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Au Tréport, la librairie-café Les Bucoliques redonne vie à une salle paroissiale

Depuis le 25 novembre, l’ancienne salle paroissiale de la ville revit. Léopoldine Raynal a restauré les lieux avec soins pour les transformer en librairie-café. C’est la seule de la commune. 

Les Bucoliques ont ouvert fin novembre. ©I.Boidanghein
Les Bucoliques ont ouvert fin novembre. ©I.Boidanghein

Aménager une librairie de 150 m2 dans une salle paroissiale abandonnée depuis trente ans, un projet osé mais réfléchit par Léopoldine Raynal. Dès 2017, cette libraire, qui était salariée à Paris, et son mari, producteur dans le cinéma d’animation, sont tombés amoureux du Tréport un week-end pluvieux de janvier. Ils ont acheté une résidence secondaire dans la ville voisine de Mers-les-Bains. Au moment de la pandémie, elle est devenue leur résidence principale.

Elle devait être rasée

Une fois sur place et devenus parents, ils ont commencé à chercher un nouveau cocon. Léopoldine, elle, avait envie d’avoir sa propre librairie depuis plusieurs années. C’est en visitant un bien voisin accompagnés par un agent immobilier qu’ils ont découvert cette salle paroissiale : «Un promoteur devait la détruire pour aménager un parking et construire des logements, raconte Léopoldine Raynal, confortablement installée dans un canapé bois et tissu vintage posé dans la librairie. Grâce à l’agent immobilier, nous avons pu entrer en contact avec lui et lui faire une proposition. Nous sommes arrivés au bon moment. Aujourd’hui, les gens de la commune nous remercie de l’avoir sauvée».

Le bâtiment a retrouvé toute sa superbe. ©I.Boidanghein

Après deux ans de travaux, Les Bucoliques ont ouvert le 25 novembre dernier (du mercredi au dimanche de 10 heures à 12 h 30 et de 14 heures à 19 heures). Cela comble un manque dans la commune de 4 500 habitants qui ne possédait plus de librairie, ni de maison de la presse depuis plusieurs années. Pour faire leurs achats, les clients devaient se rendre dans l’espace culturel d’une enseigne de la grande distribution à Etalondes, située à quelques kilomètres.

«Notre offre et notre ambiance sont différentes, présente t-elle. Seules, les bibliothèques blanches sont neuves. Le mobilier, comme par exemple le grand bar en bois, devenu caisse et présentoir, ainsi que les éclairages, viennent d’une brocante de la région de Lille. Nous voulions créer une atmosphère chaleureuse avec notamment du parquet au sol. Nous avons aménagé un espace café avec vue sur mer proposant des boissons chaudes et froides. Un lit cabane a été construit pour que les enfants se sentent bien. Quand il fera beau, les clients pourront prendre du temps sur la terrasse et dans le jardin».

Proposés sous forme thématiques

Les ouvrages (environ 6 000 références au total) sont proposés sous thématiques : littérature française et étrangère, bande dessinée, mangas, romance, livres d’occasion, bien-être, cuisine, beaux-arts, policier, science fiction… Leur disposition dans des bibliothèques ou sur des tables est une invitation idéale à la découverte et à de longues minutes de flânerie. Un post-it rose en forme de coeur portant le prénom de Léa Longhi, sa salariée, d’Emmanuel-Alain, son mari ou le sien posé sur certains livres concrétise leurs coups de cœur littéraires comme avec Mes battements d’Albin de la Simone ou Confidences d’un été de Susan Fletcher : «C’est trop difficile de rédiger une fiche, reconnait Léopoldine Raynal. Si les clients veulent en savoir plus, ils viennent en parler avec nous».

Des concerts ou des cours de catéchisme étaient autrefois donnés. ©I.Boidanghein

Le rayon qui a le plus de succès est voyage et régionalisme, avec notamment des publications sur Le Tréport ou la mer : «Mon ambition est de proposer un éventail important de genre et de maisons d’édition. Je fais assez peu de commandes, ce qui prouve que les lecteurs trouvent leur bonheur. Nous espérons faire entrer les jeunes dans la librairie afin qu’ils soient moins sur les écrans», souligne t-elle.

Expositions, méditation, animations…

En parallèle, Léopoldine Raynal profite du lieu atypique très lumineux avec ses 5 mètres sous plafond pour proposer des expositions. C’est ainsi que l’on peut découvrir des céramiques (vaisselle, animaux…) de Kika, originaire d’Arrest dans la Somme ou les photographies sur bois de Lumière sensible, artiste basée à Eu. Un piano a demi queue a été installé. Il vient d’être inauguré par le auteur-compositeur-interprète, musicien et dessinateur français, Albin de la Simone, natif d’Amiens, venu en dédicaces pour son roman. Le 3 janvier, une lecture de poèmes se déroulera à partir de 11 heures. Prochainement, les mercredis et samedis, des ateliers (dessin peinture…) seront programmés. Léa Longhi, ancienne professeure de yoga et correctrice dans l’édition proposera bientôt des séances de méditation qui dureront une demi heure.

Alors que nous nous apprêtons à partir le maitre des lieux, Virgile, un beau chat gris revient de sa balade. Il est rentré dans la librairie grâce à une cliente, toute étonnée et qui s’en excuse presque. Il se frôle aux jambes comme s’il disait bonjour : «C’était un chat sauvage. Il était là avant même que nous achetions. Nous vivons au dessus. Nous l’avons fait stériliser et désormais, il dort au chaud chez nous la nuit», raconte dans un grand sourire Léopoldine Raynal. Il porte le nom du poète. Virgile, auteur d’un recueil de poèmes qu’il a appelé Les Bucoliques. En repartant, nous sommes certains d’une chose, ce lieu est unique !