d’un captage dans une gravière présente sur son site. RTE (Réseau de transport d’électricité) fournira la puissance électrique nécessaire (450 MW) via la construction annoncée d’une ligne aérienne de 400 000 volts depuis un nouveau poste électrique. C’est tout un écosystème énergétique, version économie circulaire, qui prend forme. Une solution globale pour répondre aux enjeux forts du secteur du transport aérien.
«Le règlement européen ReFuel EU Aviation introduit des objectifs de décarbonation du secteur de l’aviation avec l’incorporation de ces typologies de carburants», assure Victor Levy Frebault, directeur du développement chez Verso Energy. Un marché conséquent en vue où l’énergéticien se positionne fortement. En 2030, l’aviation devra utiliser 1,2 % de carburant de synthèse de type e-SAF et 6 % de type SAF (biocarburant mélangé au kérosène). À l’horizon 2050, les proportions devraient passer respectivement de 35 % et 70 %. Un marché certain où les Vosges semblent avoir un coup d’avance !