Le Touquet : L’aviation régionale prend son envol vers la décarbonation
Le 4 juin, l’aéroport du Touquet a accueilli un événement d’envergure : la rencontre annuelle des aéroports français et francophones, organisée par l’Union des Aéroports Français (UAF). Pendant deux jours, plus de 700 professionnels ont échangé sur les défis de l’aviation de demain.

Pollution, bruit, nuisances... L’image de l’aérien reste souvent associée à des impacts environnementaux forts. Pourtant, les choses changent. «Les acteurs de l’aviation se sont mis en ordre de marche afin de trouver des solutions pour émettre moins de carbone. Mais cela prend du temps, il faut réaliser de nombreuses recherches. C’est pourquoi il est important que nous nous rencontrions afin de partager nos savoirs», introduit Thomas Juin, président de l’UAF.
Les participants ont planché sur des thèmes comme l’électrification, les nouvelles motorisations ou encore les enjeux d’aménagement du territoire. Car l’aviation régionale joue un rôle clé dans le désenclavement et la vitalité économique de nombreuses zones rurales, à l’image de l’aéroport du Touquet.
Le Touquet mise sur l’aviation verte
En effet, le choix d'y tenir cet événement n’était pas anodin. Pour Daniel Fasquelle, maire de la commune, l’aéroport est un levier stratégique pour l’avenir : «C’est un atout pour le tourisme d’affaires, l’événementiel, la maintenance et la formation». Il a évoqué également son souhait d’ouvrir des lignes régulières vers le Royaume-Uni, mais avec une exigence forte : ne pas ajouter de nuisances. Une ambition qui s’inscrit pleinement dans la dynamique de l’aviation bas carbone.
L’UAF a présenté trois entreprises françaises pionnières dans la décarbonation de l’aviation : Ascendance, Aura Aero et Green Aerolease. Toutes développent des solutions adaptées à l’aviation régionale, là où l’innovation peut rapidement faire ses preuves. Chez Ascendance, Xavier Burgat défend une approche réaliste : «Les technologies 100% électriques ou hydrogène ne sont pas encore prêtes pour les longs vols. L’hybride est, pour l’instant, la meilleure solution». L’entreprise a conçu un avion à décollage vertical destiné à remplacer certains hélicoptères, et travaille aussi sur le retrofit d’appareils existants. Résultat : jusqu’à 45% de carburant en moins, avec un moteur qui se recharge en vol.
L’aviation régionale, terrain d’innovation
Aura Aero, de son côté, se positionne comme un constructeur nouvelle génération. Elle commercialise déjà des avions biplaces 100% électriques pour la formation et prépare l’arrivée de l’EREA, un avion hybride de 19 places pour 2028. «Il sera très silencieux, avec des coûts d’exploitation divisés par deux et une réduction de 80% des émissions de CO₂», assure Antoine Toulemont. Pour lui, l’avenir du secteur repose sur «l’électrique, les carburants alternatifs et les nouvelles motorisations».
Green Aerolease, enfin, propose une flotte de 40 avions bas carbone, déjà utilisés dans sept pays européens. Leur modèle repose sur la location, facilitant l’accès à une aviation plus propre pour les acteurs régionaux. Une solution qui séduit Daniel Fasquelle : «Cela ouvre de vraies perspectives. C’est bon pour l’environnement, et cela crée de l’activité économique sans nuisance supplémentaire». Ces trois entreprises sont la preuve que l’aviation de proximité semble être le laboratoire idéal pour expérimenter et déployer des innovations concrètes. Et Le Touquet, par sa position, son aéroport et ses ambitions, entend bien participer activement à ce nouvel élan.