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BTP

BTP en Meuse : «le secteur souffre»

À l'heure où les annonces du Gouvernement inquiètent le secteur du bâtiment, en plein doute, rencontre avec Mickaël Laurent, le président de la Fédération du bâtiment et des travaux publics (BTP) de la Meuse.

© Fédération BTP Meuse. «En Meuse, c’est la rénovation qui booste le marché et pas le neuf», confie Mickaël Laurent, le président de la Fédération du BTP Meuse.
© Fédération BTP Meuse. «En Meuse, c’est la rénovation qui booste le marché et pas le neuf», confie Mickaël Laurent, le président de la Fédération du BTP Meuse.

Quel regard portez-vous sur les dernières décisions du Gouvernement votées par le Parlement concernant le gel de la filière photovoltaïque ou encore Ma PrimeRénov ?

Dès le départ, on ne nous a pas envoyé de bons signaux. Les chiffres importants n’étaient que des effets d’annonce. On a vite compris que les pouvoirs publics n’étaient pas en mesure de répondre aux demandes pour des questions de fonctionnement. Le traitement des dossiers prenait d’ailleurs plusieurs mois. Face à cette situation, je suis pessimiste pour l’avenir. Il faut certes des moyens, mais l’organisation est centrale. Si l’État met en avant des fraudes et des dysfonctionnements pour expliquer le gel, nous, nous avons joué le jeu en nous formant, en formant nos salariés, mais pour quel résultat ? Nous sommes finalement tous punis. Je suis également pessimiste car nos clients ne vont pas attendre des mois pour enclencher des travaux alors qu’ils ne sont pas certains de bénéficier de subventions. Les particuliers ne vont pas avoir les moyens de leur ambition en termes de rénovation. Or, en Meuse, c’est la rénovation qui booste le marché et pas le neuf. Nous nous rapprochons des élections municipales puis nationales ce sont toujours des périodes où les marchés et les projets sont mis entre parenthèses.

Dans quel état de santé se trouvent les entreprises meusiennes ?

Nos entreprises sont obligées d’aller de plus en plus loin pour chercher de nouveaux marchés dans d’autres départements, car nous n’avons plus de chantiers majeurs localement. Toutes les collectivités ont revu leurs projets à la baisse. Certaines entreprises font la majorité de leur chiffre d’affaires en dehors de la Meuse, le nombre de kilomètres augmente pour aller sur les chantiers tous les matins, quand d’autres font le choix de partir toute la semaine pour décrocher des affaires. Entre le Covid, les conflits internationaux, le coût des matériaux, l’inflation, nous avons continué à nous adapter, à être résilients. On a augmenté les salaires, on a proposé des compensations avec des mises à disposition de véhicules… autant de décisions qui ont un impact aujourd’hui sur nos marges. La filière souffre.

Face à certaines annonces comme Daimler qui va créer des centaines d’emplois sur le bassin d’emploi de Ligny-en-Barrois, craignez-vous des conséquences sur le recrutement ?

C’est déjà compliqué depuis plusieurs années sachant que les jeunes qui partent se former ailleurs ne reviennent pas ensuite travailler en Meuse. On a un problème de mobilité dans le département mais aussi un manque criant de logements pour accueillir de nouveaux salariés. Tous les ans, tous métiers confondus, il nous manque une centaine d’apprentis sur l’ensemble du territoire. Au-delà de ces éléments, nous n’avons pas de candidats avec un taux de chômage bas.

Quels sont vos prochains rendez-vous ?

On va essayer de former et s’adapter autour du sujet de la REP (responsabilité élargie du producteur). On a énormément d’entreprises à bout de souffle économiquement sur le fil du rasoir, même des entreprises de renom et bien installées que nous devons accompagner. Je crains qu'elles ne soient menacées. On voit de plus en plus de souffrances et de défaillances. On recense de plus en plus de demandes de nos adhérents de besoins d’accompagnement dans le juridique, le social, le droit des marchés. On fait essentiellement du juridique et pas du technique, c'est un indicateur qu’il ne faut pas ignorer et à prendre en compte et qui révèle une conjoncture dégradée.